Thématique citations : La solitude
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La solitude
La solitude possède cette ambivalence de pouvoir aussi bien être souhaitée que subie.
Pour l'être sociable elle demeure une souffrance si elle se prolonge, mais la société apporte elle aussi son lot de peines, Etienne Pivert de Senancour disait ainsi: Heureux celui qui ne vit pas seul, et qui n'a pas à gémir de ne point vivre seul.
Pour le penseur, concentré sur son esprit, ou pour celui fatigué des errements de la société, elle est une amie toujours fidèle, Camus disait ainsi : La tragédie n'est pas qu'on soit seul, mais qu'on ne puisse l'être.
Enfin, le pessimiste, quand à lui, ne fait pas ce genre de distinctions, il sait intrinsèquement que tout être reste incompréhensible pour les autres, pour lui, comme Orson Welles : On naît seul, on vit seul, on meurt seul. C'est seulement à travers l'amour et l'amitié que l'on peut créer l'illusion momentanée que nous ne sommes pas seuls.
La foule est une solitude; on la voit, on sait qu'elle existe, mais on ne la connaît qu'en masse. Comme individu, elle n'existe pas.
Extrait de: Nouvelles confidences (1851)
Ajoutée par Savinien le 13/04/2023
Je ne me sens un peu de rosée dans le coeur que quand je suis bien seul avec la nature. Tout ce qui traverse seulement cette solitude trouble ou interrompt cet entretien muet entre le génie de la solitude, qui est Dieu, et moi. La langue que parle la nature à mon âme est une langue à voix basse. Le moindre bruit empêche d'entendre.
Extrait de: Les confidences (1849)
Ajoutée par Savinien le 12/04/2023
Je n'ai jamais tant étudié les murmures, les plaintes, les colères, les tortures, les gémissements et les ondulations des eaux que pendant ces nuits et ces jours passés ainsi tout seul dans la société monotone d'un lac. J'aurais fait le poème des eaux sans en omettre la moindre note. Jamais non plus je n'ai tant joui de la solitude, ce linceul volontaire de l'homme où il s'enveloppe pour mourir voluptueusement à la terre.
Extrait de: Les confidences (1849)
Ajoutée par Savinien le 12/04/2023
Je venais de causer avec ce vieux soldat français qui s'est fait chevrier dans ces montagnes, et qui y est devenu presque sauvage et presque sorcier; singulière fin pour un tambour-maître du trente-septième léger. Ce brave homme, ancien enfant de troupe dans les armées voltairiennes de la république, m'a paru croire aujourd'hui aux fées et aux gnomes comme il a cru jadis à l'empereur. La solitude agit toujours ainsi sur l'intelligence; elle développe la poésie qui est toujours dans l'homme; tout pâtre est rêveur.
Par: Victor Hugo
Extrait de: Le Rhin (1842)
Ajoutée par Savinien le 11/11/2022
Où vas-tu? Tu cherches les endroits où il y a peu de pas humains et où il y a beaucoup de traces divines; tu veux mettre ton âme en équilibre avec l'âme de la solitude; tu veux de l'ombre et de la lumière, du mouvement et de la paix, des transformations et de la sérénité; tu cherches le lieu où le verbe s'épanouit dans le silence, où l'on voit la vie à la surface de tout et où l'on sent l'éternité au fond; tu aimes le désert et tu ne hais pas l'homme; tu cherches de l'herbe et des mousses, des feuilles humides, des branches gonflées de sève, des oiseaux qui fredonnent, des eaux qui courent, des parfums qui se répandent. Eh bien! Entre. Ce sentier est ton chemin.
Par: Victor Hugo
Extrait de: Le Rhin (1842)
Ajoutée par Savinien le 09/11/2022
La rêverie est une visiteuse avec laquelle on a besoin d'être seul, et qui s'effarouche dès qu'elle entend ouvrir une porte.
Extrait de: Diane de Lys (1851)
Ajoutée par Savinien le 01/09/2021
Tout ce que vous m'avez dit du calme enchanteur révélé à vous après les orages de votre vie, je l'ai senti en me trouvant seule enfin, absolument seule entre la terre et le ciel. Pas une figure humaine dans cette immensité, pas un être vivant dans l'air ni sur les monts. Il semblait que cette solitude se faisait austère et belle pour m'accueillir. Il n'y avait pas un souffle de vent, pas un vol d'oiseau dans l'espace. Alors j'eus peur du mouvement qui venait de moi. Chaque brin d'herbe que j'agitais en marchant me semblait souffrir et se plaindre. Je dérangeais le calme, j'insultais le silence. Je m'arrêtai, je croisai mes bras sur ma poitrine, et je retins ma respiration.
Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)
Extrait de: Lélia (1833)
Ajoutée par Savinien le 09/02/2021
Il n'y a qu'une atmosphère où l'amour n'étouffe pas, c'est la solitude. Comme les aigles auxquels il faut les immensités d'un désert d'azur, l'amour n'a sa largeur et la naïveté puissante de ses mouvements que dans une solitude, immense, profonde, complète; une empyrée de solitude!
Extrait de: Une vieille maîtresse (1851)
Ajoutée par Savinien le 12/01/2021
Vivre seul, surtout au bord de la mer, c'est rendre à l'esprit quelque chose de primitif, d'enfantin.
Par: Jean Cocteau
Extrait de: Le secret professionnel (1922)
Ajoutée par Savinien le 20/10/2020
Hier, j'ai trouvé au milieu de ce sentier un petit hérisson immobile et tout en boule. Il était blessé. Je le pris dans ma poche et le portai à la maison, où une goutte de lait le ranima. Il montra son groin noir, qui a l'air d'être taillé dans une truffe. Il ouvrit les yeux, et j'eus la faiblesse de me croire le bon Samaritain. Ce matin, mon ami courait dans le jardin, flairant la terre humide, et toutes les piques de son dos reluisaient. La rencontre d'un hérisson; moins encore, un brin de serpolet à l'orée d'un bois, une vieille épitaphe dans un cimetière de village, suffit à l'amusement de la journée d'un solitaire.
Par: Anatole France
Extrait de: Pierre Nozière (1899)
Ajoutée par Savinien le 16/10/2020
Quant au rêve d'être un solitaire, je l'ai refait toutes les fois que j'ai cru sentir que la vie était foncièrement mauvaise: c'est dire que je l'ai fait chaque jour. Mais, chaque jour, la nature me tira par l'oreille et me ramena aux amusements dans lesquels s'écoulent les humbles existences.
Par: Anatole France
Extrait de: Le livre de mon ami (1885)
Ajoutée par Savinien le 16/10/2020
La vie en commun est l'idéal du bonheur entre gens qui s'aiment. Je l'ai senti au couvent, je ne l'ai jamais oublié; mais il faut à tout être pensant ses heures de solitude et de recueillement. C'est à ce prix seulement qu'il goûte la douceur de l'association.
Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)
Extrait de: Histoire de ma vie (George Sand) (1855)
Ajoutée par Savinien le 05/07/2020
Je trouve un vrai bonheur dans la solitude au milieu de la campagne triste et dépouillée, avec le vent qui siffle, des nuages noirs qui glissent dans le ciel, le gazon gris et les glaciers; la campagne, quand on la recherche pour la solitude, vaut mieux en hiver qu'en été. En été, la nature est trop vivante et fait trop société. Je crois qu'il faut de la jeunesse et de la force pour éprouver ces impressions, car c'est la vie intérieure qui rend agréable le repos du dehors.
Par: Benjamin Constant
Extrait de: Journal intime (Benjamin Constant) (1895)
Ajoutée par Savinien le 28/05/2020
La solitude est une amie triste et sévère pour un coeur à plaindre; mais enfin c'en est une, et n'en trouve pas qui veut.
Par: Charles Nodier
Ajoutée par Savinien le 14/05/2020
Comme un homme sauvé du naufrage sur un rocher, je contemple de ma solitude les orages qui frémissent dans le reste du monde; mon repos même redouble par le bruit lointain de la tempête. Depuis que les hommes ne sont plus sur mon chemin, et que je ne suis plus sur le leur, je ne les hais plus; je les plains.
Par: Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (Bernardin de Saint-Pierre)
Extrait de: Paul et Virginie (1789)
Ajoutée par Savinien le 04/05/2020
Seul dans tes grands bois
Seul dans tes grands bois, seul dans tes grandes pensées,
Tu marches, et les vents, les feuilles balancées,
Les sources, les oiseaux t'approchent sans effroi,
Les vieux arbres pensifs dont l'ombre emplit la cime,
Chantent autour de toi le même hymne sublime
Que ton âme, ô rêveur, chante au dedans de toi!
