Citations de Geneviève, de Alphonse Karr

3 Citations

Le faible de M. Lauter était une grande prétention à la force et au stoïcisme. Cette prétention n'était nullement justifiée, et n'avait pour prétexte que l'admiration qu'inspirent naturellement les qualités que l'on n'a pas, et, entre les qualités que l'on n'a pas, celles dont on est le plus éloigné. De cette admiration on passe graduellement - au regret de ne les avoir pas, - au désir de les acquérir, - à la conviction de les posséder, - à la vanité de s'en parer.


Par: Alphonse Karr

Extrait de: Geneviève (1838)

Ajoutée par Savinien le 08/01/2018

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A l'heure où l'on sonne à l'église la dernière prière, au loin silencieux, du sol on voit monter comme une vapeur grise, sortant de l'herbe et s'élevant aux cieux; c'est l'encens qu'exhale la terre, c'est la solennelle prière de la création entière au Créateur: chaque fleur, chaque plante y mêle son odeur, la campanule bleue en fleur dans nos prairies, l'alpen-rose, le pied dans la neige des monts, et le grand cactus rouge, hôte des Arabies, et les algues des mers dans leurs gouffres sans fonds, l'oiseau son dernier chant au bord de sa demeure, et l'homme des pensers qu'il ne sait qu'à cette heure.
Ce nuage divin, formé de tant d'amours, monte au trône de Dieu, dîme reconnaissante de ce que doit la terre à sa bonté puissante, s'étend... et c'est ainsi que finissent les jours.


Par: Alphonse Karr

Extrait de: Geneviève (1838)

Ajoutée par Savinien le 15/07/2013

 

Un jour, Mr Stoltz et elle restèrent seuls un quart d'heure, sans parler. Au bout de ce quart d'heure, tous deux comprirent la difficulté de la situation, et Mr Stoltz dit, comme s'il eût mis un quart d'heure à méditer cette pensée hardie: « Il fait bien mauvais temps aujourd'hui », qui signifie tout simplement: « Je vous aime, je vous désire, je vous adore. » On ne se dit: « Je vous aime » en propres termes, que quand on a épuisé toutes les autres manières de le dire; et il y en a tant, que l'on n'arrive quelquefois à dire le mot que lorsqu'on ne sent plus la chose et que le mot est devenu un mensonge.


Par: Alphonse Karr

Extrait de: Geneviève (1838)

Ajoutée par Savinien le 15/07/2013