Citations de Ruy Blas, de Victor Hugo

16 Citations

Acte V, Scène 3


Je dis que c'est assez de trahison ainsi,
Et que je ne veux pas de mon bonheur! - Merci!
- Ah! Vous avez eu beau me parler à l'oreille! -
Je dis qu'il est bien temps qu'enfin je me réveille,
Quoique tout garrotté dans vos complots hideux,
Et que je n'irai pas plus loin, et qu'à nous deux,
Monseigneur, nous faisons un assemblage infâme.
J'ai l'habit d'un laquais, et vous en avez l'âme!


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 12/02/2011

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Acte IV, Scène 5


Vous, vous m'amusez fort. Et vous m'avez tout l'air
D'un jaloux. Je vous plains énormément, mon cher.
Car le mal qui nous vient des vices qui sont nôtres
Est pire que le mal que nous font ceux des autres.
J'aimerais mieux encore, et je le dis à vous,
Etre pauvre qu'avare et cocu que jaloux.
Vous êtes l'un et l'autre au reste. Sur mon âme,
J'attends encore ce soir madame votre femme.


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 12/02/2011

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Acte II, Scène 2


Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là
Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile;
Qui souffre, ver de terre amoureux d'une étoile;
Qui pour vous donnera son âme, s'il le faut;
Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut.


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 12/02/2011

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Acte II, Scène 1


Je voudrais regarder un jeune homme,
Madame! Cette cour vénérable m'assomme.
Je crois que la vieillesse arrive par les yeux,
Et qu'on vieillit plus vite à voir toujours des vieux!


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte II, Scène 1


Sa lèvre n'était pas comme celle des autres.
C'est la dernière fois que je l'ai vu. Depuis,
J'y pense très souvent. J'ai bien d'autres ennuis,
C'est égal, je me dis: - l'enfer est dans cette âme.
Devant cet homme-là je ne suis qu'une femme. -
Dans mes rêves, la nuit, je rencontre en chemin
Cet effrayant démon qui me baise la main;
Je vois luire son oeil d'où rayonne la haine;
Et, comme un noir poison qui va de veine en veine,
Souvent, jusqu'à mon coeur qui semble se glacer,
Je sens en lents frissons courir son froid baiser!


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 3


Te fuir! - Moi qui n'ai pas souffert, n'aimant personne,
Moi, pauvre grelot vide où manque ce qui sonne,
Gueux, qui vais mendiant l'amour je ne sais où,
A qui de temps en temps le destin jette un sou,
Moi, coeur éteint, dont l'âme, hélas! S'est retirée,
Du spectacle d'hier affiche déchirée,
Vois-tu, pour cet amour dont tes regards sont pleins,
Mon frère, je t'envie autant que je te plains!


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 3


Espérer! Mais tu ne sais rien encore.
Vivre sous cet habit qui souille et déshonore,
Avoir perdu la joie et l'orgueil, ce n'est rien.
Etre esclave, être vil; qu'importe? - Ecoute bien:
Frère! Je ne sens pas cette livrée infâme,
Car j'ai dans ma poitrine une hydre aux dents de flamme,
Qui me serre le coeur dans ses replis ardents.
Le dehors te fait peur? Si tu voyais dedans!


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 3


Oui, je le sais, la faim est une porte basse!
Et par nécessité, lorsqu'il faut qu'il y passe,
Le plus grand est celui qui se courbe le plus.
Mais le sort a toujours son flux et reflux.
Espère.


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 2


Hum! Visage de traître!
Quand la bouche dit oui, le regard dit peut-être.


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 2


De vos bienfaits je n'aurai nulle envie,
Tant que je trouverai, vivant ma libre vie,
Aux fontaines de l'eau, dans les champs le grand air,
A la ville un voleur qui m'habille l'hiver,
Dans mon âme l'oubli des prospérités mortes,
Et devant vos palais, monsieur, de larges portes
Où je puis, à midi, sans soucis du réveil,
Dormir, la tête à l'ombre et les pieds au soleil!
- Adieu donc. - De nous deux Dieu sait quel est le juste.
Avec les gens de cour, vos pareils, don Salluste,
Je vous laisse, et je reste avec mes chenapans.
Je vis avec les loups, non avec les serpents.