Par: Victor Hugo
Extrait de: Toute la lyre (1888)
Ajoutée par Savinien le 01/05/2020
J'oublie le monde, c'est un parti plus sûr et plus honnête que de déclamer contre, et j'éprouve que le seul moyen de devenir heureux est d'être Philosophe.
Par: Claude-Henri de Fusée de Voisenon
Extrait de: Contes de l'abbé de Voisenon (1878)
Ajoutée par Savinien le 28/04/2020
Acte II, Scène 2
Dans le brillant fracas où j'ai longtemps vécu,
J'ai tout vu, tout goûté, tout revu, tout connu,
J'ai rempli, pour ma part, ce théâtre frivole.
Si chacun n'y restait que le temps de son rôle,
Tout serait à sa place, et l'on ne verrait pas
Tant de gens éternels, dont le Public est las!
Le monde, usé pour moi, n'a plus rien qui me touche;
Et c'est pour lui sauver un rêveur si farouche
Qu'étranger désormais à la société
Je viens de mes déserts chercher l'obscurité.
Par: Jean-Baptiste Louis Gresset
Extrait de: Sydney (1745)
Ajoutée par Savinien le 25/04/2020
Le lendemain de cet entretien, mon père me fit prier de passer chez lui.
Je ne lui avais parlé que deux fois depuis qu'il m'avait reprise à toi, mon bien-aimé! Il m'avait demandé si je voulais manger avec tout le monde ou dans ma chambre; je m'étais empressée de répondre: « Dans ma chambre. »
Quand on est séparé de celui qu'on aime, être seule c'est être à moitié avec lui.
Extrait de: La fille du marquis (1873)
Ajoutée par Savinien le 21/04/2020
La solitude rétablit aussi bien les harmonies du corps que celles de l'âme [...] Enfin je la crois si nécessaire au bonheur dans le monde même, qu'il me paraît impossible d'y goûter un plaisir durable, de quelque sentiment que ce soit, ou de régler sa conduite sur quelque principe stable, si l'on ne se fait une solitude intérieure, d'où notre opinion sorte bien rarement, et où celle d'autrui n'entre jamais.
Par: Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (Bernardin de Saint-Pierre)
Extrait de: Paul et Virginie (1789)
Ajoutée par Savinien le 12/04/2020
La solitude ramène en partie l'homme au bonheur naturel, en éloignant de lui le malheur social.
Par: Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (Bernardin de Saint-Pierre)
Extrait de: Paul et Virginie (1789)
Ajoutée par Savinien le 12/04/2020
Après le rare bonheur de trouver une compagne qui nous soit bien assortie, l'état le moins malheureux de la vie est sans doute de vivre seul. Tout homme qui a eu beaucoup à se plaindre des hommes cherche la solitude.
Par: Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (Bernardin de Saint-Pierre)
Extrait de: Paul et Virginie (1789)
Ajoutée par Savinien le 12/04/2020
Il veut connaître le pourquoi et le comment des choses terrestres. Il est naturaliste passionné, et voilà pourquoi il se traite de sauvage, parce que, selon lui, la solitude est un charme qui domine tout et qui ne peut jamais s'expliquer. - C'est, dit-il, qu'elle répond à un instinct mystérieux de l'homme primitif, et qu'à moins d'être cet homme-là on ne peut pas s'en faire une idée.
Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)
Extrait de: Les deux frères (1875)
Ajoutée par Savinien le 05/04/2020
Du repos, une douce étude,
Peu de livres, point d'ennuyeux,
Un ami dans la solitude,
Voilà mon sort; il est heureux!
Extrait de: Les confessions de la marquise (1856)
Ajoutée par Savinien le 27/03/2020
Romance
Au pays où se fait la guerre,
Mon bel ami s'en est allé;
Il semble à mon cœur désolé
Qu'il ne reste que moi sur terre!
En partant, au baiser d'adieu,
Il m'a pris mon âme à ma bouche.
Qui le tient si longtemps, mon Dieu?
Voilà le soleil qui se couche,
Et moi, toute seule en ma tour,
J'attends encore son retour.
