Citations de Les travailleurs de la mer, de Victor Hugo
4 Citations
Il y a de certaines arrivées au fond de l'abîme qui vous retirent du milieu des vivants. Les gens qui vont et viennent dans votre chambre sont confus et indistincts; ils vous coudoient sans parvenir jusqu'à vous. Vous leur êtes inabordable et ils vous sont inaccessibles. Le bonheur et le désespoir ne sont pas les mêmes milieux respirables: désespéré, on assiste à la vie des autres de très loin; on ignore presque leur présence; on perd le sentiment de sa propre existence; on a beau être en chair et en os, on ne se sent plus réel; on n'est plus pour soi-même qu'un songe.
Par: Victor Hugo
Extrait de: Les travailleurs de la mer (1866)
Ajoutée par Savinien le 23/05/2014
La beauté me fait du bien en étant belle. Telle créature a cette féerie d'être pour tout ce qui l'entoure un enchantement; quelquefois elle n'en sait rien elle-même, ce n'en est que plus souverain; sa présence éclaire, son approche réchauffe; elle passe, on est content, elle s'arrête, on est heureux; la regarder, c'est vivre; elle est de l'aurore ayant la figure humaine; elle ne fait pas autre chose que d'être là, cela suffit, elle édénise la maison, il lui sort par tous les pores un paradis; cette extase, elle la distribue à tous sans se donner d'autre peine que de respirer à côté d'eux. Avoir un sourire qui, on ne sait comment, diminue le poids de la chaîne énorme traînée en commun par tous les vivants, que voulez-vous que je vous dise, c'est divin.
Par: Victor Hugo
Extrait de: Les travailleurs de la mer (1866)
Ajoutée par Savinien le 06/05/2014
Le corps humain pourrait bien n'être qu'une apparence. Il cache notre réalité. Il s'épaissit sur notre lumière ou sur notre ombre. La réalité c'est l'âme. A parler absolument, notre visage est un masque. Le vrai homme, c'est ce qui est sous l'homme. Si l'on apercevait cet homme là, tapi ou abrité derrière cette illusion qu'on nomme la chair, on aurait plus d'une surprise. L'erreur commune, c'est de prendre l'être extérieur pour l'être réel.
Par: Victor Hugo
Extrait de: Les travailleurs de la mer (1866)
Ajoutée par Savinien le 06/05/2014
Tant qu'on est deux, la vie est possible. Seul, il semble qu'on ne pourra plus la traîner. On renonce à tirer. C'est la première forme du désespoir. Plus tard on comprend que le devoir est une série d'acceptations. On regarde la mort, on regarde la vie, et l'on consent. Mais c'est un consentement qui saigne.
Par: Victor Hugo
Extrait de: Les travailleurs de la mer (1866)
Ajoutée par Savinien le 06/05/2014