Lettres à Melle Volland
Année de parution : 1759 Vers 1755, Diderot était enfin célèbre. L'homme "sans qualité qui faisait le bel esprit et trophée d'impiété", dénoncé par l'abbé Pierre Hardy, curé de Saint Médard, "le garçon plein d'esprit mais extrêmement dangereux" qu'un exempt signalait au lieutenant de police Berryer, tenait, sans conteste, à Paris, le premier rang dans la secte philosophique. La publication de l'Encyclopédie se poursuivait à travers mille obstacles. La famille de Diderot semblait seule lui garder rancune de l'éclat qu'il jetait sur un nom si longtemps obscur, lorsque le vieux coutelier de Langres, "dont l'âge et la faible santé ne promettaient pas une longue vie", désira tout à coup revoir sa bru et embrasser Marie-Angélique, l'unique enfant qui restait à son fils. "J'avais quatre ou cinq ans, dit Mme de Vandeul; pendant les trois mois que nous restâmes en Champagne, mon père se lia avec Mme Volland, veuve d'un financier; il prit pour sa fille une passion qui a duré jusqu'à la mort de l'un et de l'autre." |