Année de parution : 1890 Musardise: action de celui qui musarde.
Musarder: perdre son temps à des riens.
C'est là ce que tu trouveras dans le dictionnaire, Ami Lecteur. Et là-dessus tu n'auras pas grande estime pour un volume de vers qui s'appelle: les Musardises, c'est-à-dire les bagatelles, les enfantillages, les riens.
Mais pour peu que tu sois un érudit, un lettré ayant connaissance des mots de ta langue et de leur sens exact, ce titre ne sera pas pour te déplaire. Même il t'apparaitra comme seyant bien à un recueil de poétiques essais.
Tu sauras que musardise, - musardie, comme on disait au vieux temps, - signifie rêvasserie douce, chère flânerie, paresseuse délectation à contempler un objet ou une idée: car l'esprit musarde autant que les yeux, si ce n'est plus.
Tu sauras que, suivant certaines étymologies, musarder veut dire avoir le museau en l'air: ce qui est bien le fait du poète, lequel, comme on sait, regarde tellement là-haut que souvent il trébuche et se jette dans des trous.
Tu sauras qu'au temps jadis les musards étaient de certains bateleurs et jongleurs, provençaux d'origine, qui s'en allaient de par le monde en récitant des vers...
Tu ne pourras être étonné que sous un titre qui ne semble convenir qu'à de très légères poésies, je me sois permis quelquefois des tristesses ou des mélancolies, puisqu'en la langue wallone muzer a pour sens: être triste.
Enfin tu comprendras tout à fait le choix que j'ai fait de ce mot, te souvenant que le savant Huet le faisait venir du latin musa, - qui, comme on le sait, signifie: la Muse.