Citations de Cyrano de Bergerac, de Edmond Rostand

30 Citations

Acte I, Scène 4


Ah! Non! C'est un peu court, jeune homme!
On pouvait dire... Oh! Dieu!... Bien des choses en somme...
En variant le ton, — par exemple, tenez:
Agressif: « Moi, monsieur, si j'avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l'amputasse! »
Amical: « Mais il doit tremper dans votre tasse!
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap! »
Descriptif: « C'est un roc!... C'est un pic!... C'est un cap!
Que dis-je, c'est un cap?... C'est une péninsule! »
Curieux: « De quoi sert cette oblongue capsule?
D'écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux? »
Gracieux: « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes? »
Truculent: « Çà, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée? »
Prévenant: « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol! »
Tendre: « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane! »
Pédant: « L'animal seul, monsieur, qu'Aristophane
Appelle Hippocampelephantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d'os! »
Cavalier: « Quoi, l'ami, ce croc est à la mode?
Pour pendre son chapeau, c'est vraiment très commode! »
Emphatique: « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier, excepté le mistral! »
Dramatique: « C'est la Mer Rouge quand il saigne! »
Admiratif: « Pour un parfumeur, quelle enseigne! »
Lyrique: « Est-ce une conque, êtes-vous un triton? »
Naïf: « Ce monument, quand le visite-t-on? »
Respectueux: « Souffrez, monsieur, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue! »
Campagnard: « Hé, ardé! C'est-y un nez? Nanain!
C'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain! »
Militaire: « Pointez contre cavalerie! »
Pratique: « Voulez-vous le mettre en loterie?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot:

« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie! Il en rougit, le traître! »
- Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit:
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot: sot!
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Cyrano-Savinien-Hercule De Bergerac le 10/05/2021

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Acte I, Scène 4


La ballade, donc, se compose de trois
Couplets de huit vers. . .

Oh!

Et d'un envoi de quatre...

Vous...

Je vais tout ensemble en faire une et me battre,
Et vous toucher, monsieur, au dernier vers.

Non!

Non?
(Déclamant.)
« Ballade du duel qu'en l'hôtel bourguignon
Monsieur de Bergerac eut avec un bélître ! »

Qu'est-ce que c'est que ça, s'il vous plaît ?

C'est le titre.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Cyrano-Savinien-Hercule De Bergerac le 10/05/2021

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Acte V, Scène 6


Que dites-vous?... C'est inutile?... Je le sais!
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès!
Non! Non! C'est bien plus beau lorsque c'est inutile!
- Qu'est-ce que c'est tous ceux-là? - Vous êtes mille?
Ah! Je vous reconnais, tous mes vieux ennemis!
Le Mensonge ?
Tiens, tiens! - Ha! Ha! Les Compromis!
Les Préjugés, les Lâchetés!...
Que je pactise?
Jamais, jamais! - Ah! Te voilà, toi, la Sottise!
- Je sais bien qu'à la fin vous me mettrez à bas;
N'importe: je me bats! Je me bats! Je me bats!


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 12/05/2020

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Acte III, Scène 3


Aïe! Au cœur, quel pincement bizarre!
-Baiser, festin d'amour dont je suis le Lazare!
Il me vient dans cette ombre une miette de toi, -
Mais oui, je sens un peu mon coeur qui te reçoit,
Puisque sur cette lèvre où Roxane se leurre
Elle baise les mots que j'ai dits tout à l'heure!


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 31/03/2020

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Acte II, Scène 2


- C'était le temps des jeux. . .
- Des mûrons aigrelets. . .
- Le temps où vous faisiez tout ce que je voulais!...
- Roxane, en jupons courts, s'appelait Madeleine...
- J'étais jolie, alors?
- Vous n'étiez pas vilaine.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 31/03/2020

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Acte V, Scène 6


J'ai fait votre malheur! Moi! Moi!

