Nouvelles confidences
Année de parution : 1851 En vous adressant, mon cher Girardin, ce nouveau volume de ces notes intimes que le public a appelées Confidences, je ne puis m’empêcher de sentir un nouveau serrement de coeur. Ce que j’avais trop prévu est arrivé. En ouvrant ma vie, elle s’est évaporée. Ce journal de mes impressions a trouvé grâce, indulgence, intérêt même auprès de quelques lecteurs, si j’en crois les anonymes bienveillants qui m’ont écrit. Mais les critiques austères et âpres, ces hommes qui délayent jusqu’à nos larmes dans leur encre, pour donner plus d’amertume à leurs sarcasmes, n’ont pas pardonné à ces épanchements d’une âme de vingt ans. Ils ont cru, ou ils ont fait semblant de croire, que je recherchais une misérable célébrité dans les cendres de mon propre coeur Cela dit, je reprends ces notes où je les retrouve, et je ne rougis que d’une seule chose devant les critiques, c’est de n’avoir ni l’âme de saint Augustin, ni le génie de Jean-Jacques Rousseau, pour mériter, par des indiscrétions aussi saintes, aussi touchantes, le pardon des âmes tendres et la condamnation des esprits prudes qui prennent tout mouvement de l’âme pour une obscénité, et qui se voilent la face dès qu’on leur montre un coeur. |