Les pigeons sur le toit roucoulent,
Roucoulent amoureusement;
Avec un son triste et charmant
Les eaux sous les grands saules coulent.
Je me sens tout près de pleurer;
Mon cœur comme un lis plein s'épanche,
Et je n'ose plus espérer.
Voici briller la lune blanche,
Et moi, toute seule en ma tour,
J'attends encore son retour.
Par: Théophile Gautier
Extrait de: La comédie de la mort (1838)
Ajoutée par Savinien le 20/03/2020
L'amant désespéré
Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes!
Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur.
Ce silence imposant, ces lugubres asiles,
Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon coeur.
Arbres! Répondez moi... Cachez-vous ma Sylvie?
Sylvie, ô ma Sylvie!... Elle ne m'entend pas.
Tyrans de ces forêts, me l'auriez-vous ravie?
Hélas! Je cherche en vain la trace de ses pas.
O feuillages chéris, voluptueux feuillages!
Combien de fois vos noirs ombrages
Nous ont aux yeux jaloux l'un et l'autre voilés,
Et que ces doux instants se sont vite écoulés!
Toi qui me répétais les chants de ma Sylvie,
Quand, seule, elle vantait les douceurs de sa vie,
L'entends-tu, parle, écho; dis, me la rendra-t-on?
Hélas! Il semble qu'il dit non...
Par: Nicolas Gilbert
Extrait de: Oeuvres complètes de Gilbert (1805)
Ajoutée par Savinien le 11/03/2020
Mais je connais la solitude. Trois années de désert m'en ont bien enseigné le goût. On ne s'y effraie point d'une jeunesse qui s'use dans un paysage minéral, mais il y apparaît que, loin de soi, c'est le monde entier qui vieillit. Les arbres ont formé leurs fruits, les terres ont sorti leur blé, les femmes déjà sont belles. Mais la saison avance, il faudrait se hâter de rentrer... Mais la saison avance et l'on est retenu au loin... Et les biens de la terre glissent entre les doigts comme le sable fin des dunes.
Extrait de: Terre des hommes (1939)
Ajoutée par Savinien le 11/03/2020
Je lis beaucoup: la lecture adoucit ce qu'il y a souvent de trop furieux dans mes agitations; elle les change en une mélancolie douce, qui me fait aimer la solitude.
Par: Antoine François Prévost (Abbé Prévost)
Ajoutée par Savinien le 06/02/2020
Si le silence et la solitude sont agréables dans l'affliction, c'est qu'on s'y recueille, en quelque sorte, au milieu de ses peines, et qu'on y a la douceur de gémir sans être interrompu.
Par: Antoine François Prévost (Abbé Prévost)
Ajoutée par Savinien le 06/02/2020
Elle eut alors, la pauvre femme, dans le silence et la solitude des nuits, de ces désespoirs effrayants qui doivent donner à Dieu une bien haute idée de ses forces, puisqu'il a créé des êtres assez forts pour supporter de pareilles épreuves.
Extrait de: Ange Pitou (1850)
Ajoutée par Savinien le 19/03/2019
A la solitude, mon frère, à la solitude, ce vestibule de la béatitude éternelle!... Dans la solitude, Dieu parle au coeur de l'homme; dans la solitude, l'homme parle au coeur de Dieu.
Extrait de: Le collier de la reine (1849)
Ajoutée par Savinien le 06/01/2019
Dans le silence, Dieu parle au coeur de l'homme; et dans la solitude, l'homme parle au coeur de Dieu.
Extrait de: Joseph Balsamo (1846)
Ajoutée par Savinien le 17/08/2018
Je vous conterai plus tard toutes les phases de cette vie morne et méditative passée au coin du feu les bras croisés, avec un éternel bâillement d'ennui, seul pendant tout un jour, et tournant de temps en temps mes regards sur la neige des toits voisins, sur le soleil couchant avec ses jets de pâle lumière sur le pavé de ma chambre, ou sur une tête de mort jaune, édentée et grimaçant sans cesse sur ma cheminée, symbole de la vie et comme elle froide et railleuse. Plus tard, vous lirez peut-être toutes les angoisses de ce coeur si battu, si navré d'amertume. Vous saurez les aventures de cette vie si paisible et si banale, si remplie de sentiments, si vide de faits. Et vous me direz ensuite si tout n'est pas une dérision et une moquerie, si tout ce qu'on chante dans les écoles, tout ce qu'on délaie dans les livres, tout ce qui se voit, se sent, se parle, si tout ce qui existe... Je n'achève pas tant j'ai d'amertume à le dire. Eh! Bien, si tout cela enfin n'est pas de la pitié, de la fumée, du néant!
