Les opinions de Jérôme Coignard
Année de parution : 1893 Ce Tournebroche professait pour celui qu’il avait l’habitude de nommer son bon maître une admiration vive et tendre. « C’est, disait-il, le plus gentil esprit qui ait jamais fleuri sur la terre. » Il rédigea avec modestie et fidélité les mémoires de M. l’abbé Coignard, qui revit dans cet ouvrage comme Socrate dans les Mémorables de Xénophon. Attentif, exact et bienveillant, il fit un portrait plein de vie et tout empreint d’une amoureuse fidélité. C’est un ouvrage qui fait songer à ces portraits d’Érasme, peints par Holbein, qu’on voit au Louvre, au musée de Bâle et à Hampton-Court, et dont on ne se lasse point de goûter la finesse. Bref, il nous laissa un chef-d’œuvre. Jacques Tournebroche ne se contenta pas de faire connaître les actions et les maximes de son maître dans un récit suivi. Il prit soin encore de recueillir plusieurs discours et entretiens de M. l’abbé Coignard qui n’avaient point trouvé place dans les mémoires (c’est le vrai nom qu’il convient de donner à la Rôtisserie de la Reine Pédauque), et il en forma un petit cahier qui m’est tombé entre les mains avec ses autres papiers. C’est ce cahier que je fais imprimer aujourd’hui sous ce titre: les Opinions de M. Jérôme Coignard. Le bon et gracieux accueil fait par le public au précédent ouvrage de Jacques Tournebroche m’encourage à donner tout de suite ces dialogues dans lesquels l’ancien bibliothécaire de M. de Séez se retrouve avec son indulgente sagesse et cette sorte de scepticisme généreux où tendent ses considérations sur l’homme, si mêlées de mépris et de bienveillance. |