Vous?... Au contraire!
J'ignorais la douceur féminine. Ma mère
Ne m'a pas trouvé beau. Je n'ai pas eu de soeur.
Plus tard, j'ai redouté l'amante à l'oeil moqueur.
Je vous dois d'avoir eu, tout au moins, une amie.
Grâce à vous une robe a passé dans ma vie.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte V, Scène 6


« D'un coup d'épée,
Frappé par un héros, tomber la pointe au coeur! »
Oui, je disais cela!... Le destin est railleur!...
Et voila que je suis tué, par un laquais, d'un coup de bûche!
C'est très bien. J'aurai tout manqué, même ma mort.

Ah! Monsieur!

Ragueneau, ne pleure pas si fort!...


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte V, Scène 6


Mais tout à l'heure alors ... Cette faiblesse? Cette? ...

C'est vrai! Je n'avais pas terminé ma gazette:
... Et samedi vingt six, une heure avant dîner,
Monsieur de Bergerac est mort, assassiné.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte II, Scène 7


Il est des plus experts.
Il vous corrigera seulement quelques vers...

Impossible, Monsieur; mon sang se coagule
En pensant qu'on y peut changer une virgule.

Mais quand un vers lui plaît, en revanche, mon cher,
Il le paye très cher.

Il le paye moins cher
Que moi, lorsque j'ai fait un vers, et que je l'aime,
Je me le paye, en me le chantant à moi-même!

Vous êtes fier.

Vraiment, vous l'avez remarqué?


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte I, Scène 4


Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule!

Ah? ... Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule
De Bergerac.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte V, Scène 6


Oui, vous m'arrachez tout, le laurier et la rose!
Arrachez! Il y a malgré vous quelque chose
Que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu,
Mon salut balaiera largement le seuil bleu,
Quelque chose que sans un pli, sans une tâche,
J'emporte malgré vous, et c'est...

C'est?

Mon panache.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte V, Scène 6


Oui, ma vie
Ce fut d'être celui qui souffle, - et qu'on oublie!
Vous souvient-il du soir où Christian vous parla
Sous le balcon? Eh bien! toute ma vie est là:
Pendant que je restais en bas, dans l'ombre noire,
D'autres montaient cueillir le baiser de la gloire!
C'est justice, et j'approuve au seuil de mon tombeau:
Molière a du génie et Christian était beau!


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte V, Scène 5


Ah! Que de choses qui sont mortes... qui sont nées!
- Pourquoi vous être tu pendant quatorze années,
Puisque sur cette lettre où, lui, n'était pour rien,
Ces pleurs étaient de vous ?

Ce sang était le sien.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte V, Scène 5


Depuis quatorze années,
Pour la première fois, en retard!

Oui, c'est fou!
J'enrage. Je fus mis en retard, vertuchou!...

Par?...

Par une visite assez inopportune.

Ah! oui! quelque fâcheux?

Cousine, c'était une
Fâcheuse.

Vous l'avez renvoyée?

Oui, j'ai dit:
Excusez-moi, mais c'est aujourd'hui samedi,
Jour où je dois me rendre en certaine demeure;
Rien ne m'y fait manquer, repassez dans une heure!

Eh bien! Cette personne attendra pour vous voir:
Je ne vous laisse pas partir avant ce soir.

Peut-être un peu plus tôt faudra-t-il que je parte.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte V, Scène 2


Oui, parfois, je l'envie.
- Voyez-vous, lorsqu'on a trop réussi sa vie,
On sent, - n'ayant rien fait, mon Dieu, de vraiment mal! -
Mille petits dégoûts de soi, dont le total
Ne fait pas un remords, mais une gêne obscure;
Et les manteaux de duc traînent dans leur fourrure,
Pendant que des grandeurs on monte les degrés,
Un bruit d'illusions sèches et de regrets,
Comme, quand vous montez lentement vers ces portes,
Votre robe de deuil traîne des feuilles mortes.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte V, Scène 2


Ah! Celui-là n'est pas parvenu! - C'est égal,
Ne le plaignez pas trop.

Monsieur le maréchal!...

Ne le plaignez pas trop: il a vécu sans pactes,
Libre dans sa pensée autant que dans ses actes.

Monsieur le duc!...