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Mémoires d'un fou (1901)
Ajoutée par Savinien le 25/05/2017
Je veux, ainsi qu'un ours, dans mon trou solitaire,
Penser avec Pascal et rire avec Voltaire;
Vivre, ignoré du monde, avec mes vieux auteurs,
Qui devraient craindre peu d'être un jour sans lecteurs,
Et, fuyant ces salons où la nullité règne,
Consoler de l'oubli les arts qu'on y dédaigne.
Par: Victor Hugo
Extrait de: L'enrôleur politique (1819)
Ajoutée par Savinien le 22/05/2017
Il lui disait: Vois-tu, si tous deux nous pouvions,
L'âme pleine de foi, le coeur plein de rayons,
Ivres de douce extase et de mélancolie,
Rompre les milles noeuds dont la ville nous lie;
Si nous pouvions quitter ce Paris triste et fou,
Nous fuirions; nous irions quelque part, n'importe où,
Chercher, loin des vains bruits loin des haines jalouses,
Un coin où nous aurions des arbres, des pelouses,
Une maison petite avec des fleurs, un peu
De solitude, un peu de silence, un ciel bleu,
La chanson d'un oiseau qui sur le toit se pose,
De l'ombre; - et quel besoin avons-nous d'autre chose?
Par: Victor Hugo
Extrait de: Les contemplations (1856)
Ajoutée par Savinien le 19/05/2017
Je suis attaché à mes arbres; je leur ai adressé des élégies, des sonnets, des odes. Il n'y a pas un seul d'entre eux que je n'aie soigné de mes propres mains, que je n'aie délivré du ver attaché à sa racine, de la chenille collée à sa feuille; je les connais tous par leurs noms, comme mes enfants: c'est ma famille, je n'en ai pas d'autre, j'espère mourir au milieu d'elle.
Par: François-René de Chateaubriand
Extrait de: Mémoires d'outre-tombe (1848)
Ajoutée par Savinien le 19/04/2016
J'ai passé dans l'Élysée deux heures auxquelles je ne préfère aucun temps de ma vie. En voyant avec quel charme et quelle rapidité elles s'étaient écoulées, j'ai trouvé qu'il y a dans la méditation des pensées honnêtes une sorte de bien-être que les méchants n'ont jamais connu; c'est celui de se plaire avec soi-même. Si l'on y songeait sans prévention, je ne sais quel autre plaisir on pourrait égaler à celui-là. Je sens au moins que quiconque aime autant que moi la solitude doit craindre de s'y préparer des tourments. Peut-être tirerait-on des mêmes principes la clef des faux jugements des hommes sur les avantages du vice et sur ceux de la vertu. Car la jouissance de la vertu est tout intérieure, et ne s'aperçoit que par celui qui la sent; mais tous les avantages du vice frappent les yeux d'autrui, et il n'y a que celui qui les a qui sache ce qu'ils lui coûtent.
Extrait de: Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761)
Ajoutée par Savinien le 05/01/2016
- Où sont les hommes? Reprit enfin le petit prince. On est un peu seul dans le désert...
- On est seul aussi chez les hommes, dit le serpent.
Extrait de: Le petit prince (1943)
Ajoutée par Savinien le 20/12/2015
Il paraît bien plutôt que le sage rit des travers humains, qu'il connaît le comportement des hommes et sait la nécessité de s'en tenir à bonne distance. Ni trop près, ni trop loin, mais, à défaut de trouver la bonne mesure, toujours difficile à obtenir et impossible à maintenir, le sage préférera la « vie cachée » chère au coeur d'Epicure et des siens, la vie à l'écart, la vie solitaire qui garantissent plus sûrement la tranquillité de l'esprit que le commerce avec les hommes, quels qu'ils soient...
