Citations de Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

17 Citations

Pourquoi, par exemple, avez-vous imaginé qu'en feuilletant, étudiant, compilant des livres de métaphysique, vous y trouveriez des lumières sur tant de questions, moitié creuses, moitié sublimes, l'écueil éternel de tous les philosophes passés, présents et futurs? En repliant votre esprit sur lui-même, sans avoir besoin d'interroger celui des autres, vous auriez senti qu'en métaphysique ce qu'on ne peut pas s'apprendre par ses propres réflexions, ne s'apprend point par la lecture; et que ce qui ne peut pas être rendu clair pour les esprits les plus communs, est obscur pour les plus profonds.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 20/01/2021

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C'est le propre des malheurs de ramener à la philosophie, comme le joueur qui a tout perdu revient à sa maîtresse.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 20/01/2021

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Las de m'ennuyer des pensées des autres, j'ai voulu leur donner les miennes; mais je puis me flatter de leur avoir rendu tout l'ennui que j'avais reçu d'eux.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 20/01/2021

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Vous voyez, me disait il n'y a pas longtemps un savant célèbre, cette bibliothèque immense que j'habite. Que de biens à la fois, ai-je dit en y entrant, comme cet animal affamé de la fable! Que de moyens d'être heureux sans avoir besoin de personne! J'ai passé mes plus belles années à épuiser cette vaste collection; que m'a-t-elle appris? L'histoire ne m'a offert qu'incertitude; la physique que ténèbres; la morale que vérités communes, ou paradoxes dangereux; la métaphysique que vaines subtilités. Après trente ans d'étude, vous me demanderiez en vain pourquoi une pierre tombe, pourquoi je remue la main, pourquoi j'ai la faculté de penser et de sentir. Sans des lumières supérieures à la raison, qui ont servi plus d'une fois à consoler mon ignorance, aucun livre n'aurait pu m'apprendre ce que je suis, d'où je viens et où je dois aller; et je dirais de moi-même, jeté comme au hasard dans cet univers, ce que le doge de Gênes disait de Versailles ; ce qui m'étonne le plus ici, c'est de m'y voir.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 20/01/2021

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La paresse est naturelle à l'homme. On objectera qu'il est condamné au travail; mais, puisqu'il y est condamné, ce n'était donc pas sa première destination. Semblable à un pendule qu'une force étrangère a tiré de son repos, il tend à y revenir sans cesse.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 20/01/2021

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Les Muses sont pour ceux qu'elles favorisent une maîtresse aimable et capricieuse, dont on se plaint quelquefois, et à laquelle on revient toujours.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 20/01/2021

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L'expérience l'a dit longtemps avant Horace: on ne se trouve heureux qu'à la place des autres, et jamais à la sienne; le seul avantage que donnent les lumières, si c'en est un, est de n'envier l'état de personne, sans en être plus content du sien.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 20/01/2021

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Pour connaître les inconvénients secrets d'une profession, il faut s'adresser à ceux qui l'exercent, et non pas à ceux qui ne font que s'en amuser.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 20/01/2021

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Rien n'est plus propre à consoler de l'infortune, que le bien qu'on fait à ceux qui souffrent, et l'homme vertueux suspend le cours de ses larmes en essuyant celles des autres.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 30/04/2014

 

Que ne coûtent point les premiers pas en tout genre? Le mérite de les faire dispense de celui d'en faire de grands.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 09/10/2012

 

Plus un siècle est grossier, plus il se croit instruit de tout ce qu'il peut savoir.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 09/10/2012

 

L'esprit qui invente est toujours mécontent de ses progrès, parce qu'il voit au-delà; et les plus grands génies trouvent souvent dans leur amour-propre même un juge secret, mais sévère, que l'approbation des autres fait taire pour quelques instants, mais qu'elle ne parvient jamais à corrompre.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 08/10/2012

 

Les idées qu'on acquiert par la lecture et la société, sont le germe de presque toutes les découvertes. C'est un air que l'on respire sans y penser, et auquel on doit la vie.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 08/10/2012

 

C'est là qu'on apprend à n'estimer les hommes que par le bien qu'ils font, et non par l'appareil imposant qui les entoure: les souverains, ces hommes assez malheureux pour que tout conspire à leur cacher la vérité, peuvent eux-mêmes se juger d'avance à ce tribunal intègre et terrible; le témoignage que rend l'Histoire à ceux de leurs prédécesseurs qui leur ressemblent, est l'image de ce que la postérité dira d'eux.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 08/10/2012

 

Arrêtons-nous un moment ici, et jetons les yeux sur l'espace que nous venons de parcourir. Nous y remarquerons deux limites où se trouvent, pour ainsi dire, concentrées presque toutes les connaissances certaines accordées à nos lumières naturelles.
L'une de ces limites, celle d'où nous sommes partis, est l'idée de nous-mêmes, qui conduit à celle de l'Etre tout-puissant, et de nos principaux devoirs.
L'autre est cette partie des mathématiques qui a pour objet les propriétés générales des corps, de l'étendue et de la grandeur.
Entre ces deux termes est un intervalle immense, où l'Intelligence suprême semble avoir voulu se jouer de la curiosité humaine, tant par les nuages qu'elle y a répandus sans nombre, que par quelques traits de lumière qui semblent s'échapper de distance en distance pour nous attirer. On pourrait comparer l'univers à certains ouvrages d'une obscurité sublime, dont les auteurs en s'abaissant quelquefois à la portée de celui qui les lit, cherchent à lui persuader qu'il entend tout à peu près. Heureux donc, si nous nous engageons dans ce labyrinthe, de ne point quitter la véritable route; autrement les éclairs destinés à nous y conduire, ne serviraient souvent qu'à nous en écarter davantage.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 07/10/2012

 

En vain quelques philosophes soutenaient, en retenant leurs cris au milieu des souffrances, que la douleur n'était point un mal: en vain quelques autres plaçaient le bonheur suprême dans la volupté, à laquelle ils ne laissaient pas de se refuser par la crainte de ses suites: tous auraient mieux connu notre nature, s'ils s'étaient contentés de borner à l'exemption de la douleur le souverain bien de la vie présente; et de convenir que sans pouvoir atteindre à ce souverain bien, il nous était seulement permis d'en approcher plus ou moins, à proportion de nos soins et de notre vigilance.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 07/10/2012

 

De tous les objets qui nous affectent par leur présence, notre propre corps est celui dont l'existence nous frappe le plus, parce qu'elle nous appartient plus intimement: mais à peine sentons-nous l'existence de notre corps, que nous nous apercevons de l'attention qu'il exige de nous, pour écarter les dangers qui l'environnent. Sujet à mille besoins, et sensible au dernier point à l'action des corps extérieurs, il serait bientôt détruit, si le soin de sa conservation ne nous occupait. Ce n'est pas que tous les corps extérieurs nous fassent éprouver des sensations désagréables, quelques-uns semblent nous dédommager par le plaisir que leur action nous procure. Mais tel est le malheur de la condition humaine, que la douleur est en nous le sentiment le plus vif; le plaisir nous touche moins qu'elle, et ne suffit presque jamais pour nous en consoler.


Par: Jean le Rond d' Alembert (d'Alembert)

Ajoutée par Savinien le 07/10/2012