Citations de Les femmes savantes, de Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte IV, Scène 3

J'ai cru jusques ici que c'était l'ignorance
Qui faisait les grands sots, et non pas la science.

Vous avez cru fort mal, et je vous suis garant,
Qu'un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte IV, Scène 2

Il en est, et plusieurs, que pour le bel esprit
Le mauvais goût du siècle a su mettre en crédit:
Mais Monsieur Trissotin n'a pu duper personne,
Et chacun rend justice aux écrits qu'il nous donne.
Hors céans, on le prise en tous lieux ce qu'il vaut;
Et ce qui m'a vingt fois fait tomber de mon haut,
C'est de vous voir au ciel élever des sornettes,
Que vous désavoueriez, si vous les aviez faites.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte IV, Scène 2

Vos charmes ont d'abord possédé tout mon coeur.
Il a brûlé deux ans d'une constante ardeur;
Il n'est soins empressés, devoirs, respects, services,
Dont il ne vous ait fait d'amoureux sacrifices.
Tous mes feux, tous mes soins ne peuvent rien sur vous,
Je vous trouve contraire à mes voeux les plus doux;
Ce que vous refusez, je l'offre au choix d'une autre.
Voyez. Est-ce, Madame, ou ma faute, ou la vôtre?
Mon coeur court-il au change, ou si vous l'y poussez?
Est-ce moi qui vous quitte, ou vous qui me chassez?

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte III, Scène 6

J'aime à vivre aisément, et dans tout ce qu'on dit
Il faut se trop peiner, pour avoir de l'esprit.
C'est une ambition que je n'ai point en tête,
Je me trouve fort bien, ma mère, d'être bête,
Et j'aime mieux n'avoir que de communs propos,
Que de me tourmenter pour dire de beaux mots.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte III, Scène 2

Quoi, sans émotion pendant cette lecture?
Vous faites là, ma nièce, une étrange figure!

Chacun fait ici-bas la figure qu'il peut,
Ma tante; et bel esprit, il ne l'est pas qui veut.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte II, Scène 9

J'aime fort le repos, la paix, et la douceur,
Et ma femme est terrible avec son humeur.
Du nom de philosophe elle fait grand mystère,
Mais elle n'en est pas pour cela moins colère;
Et sa morale faite à mépriser le bien,
Sur l'aigreur de sa bile opère comme rien.
Pour peu que l'on s'oppose à ce que veut sa tête,
On en a pour huit jours d'effroyable tempête.
Elle me fait trembler dès qu'elle prend son ton.
Je ne sais où me mettre, et c'est un vrai dragon;
Et cependant avec toute sa diablerie,
Il faut que je l'appelle, et « mon coeur », et « ma mie ».

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte II, Scène 7

Je n'aime point céans tous vos gens à latin,
Et principalement ce Monsieur Trissotin.
C'est lui qui dans des vers vous a tympanisées,
Tous les propos qu'il tient sont des billevesées,
On cherche ce qu'il dit après qu'il a parlé,
Et je lui crois, pour moi, le timbre un peu fêlé.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte II, Scène 7

Mes gens à la science aspirent pour vous plaire,
Et tous ne font rien moins que ce qu'ils ont à faire;
Raisonner est l'emploi de toute ma maison,
Et le raisonnement en bannit la raison;
L'un me brûle mon rôt en lisant quelque histoire,
L'autre rêve à des vers quand je demande à boire;
Enfin je vois par eux votre exemple suivi,
Et j'ai des serviteurs, et ne suis point servi.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte II, Scène 5

Me voilà bien chanceuse! Hélas l'on dit bien vrai:
Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage,
Et service d'autrui n'est pas un héritage.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte I, Scène 3

Un amant fait sa cour où s'attache son coeur,
Il veut de tout le monde y gagner la faveur;
Et pour n'avoir personne à sa flamme contraire,
Jusqu'au chien du logis il s'efforce de plaire.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte I, Scène 2

Vos attraits m'avaient pris, et mes tendres soupirs
Vous ont assez prouvé l'ardeur de mes désirs:
Mon coeur vous consacrait une flamme immortelle,
Mais vos yeux n'ont pas cru leur conquête assez belle;
J'ai souffert sous leur joug cent mépris différents,
Ils régnaient sur mon âme en superbes tyrans,
Et je me suis cherché, lassé de tant de peines,
Des vainqueurs plus humains, et de moins rudes chaînes.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte I, Scène 1

Votre esprit à l'hymen renonce pour toujours,
Et la philosophie a toutes vos amours:
Ainsi n'ayant au coeur nul dessein pour Clitandre,
Que vous importe-t-il qu'on y puisse prétendre?

Cet empire que tient la raison sur les sens,
Ne fait pas renoncer aux douceurs des encens;
Et l'on peut pour époux refuser un mérite
Que pour adorateur on veut bien à sa suite.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte I, Scène 1

Quand sur une personne on prétend se régler,
C'est par les beaux côtés qu'il lui faut ressembler.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte I, Scène 1

Le Ciel, dont nous voyons que l'ordre est tout-puissant,
Pour différents emplois nous fabrique en naissant;
Et tout esprit n'est pas composé d'une étoffe
Qui se trouve taillée à faire un philosophe.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Acte I, Scène 1

Mon Dieu, que votre esprit est d'un étage bas!
Que vous jouez au monde un petit personnage,
De vous claquemurer aux choses du ménage,
Et de n'entrevoir point de plaisirs plus touchants,
Qu'un idole d'époux, et des marmots d'enfants!
Laissez aux gens grossiers, aux personnes vulgaires,
Les bas amusements de ces sortes d'affaires.

Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)