Par: Michel Onfray
Extrait de: Le magnétisme des solstices (2013)
Ajoutée par Savinien le 25/07/2015
En thèse générale, on ne peut être à l'unisson parfait qu'avec soi-même; on ne peut pas l'être avec son ami, on ne peut pas l'être avec la femme aimée, car les différences de l'individualité et de l'humeur produisent toujours une dissonance, quelque faible qu'elle soit. Aussi la paix du coeur véritable et profonde et la parfaite tranquillité de l'esprit, ces biens suprêmes sur terre après la santé, ne se trouvent que dans la solitude et, pour être permanents, que dans la retraite absolue. Quand alors le moi est grand et riche, on goûte la condition la plus heureuse qui soit à trouver en ce pauvre bas monde.
Par: Arthur Schopenhauer
Extrait de: Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1886)
Ajoutée par Savinien le 08/06/2015
On ne peut être vraiment soi qu'aussi longtemps qu'on est seul; qui n'aime donc pas la solitude n'aime pas la liberté, car on n'est libre qu'étant seul. Toute société a pour compagne inséparable la contrainte et réclame des sacrifices qui coûtent d'autant plus cher que la propre individualité est plus marquante. Par conséquent, chacun fuira, supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de son propre moi. Car c'est là que le mesquin sent toute sa mesquinerie et le grand esprit toute sa grandeur; bref, chacun s'y pèse à sa vraie valeur.
Par: Arthur Schopenhauer
Extrait de: Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1886)
Ajoutée par Savinien le 26/05/2015
Dialogue avec Christian Bobin
Pour vivre, il faut avoir été regardé au moins une fois, avoir été aimé au moins une fois, avoir été porté au moins une fois. Et après, quand cette chose-là a été donnée, vous pouvez être seul. La solitude n'est plus jamais mauvaise. Même si on ne vous porte plus, même si on ne vous aime plus, même si on ne vous regarde plus, ce qui a été donné, vraiment donné, une fois, l'a été pour toujours. A ce moment là, vous pouvez aller vers la solitude comme une hirondelle peut aller vers le plein ciel.
Par: Marie de Solemne
Extrait de: La grâce de solitude (2001)
Ajoutée par Savinien le 08/02/2015
Je vais donc reprendre ma pauvre vie si plate et tranquille, où les phrases sont des aventures et où je ne recueille d'autres fleurs que des métaphores. J'écrirai comme par le passé, pour le seul plaisir d'écrire, pour moi seul, sans aucune arrière-pensée d'argent ou de tapage. Apollon, sans doute, m'en tiendra compte, et j'arriverai peut-être un jour à produire une belle chose! Car tout cède, n'est-ce pas, à la continuité d'un sentiment énergique. Chaque rêve finit par trouver sa forme; il y a des ondes pour toutes les soifs, de l'amour pour tous les coeurs. Et puis rien ne fait mieux passer la vie que la préoccupation incessante d'une idée, qu'un idéal, comme disent les grisettes... Folie pour folie, prenons les plus nobles. Puisque nous ne pouvons décrocher le soleil, il faut boucher toutes nos fenêtres et allumer des lustres dans notre chambre.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 27/10/2014
La tragédie n'est pas qu'on soit seul, mais qu'on ne puisse l'être. Je donnerais parfois tout au monde pour n'être plus relié par rien à l'univers des hommes. Mais je suis une partie de cet univers et le plus courageux est de l'accepter et la tragédie en même temps.
Par: Albert Camus
Extrait de: Carnets (Camus) (1962)
Ajoutée par Savinien le 06/10/2014
Bientôt je reconnus l'air des montagnards: l'horreur du lieu ajoutait à l'effet de ces accents plaintifs et prolongés, dont les chevriers des Alpes se plaisent à saluer la nuit et la solitude; ces chants ou plutôt ces cris modulés sont d'une profonde tristesse, comme tous les airs nationaux; c'est que ces mélodies sont inspirées par la nature, et que la nature réveille dans le coeur de l'homme des désirs qu'elle ne peut jamais satisfaire. Nous n'habitons la terre que pour apprendre à désirer ce qu'on n'y trouve pas! L'inquiétude de notre âme est une souffrance, mais ne nous en plaignons pas; tous nos droits à l'immortalité sont là, et cette inexplicable douleur est notre plus beau titre de noblesse.
