Citations de Citadelle, de Antoine de Saint-Exupéry
15 Citations
Il n'est point de paysage découvert du haut des montagnes si nul n'en a gravi la pente, car ce paysage n'est point spectacle mais domination.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 22/01/2021
La chenille meurt quand elle forme sa chrysalide. La plante meurt quand elle monte en graine. Quiconque mue connaît la tristesse et l'angoisse. Tout en lui se fait inutile.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 22/01/2021
Je te l'ai déjà dit. Erreur de l'un, réussite de l'autre, ne t'inquiète point de ces divisions. Il n'est de fertile que la grande collaboration de l'un à travers l'autre. Et le geste manqué sert le geste qui réussit. Et le geste qui réussit montre le but qu'ils poursuivaient ensemble à celui-là qui a manqué le sien.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 22/01/2021
Créer, c'est manquer peut-être ce pas dans la danse. C'est donner de travers ce coup de ciseau dans la pierre. Peu importe le destin du geste.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 22/01/2021
Je n'aime pas les sédentaires du coeur. Ceux-là qui n'échangent rien ne deviennent rien. Et la vie n'aura point servi à les mûrir. Et le temps coule pour eux comme la poignée de sable et les perd.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 22/01/2021
Nous découvrions que la vie n'a de sens que si on l'échange peu à peu. La mort du jardinier n'est rien qui lèse un arbre. Mais si tu menaces l'arbre, alors meurt deux fois le jardinier. Et il y avait parmi nous un vieux conteur qui connaissait les plus beaux contes du désert. Et qui les avait embellis. Et qui était seul à les connaître n'ayant point de fils. Et tandis que la terre commençait de glisser il tremblait pour de pauvres contes qui jamais plus ne seraient chantés par personne.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 22/01/2021
Et tu l'as vu toi-même des constellations: celle-là est un cygne. Mais l'autre eût pu t'y montrer une femme couchée. Il vient trop tard. Nous ne nous évaderons jamais plus du cygne. Le cygne inventé nous a saisis.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021
Quand on habite le navire, on ne voit plus la mer. Ou, si l'on aperçoit la mer, elle n'est plus qu'ornement du navire. Tel est le pouvoir de l'esprit. La mer lui parut faite pour porter le navire.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021
Il est toujours possible de jeter bas le temple et d'en prélever les pierres pour un autre temple. Et l'autre n'est ni plus vrai, ni plus faux, ni plus juste, ni plus injuste. Et nul ne connaîtra le désastre, car la qualité du silence ne s'est pas inscrite dans le tas de pierres.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021
Je sais trop bien qu'en assemblant des pierres c'est du silence que l'on crée. Lequel ne se lisait point dans les pierres.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021
Ainsi ai-je longtemps médité sur le sens de la paix. Elle ne vient que des enfants nés, que des moissons faites, que de la maison enfin rangée. Elle vient de l'éternité où rentrent les choses accomplies. Paix des granges pleines, des brebis qui dorment, des linges plies, paix de la seule perfection, paix de ce qui devient cadeau à Dieu, une fois bien fait.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021
J'interdis que l'on interroge, sachant qu'il n'est jamais de réponse qui désaltère. Celui qui interroge, ce qu'il cherche d'abord c'est l'abîme.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021
L'arbre n'est point semence, puis tige, puis tronc flexible, puis bois mort. Il ne faut point le diviser pour le connaître. L'arbre, c'est cette puissance qui lentement épouse le ciel.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021
L'essentiel de la caravane, tu le découvres quand elle se consume. Oublie le vain bruit des paroles et vois: si le précipice s'oppose à sa marche, elle contourne le précipice, si le roc se dresse, elle l'évite, si le sable est trop fin, elle cherche ailleurs un sable dur, mais toujours elle reprend la même direction. Si le sel d'une saline craque sous le poids de ses fardeaux, tu la vois qui s'agite, désembourbe ses bêtes, tâtonne pour trouver une assise solide, mais bientôt rentre en ordre, une fois de plus, dans sa direction primitive. Si une monture s'abat on fait halte, on ramasse les caisses brisées, on en charge une autre monture, on tire pour les amarrer bien sur le noeud de corde craquante, puis l'on reprend la même route. Parfois meurt celui-là qui servait de guide. On l'entoure. On l'enfouit dans le sable. On dispute. Puis on en pousse un autre au rang de conducteur et l'on met le cap une fois encore sur le même astre. La caravane se meut ainsi nécessairement dans une direction qui la domine, elle est pierre pesante sur une pente invisible.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021
Il fut un âge aussi où j'eus pitié des morts. Croyant que celui-là que je sacrifiais dans son désert sombrait dans une solitude désespérée, n'ayant point encore entrevu qu'il n'est jamais de solitude pour ceux qui meurent.
Extrait de: Citadelle (1948)
Ajoutée par Savinien le 18/01/2021