Année de parution : 1856 Ces lettres ne contiendront pas le récit méthodique d'un voyage, - elles ne renfermeront que les pensées, les rêveries, les observations d'un homme qui n'aime pas les voyages, et qui est parti seulement pour être ailleurs. - Les lecteurs n'ont pas à redouter de ce pays dangereux, sous ce rapport, trop de tableaux et trop de monuments. Je n'ai pas besoin pour moi que, sous prétexte d'art, l'on me copie, me rapetisse, et m'amoindrisse les oeuvres de Dieu pour les mettre à la portée de ma vue, de mon esprit et de mon admiration; - grâce à la Providence, je préfère les arbres tremblants sous le vent aux arbres fixés sur la toile, - les montagnes aux palais, les feuilles d'acanthe vertes et vivantes sur les bords des chemins à l'imitation en pierre de ces feuilles en chapiteau des colonnes corinthiennes; - j'aime mieux le cheval sarde qui m'emporte en hennissant à travers les vallées que le cheval de bronze qui, une jambe en l'air, sur la place des Victoires, porte depuis si longtemps Louis XIV habillé en Romain, comme un thème; - je préfère les femmes aux statues, et le soleil du bon Dieu au soleil du Poussin.