Citations de Nouvelles méditations poétiques, de Alphonse de Lamartine

15 Citations

La sagesse


Insensé le mortel qui pense!
Toute pensée est une erreur.
Vivez, et mourez en silence;
Car la parole est au Seigneur!
Il sait pourquoi flottent les mondes;
Il sait pourquoi coulent les ondes,
Pourquoi les cieux pendent sur nous,
Pourquoi le jour brille et s'efface,
Pourquoi l'homme soupire et passe:
Et vous, mortels, que savez-vous?


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 01/10/2012

 

Les préludes


L'onde qui baise ce rivage,
De quoi se plaint-elle à ses bords?
Pourquoi le roseau sur la plage,
Pourquoi le ruisseau sous l'ombrage
Rendent-ils de tristes accords?

De quoi gémit la tourterelle
Quand, dans le silence des bois,
Seule auprès du ramier fidèle,
L'Amour fait palpiter son aile,
Les baisers étouffent sa voix?

Et toi, qui mollement te livre
Au doux sourire du bonheur,
Et du regard dont tu m'enivre,
Me fais mourir, me fait revivre,
De quoi te plains-tu sur mon coeur!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 01/10/2012

 

Chant d'amour


Souviens-toi de l'heure bénie
Où les dieux, d'une tendre main,
Te répandirent sur ma vie
Comme l'ombre sur le chemin.
Depuis cette heure fortunée,
Ma vie à ta vie enchaînée,
Qui s'écoule comme un seul jour,
Est une coupe toujours pleine,
Où mes lèvres à longue haleine
Puisent l'innocence et l'amour.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Chant d'amour


Ton front, que ton voile ombrage
Et découvre tour à tour,
Est une nuit sans nuage
Prête à recevoir le jour;
Ta bouche, qui va sourire,
Est l'onde qui se retire
Au souffle errant du zéphyr,
Et, sur ces bords qu'elle quitte,
Laisse au regard qu'elle invite,
Compter les perles d'Ophyr!

Ton cou, penché sur l'épaule,
Tombe sous son doux fardeau,
Comme les branches du saule
Sous le poids d'un passereau;
Ton sein, que l'oeil voit à peine
Soulevant à chaque haleine
Le poids léger de ton coeur,
Est comme deux tourterelles
Qui font palpiter leurs ailes
Dans la main de l'oiseleur.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Chant d'amour


Pourquoi sous tes cheveux me cacher ton visage?
Laisse mes doigts jaloux écarter ce nuage:
Rougis-tu d'être belle, ô charme des mes yeux?
L'aurore, ainsi que toi, de ses roses s'ombrage.
Pudeur! Honte céleste! Instinct mystérieux,
Ce qui brille le plus se voile davantage;
Comme si la beauté, cette divine image,
N'était faite que pour les cieux!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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La branche d'amandier


Souvent la beauté fugitive
Ressemble à la fleur du matin,
Qui, du front glacé du convive,
Tombe avant l'heure du festin.

Un jour tombe, un autre se lève;
Le printemps va s'évanouir;
Chaque fleur que le vent enlève
Nous dit: Hâtez-vous de jouir.

Et, puisqu'il faut qu'elles périssent,
Qu'elles périssent sans retour!
Que ces roses ne se flétrissent
Que sous les lèvres de l'amour!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 19/09/2012

 

La branche d'amandier


De l'amandier tige fleurie,
Symbole, hélas! De la beauté,
Comme toi, la fleur de la vie
Fleurit et tombe avant l'été.

Qu'on la néglige ou qu'on la cueille,
De nos fronts, des mains de l'Amour,
Elle s'échappe feuille à feuille,
Comme nos plaisirs jour à jour!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 19/09/2012

 

Le papillon


Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur,
Secouant, jeune encore, la poudre de ses ailes,
S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
Voilà du papillon le destin enchanté!
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 19/09/2012

 

Apparition


Gloire à ton nom, Dieu qui l'envoie!
Ta grâce a permis que je voie
Ce que mes yeux cherchaient toujours.
Que veux-tu? Faut-il que je meure?
Tiens, je te donne pour cette heure
Toutes les heures de mes jours!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Les préludes


Tout naît, tout passe, tout arrive
Au terme ignoré de son sort:
A l'océan l'onde plaintive,
Aux vents la feuille fugitive,
L'aurore au soir, l'homme à la mort.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Le poète mourant


N'inscrivez point de nom sur ma demeure sombre.
Du poids d'un monument ne chargez pas mon ombre:
D'un peu de sable, hélas! Je ne suis point jaloux.
Laissez-moi seulement à peine assez d'espace
Pour que le malheureux qui sur ma tombe passe
Puisse y poser ses deux genoux.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Le poète mourant


Voir passer sur son front l'ombre de sa pensée,
La parole manquer à sa bouche oppressée,
Et de ce long silence entendre enfin sortir
Ce mot qui retentit jusque dans le ciel même,
Ce mot, le mot des dieux, et des hommes: ... Je t'aime!
Voilà ce qui vaut un soupir.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Le poète mourant


Qu'est-ce donc que des jours pour valoir qu'on les pleure?
Un soleil, un soleil; une heure, et puis une heure;
Celle qui vient ressemble à celle qui s'enfuit;
Ce qu'une nous apporte, une autre nous l'enlève:
Travail, repos, douleur, et quelquefois un rêve,
Voilà le jour, puis vient la nuit.

Ah! Qu'il pleure, celui dont les mains acharnées
S'attachant comme un lierre au débris des années,
Voit avec l'avenir s'écrouler son espoir!
Pour moi, qui n'ait point pris racine sur la terre,
Je m'en vais sans effort, comme l'herbe légère
Qu'enlève le souffle du soir.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La solitude


Heureux qui, s'écartant des sentiers d'ici-bas,
A l'ombre du désert allant cacher ses pas,
D'un monde dédaigné secouant la poussière,
Efface, encore vivant, ses traces sur la terre,
Et, dans la solitude enfin enseveli,
Se nourrit d'espérance et s'abreuve d'oubli!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 19/09/2012

 

Sapho


Adieu! Leurs vains présents que le vulgaire envie,
Ni des traits de l'amour, ni des coups du destin,
Misérable Sapho, n'ont pu sauver ta vie!
Tu vécus dans les pleurs et tu meurs au matin!
Ainsi tombe une fleur avant le temps fanée!
Ainsi, cruel Amour, sous le couteau mortel,
Une jeune victime à ton temple amenée,
Qu'à ton culte en naissant le pâtre a destinée,
Vient tomber avant l'âge au pied de ton autel!

Et vous qui reverrez le cruel que j'adore
Quand l'ombre du trépas aura couvert mes yeux,
Compagnes de Sapho, portez-lui ces adieux!
Dites-lui... qu'en mourant je le nommais encore!...

Elle dit. Et le soir, quittant le bord des flots,
Vous revîntes sans elle, ô vierges de Lesbos!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 19/09/2012