Alfred de Vigny
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Né(e) le 27/03/1797 Mort(e) le 17/09/1863 France |
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Alfred Victor, comte de Vigny est un écrivain, dramaturge et poète français, né le 27 mars 1797 ou 7 Germinal An 5 à Loches (Indre-et-Loire) et mort le 17 septembre 1863 à Paris, 8e. Figure du romantisme, il écrit parallèlement à une carrière militaire entamée en 1814 et publie ses premiers poèmes en 1822. Avec la publication de Cinq-Mars en 1826, il contribue au développement du roman historique français. Ses traductions versifiées de Shakespeare s'inscrivent dans le drame romantique, de même que sa pièce Chatterton (1835). Son œuvre se caractérise par un pessimisme fondamental, et une vision désenchantée de la société. Il développe à plusieurs reprises le thème du paria, incarné par le poète, le prophète, le noble, Satan et le soldat. Sa poésie est empreinte d'un stoïcisme hautain, qui s'exprime en vers denses et dépouillés, souvent riches en symboles, annonçant la modernité poétique de Baudelaire, Verlaine et Mallarmé. |
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Chatterton |
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Je viens d’achever cet ouvrage austère dans le silence d’un travail de dix-sept nuits. Les bruits de chaque jour l’interrompaient à peine, et, sans s’arrêter, les paroles ont coulé dans le moule qu’avait creusé ma pensée. A présent que l’ouvrage est accompli, frémissant encore des souffrances qu’il m’a causées, et dans un recueillement aussi saint que la prière, je le considère avec tristesse, et je me demande s’il sera inutile ou s’il sera écouté des hommes. - Mon âme s’effraie pour eux en considérant combien il faut de temps à la plus simple idée d’un seul pour pénétrer dans les coeurs de tous. Il y a un jeu atroce, commun aux enfants du Midi; tout le monde le sait. On forme un cercle de charbons ardents; on saisit un scorpion avec des pinces et on le pose au centre. Il demeure d’abord immobile jusqu’à ce que la chaleur le brûle; alors il s’effraie et s’agite. On rit. Il se décide vite, marche droit à la flamme, et tente courageusement de se frayer une route à travers les charbons; mais la douleur est excessive, il se retire. - On rit. - Il fait lentement le tour du cercle et cherche partout un passage impossible. Alors il revient au centre et rentre dans sa première mais plus sombre immobilité. Enfin il prend son parti, retourne contre lui-même son dard empoisonné, et tombe mort sur-le-champ. On rit plus fort que jamais. C’est lui sans doute qui est cruel et coupable? Et ces enfants sont bons et innocents. Quand un homme meurt de cette manière, est-il donc suicidé? C’est la société qui le jette dans le brasier. |
Journal d'un poète |
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Le More de Venise, Othello |
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Il y a précisément dix ans que je fis monter le More de Venise sur la scène française. Dix ans! Les faits de ce temps sont presque de l'histoire. Dix ans! Ce fut la durée d'un empire et de quelques constitutions; ce qu'il y a de plus ou de moins dans le chiffre ne vaut pas la peine qu'on le discute. [...] Cette traduction est la seule qui ait jamais été représentée sur la scène française. [...] Comme rien ne se perd en France, j'ai la confiance que peu à peu s'y construira un monument pareil à celui que possède l'Allemagne, une traduction en vers, et propre à la scène, de toutes les oeuvres de Shakspeare. La première pierre en fut posée avec effort par Othello; elle restera où elle est. Ce sera, j'espère, le théâtre lui-même qui achèvera cet ouvrage. Déjà, et depuis longtemps sont prêts, parmi nous, plusieurs chefs-d'oeuvre de Shakspeare, traduits en vers, et préparés par des poètes qui unissent à leurs beaux talents un amour de l'art assez généreux pour faire abnégation, pour un jour, de leur propre renommée. [...] Sans, doute nos grands maîtres nous ont laissé un magnifique trésor national; mais enfin, il n'est pas inépuisable, et l'on sentira de plus en plus la nécessité d'ajouter des tableaux aux nôtres, comme à l'École française nos musées ont joint les chefs-d'oeuvre des Écoles italiennes, flamandes et espagnoles. Les exclusions étroites ne sont pas dans le génie de noire glorieuse nation, et lorsque, aux applaudissemens universels, on a construit une salle, j'ai presque dit une sainte chapelle, pour une copie de Michel-Ange, on saura bien ouvrir les salles anciennes aux copies de Shakspeare, de Calderon, de Lope de Vega, de Goëthe, de Shiller, ou de tel autre poète adoré par les nations civilisées. |