Par: Astolphe de Custine
Extrait de: Mémoires et voyages (1830)
Ajoutée par Savinien le 02/10/2014
Grâce à mon expérience, j'appris au moins que si l'on avance hardiment dans la direction de ses rêves, et s'efforce de vivre la vie qu'on s'est imaginée, on sera payé de succès inattendu en temps ordinaire. On laissera certaines choses en arrière, franchira une borne invisible; des lois nouvelles, universelles, plus libérales, commenceront à s'établir autour et au dedans de nous; ou les lois anciennes à s'élargir et s'interpréter en notre faveur dans un sens plus libéral, et on vivra en la licence d'un ordre d'êtres plus élevé. En proportion de la manière dont on simplifiera sa vie, les lois de l'univers paraîtront moins complexes, et la solitude ne sera pas solitude, ni la pauvreté, pauvreté, ni la faiblesse, faiblesse. Si vous avez bâti des châteaux dans les airs, votre travail n'aura pas à se trouver perdu; c'est là qu'ils devaient être. Maintenant posez les fondations dessous.
Par: Henry David Thoreau
Extrait de: Walden ou la vie dans les bois (1854)
Ajoutée par Savinien le 21/08/2014
Je trouve salutaire d'être seul la plus grande partie du temps. Etre en compagnie, fût-ce avec la meilleure, est vite fastidieux et dissipant. J'aime à être seul. Je n'ai jamais trouvé de compagnon aussi compagnon que la solitude. Nous sommes en général plus isolés lorsque nous sortons pour nous mêler aux hommes que lorsque nous restons au fond de nos appartements. Un homme pensant ou travaillant est toujours seul, qu'il soit où il voudra. La solitude ne se mesure pas aux milles d'étendue qui séparent un homme de ses semblables.
Par: Henry David Thoreau
Extrait de: Walden ou la vie dans les bois (1854)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2014
Bien souvent je m'entends dire: « J'aurais pensé que vous vous sentiriez seul là-bas, et seriez pris du besoin de vous rapprocher des gens, surtout les jours et nuits de pluie et de neige. » Je suis tenté de répondre à cela: cette terre tout entière que nous habitons n'est qu'un point dans l'espace. A quelle distance l'un de l'autre, selon vous, demeurent les deux plus distants habitants de l'étoile là-haut, dont le disque ne peut voir apprécier sa largeur par nos instruments? Pourquoi me sentirais-je seul? Notre planète n'est-elle pas dans la Voie Lactée? Cette question que vous posez là me semble n'être pas la plus importante. Quelle sorte d'espace est celui qui sépare un homme de ses semblables et le rend solitaire? Je me suis aperçu que nul exercice des jambes ne saurait rapprocher beaucoup deux esprits l'un de l'autre. Près de quoi désirons-nous le plus habiter? Sûrement pas auprès de beaucoup d'hommes, de la gare, de la poste, du cabaret, du temple, de l'école, de l'épicerie, de Beacon Hill, ou de Five Points, lieux ordinaires d'assemblée, mais près de la source éternelle de notre vie, d'où en toute notre expérience nous nous sommes aperçus qu'elle jaillissait, comme le saule s'élève près de l'eau et projette ses racines dans cette direction. La susdite variera selon les différentes natures, mais elle est l'endroit où un sage creusera sa cave...
Par: Henry David Thoreau
Extrait de: Walden ou la vie dans les bois (1854)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2014
Tant qu'on est deux, la vie est possible. Seul, il semble qu'on ne pourra plus la traîner. On renonce à tirer. C'est la première forme du désespoir. Plus tard on comprend que le devoir est une série d'acceptations. On regarde la mort, on regarde la vie, et l'on consent. Mais c'est un consentement qui saigne.
Par: Victor Hugo
Extrait de: Les travailleurs de la mer (1866)
Ajoutée par Savinien le 06/05/2014
Si nos habitudes naissent de nos propres sentiments dans la retraite, elles naissent de l'opinion d'autrui dans la société. Quand on ne vit pas en soi mais dans les autres, ce sont leurs jugements qui règlent tout; rien ne paraît bon ni désirable aux particuliers que ce que le public a jugé tel, et le seul bonheur que la plupart des hommes connaissent est d'être estimés heureux.
Extrait de: Lettre à d'Alembert sur les spectacles (1758)
Ajoutée par Savinien le 29/04/2014
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