Je sais, oui: j'ai tout; il n'a rien...
Mais je lui serrerais bien volontiers la main.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte IV, Scène 9


Qu'elle choisisse!
Tu vas lui dire tout!

Non, non! Pas ce supplice.

Je tuerais ton bonheur parce que je suis beau?
C'est trop injuste!

Et moi, je mettrais au tombeau
Le tien parce que, grâce au hasard qui fait naître,
J'ai le don d'exprimer... Ce que tu sens, peut-être?


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte III, Scène 10


Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d'un peu se respirer le coeur,
Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme!


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte II, Scène 8


Fais tout haut l'orgueilleux et l'amer, mais, tout bas,
Dis-moi tout simplement qu'elle ne t'aime pas!

Tais-toi!


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte II, Scène 8


Eh bien! oui, c'est mon vice.
Déplaire est mon plaisir. J'aime qu'on me haïsse.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte II, Scène 8


Non, merci! Non, merci! Non merci! Mais... chanter.
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l'oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers!
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d'ailleurs, se dire: mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles!
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte II, Scène 7


un poète est un luxe, aujourd'hui, qu'on se donne.
- Voulez-vous être à moi ?

Non, Monsieur, à personne.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte II, Scène 7


Ce sont les cadets de Gascogne
De Carbon de Castel-Jaloux;
Bretteurs et menteurs sans vergogne,
Ce sont les cadets de Gascogne!

Parlant blason, lambel, bastogne,
Tous plus nobles que des filous,
Ce sont les cadets de Gascogne
De Carbon de castel-Jaloux.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte II, Scène 6


Cent hommes contre vous? Allons, adieu. - Nous
Sommes de grands amis!

Oui, oui.

Qu'il m'écrive! - Cent hommes! -
Vous me direz plus tard. Maintenant, je ne puis.
Cent hommes! Quel courage!

Oh! J'ai fait mieux depuis.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte I, Scène 5


Ah! non, cela, jamais! Non, ce serait trop laid,
Si le long de ce nez une larme coulait!
Je ne laisserai pas, tant que j'en serai maître,
La divine beauté des larmes se commettre
Avec tant de laideur grossière!... Vois-tu bien,
Les larmes, il n'est rien de plus sublime, rien,
Et je ne voudrais pas qu'excitant la risée,
Une seule, par moi, fut ridiculisée!...


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte I, Scène 5


Regarde-moi, mon cher, et dis quelle espérance
Pourrait bien me laisser cette protubérance!
Oh! Je ne me fais pas d'illusion! - Parbleu,
Oui, quelquefois, je m'attendris, dans le soir bleu;
J'entre dans quelque jardin où l'heure se parfume;
Avec mon pauvre grand diable de nez je hume
L'avril, - Je suis des yeux, sous un rayon d'argent,
Au bras d'un cavalier, quelque femme, en songeant
Que pour marcher, à petits pas, dans de la lune,
Aussi moi j'aimerais au bras en avoir une,
Je m'exalte, j'oublie... et j'aperçois soudain
L'ombre de mon profil sur le mur du jardin!


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte I, Scène 4


Je jette avec grâce mon feutre,
Je fais lentement l'abandon
Du grand manteau qui me calfeutre,
Et je tire mon espadon;
Elégant comme Céladon,
Agile comme Scaramouche,
Je vous préviens, cher Myrmidon,
Qu'à la fin de l'envoi je touche!


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte I, Scène 4


Je n'ai pas de gants?... La belle affaire!
Il m'en restait un seul... d'une très vieille paire!
Lequel m'était d'ailleurs encore fort importun:
Je l'ai laissé dans la figure de quelqu'un.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte II, Scène 3


Eh bien! Ecrivons là,
Cette lettre d'amour qu'en moi-même j'ai faite
Et refaite cent fois, de sorte qu'elle est prête,
Et que mettant mon âme à côté du papier,
Je n'ai tout simplement qu'à la recopier.


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Acte I, Scène 5


Mon ami, j'ai de mauvaises heures!
De me sentir si laid, parfois, tout seul...


Par: Edmond Rostand

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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