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 2


N'ajoutez pas un mot, c'est outrageant.
Gardez votre secret, et gardez votre argent.
Oh! Je comprends qu'on vole, et qu'on tue et qu'on pille;
Que par une nuit noire on force une bastille,
D'assaut, la hache au poing, avec cent flibustiers;
Qu'on égorge estafiers, geôliers et guichetiers,
Tous, taillant et hurlant, en bandits que nous sommes,
Oeil pour oeil, dent pour dent, c'est bien! Hommes contre hommes!
Mais doucement détruire une femme! Et creuser
Sous ses pieds une trappe! Et contre elle abuser,
Qui sait? De son humeur peut-être hasardeuse!
Prendre ce pauvre oiseau dans quelque glu hideuse!
Oh! Plutôt qu'arriver jusqu'à ce déshonneur,
Plutôt qu'être, à ce prix, un riche et haut seigneur,
- Et je le dis ici pour Dieu qui voit mon âme, -
J'aimerais mieux, plutôt qu'être à ce point infâme,
Vil, odieux, pervers, misérable et flétri,
Qu'un chien rongeât mon crâne au pied du pilori!


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 2


Ne m'en dites pas plus. Halte-là! - Sur mon âme,
Mon cousin, en ceci voilà mon sentiment:
Celui qui, bassement et tortueusement,
Se venge, ayant le droit de porter une lame,
Noble, par une intrigue, homme, sur une femme,
Et qui, né gentilhomme, agit en alguazil,
Celui-là, - fût-il grand de Castille, fût-il
Suivi de cent clairons sonnant des tintamarres,
Fût-il tout harnaché d'ordres et de chamarres,
Et marquis, et vicomte, et fils des anciens preux, -
N'est pour moi qu'un maraud sinistre et ténébreux
Que je voudrais, pour prix de sa lâcheté vile,
Voir pendre à quatre clous au gibet de la ville!


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 2


Je n'aurai jamais honte
De mettre un bon pourpoint, brodé, passementé,
Qui me tient chaud l'hiver et me fait beau l'été.
- Voyez, il est tout neuf. - Les poches en sont pleines
De billets doux au comte adressés par centaines.
Souvent, pauvre, amoureux, n'ayant rien sous la dent,
J'avise une cuisine au soupirail ardent
D'où la vapeur des mets aux narines me monte;
Je m'assieds là, j'y lis les billets doux du comte,
Et, trompant l'estomac et le coeur tour à tour,
J'ai l'odeur du festin et l'ombre de l'amour!


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 10/02/2011

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Acte I, Scène 2


Quel est donc ce brigand, qui, là-bas, nez au vent,
Se carre, l'oeil au guet et la hanche en avant,
Plus délabré que Job et plus fier que Bragance,
Frappant sa gueuserie avec son arrogance,
Et qui, froissant du poing sous sa manche en haillons,
L'épée à lourd pommeau qui lui bat les talons,
Promène, d'une mine altière et magistrale,
Sa cape en dents de scie et ses bas en spirale?


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 08/02/2011

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On peut prendre plusieurs vues d'une idée comme d'une montagne. Cela dépend du lieu où l'on se place.


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 08/02/2011

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Oublié et abandonné de tous, excepté de ses créanciers, le pauvre gentilhomme devient alors ce qu'il peut; un peu aventurier, un peu spadassin, un peu bohémien. Il s'enfonce et disparaît dans la foule, grande masse terne et noire qu'il a, jusqu'à ce jour à peine entrevue sous ses pieds. Il s'y plonge, il s'y réfugie. Il n'a plus d'or, mais il lui reste le soleil, cette richesse de ceux qui n'ont rien.


Par: Victor Hugo

Extrait de: Ruy Blas (1838)

Ajoutée par Savinien le 08/02/2011

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