Les destinées |
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Les Destinées : poëmes philosophiques, est un recueil de poèmes philosophiques, lesquels relèvent d’un genre ancien aux caractéristiques très variables. Ces poèmes ont été écrits par Alfred de Vigny, entre 1838 et 1863. Six poèmes paraissent, pendant et après sa campagne académique, dans la Revue des deux Mondes et onze au total sont réunis dans le volume définitif publié à Paris en 1864. Au fil des années, non sans de longues parenthèses mais jusqu’aux derniers mois de sa vie, le poète travaille à un recueil futur dont il revoit le plan à plusieurs reprises, encore que ce plan, aux yeux de certains commentateurs, reste incertain. À sa mort, Vigny laisse donc une suite de textes qui, touchant à des problèmes différents, ne sont pas liés entre eux de manière explicite et peuvent être lus de multiples façons. Il est notamment possible de les relier aux champs philosophiques traditionnels qu’ils abordent, avant de repérer les échos qu’ils ont suscités depuis leur publication. On a longtemps pensé et écrit que Vigny était l’inventeur du « poème philosophique » alors qu’il n’en est rien : si l’auteur des Destinées a créé l’appellation, il n’a pas créé le genre. Dominique Combe en fait remonter l’origine à Hésiode et aux présocratiques, avant de montrer qu’on peut en repérer les manifestations, au fil des époques, jusqu’à nos jours. Après avoir précisé quelques constantes nécessaires à l’appréhension du genre en question, Dominique Combe souligne l’extrême souplesse de cel |
Poèmes antiques et modernes |
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Les poèmes antiques et modernes est un recueil de poésies par Alfred de Vigny. Il parut pour la première fois sous le simple titre de Poèmes. L'auteur le remania et le compléta, puis lui donna le titre définitif en 1826. Ce volume forme, avec le recueil posthume des Destinées (1864), toute l'œuvre poétique de Vigny. Les pièces qui le composent sont classées de la façon suivante : poèmes mystiques (Moïse, Eloa, le Déluge) ; poèmes antiques (la Fille de Jephté, la Femme adultère, le Bain de Suzanne, le Somnanbule, la Dryade, Smytha, le Bain d'une dame romaine) ; poèmes modernes (Dolorida, la Prison, Madame de Soubise, la Neige, le Cor, le Bal, le Trappiste, la frégate la Sérieuse ou la plainte du capitaine, les Amant de Montmorency, Paris). La forme dont le poète use le plus fréquemment est celle du symbole. La philosophie qu'il exprime est marqué du pessimisme le plus complet ; il se sent seul et autour de lui, il n'aperçoit que des hommes indifférents ou hostiles et une nature impassible. Tout être souffre ; tout être supérieur souffre supérieurement ; le génie est donc particulièrement désigné pour souffrir. Contre tant de misère qui accable l'homme, Vigny ne trouve d'autre remède qu'une hautaine résignation. |
Servitude et grandeur militaire |
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Servitude et grandeur militaires est un recueil d'Alfred de Vigny publié en 1835, comprenant trois nouvelles : Laurette ou le Cachet rouge, La Veillée de Vincennes, La Vie et la mort du Capitaine Renaud ou la Canne de jonc. |
Stello |
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Stello est né le plus heureusement du monde et protégé par l’étoile du ciel la plus favorable. Tout lui a réussi, dit-on, depuis son enfance. [...] Cependant il se trouve des jours dans l’année où il est saisi d’une sorte de souffrance chagrine que la moindre peine de l’âme peut faire éclater, et dont il sent les approches quelques jours d’avance. C’est alors qu’il redouble de vie et d’activité pour conjurer l’orage, comme font tous les êtres vivants qui pressentent un danger. Tout le monde, alors, est bien vu de lui et bien accueilli; il n’en veut à qui que ce soit, de quoi que ce soit. [...] Dans cet état, qui précède des douleurs nerveuses auxquelles ne croient jamais les hommes robustes et rubiconds dont les rues sont pleines, il était couché tout habillé sur un canapé, lorsque, par un grand bonheur, la porte de sa chambre s’ouvrit et il vit entrer le Docteur Noir. |