Citations de Discours de la servitude volontaire, de Etienne de La Boétie

13 Citations

Se peut-il donc faire, qu'il se trouve aucun, qui en si grand péril, avec si peu d'assurance, veuille prendre cette malheureuse place, de servir en si grande peine un si dangereux maître?
Quelle peine, quel martyr est-ce, Dieu! Etre nuit et jour pour songer plaire à un, et néanmoins se craindre de lui, plus que d'homme du monde; avoir toujours l'oeil au guet, pour épier d'où viendra le coup, pour découvrir les embûches, pour sentir la mine de ses compagnons, pour aviser qui le trahit: rire à chacun, se craindre de tous, n'avoir ni ennemi ouvert, ni ami assuré; ayant toujours le visage riant et le coeur transi; ne pouvoir être joyeux, et n'oser être triste!


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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Mais du tyran, ceux qui sont les favoris ne peuvent jamais avoir aucune assurance, de tant qu'il a appris d'eux-mêmes qu'il peut tout, et qu'il n'y a ni droit ni devoir qui l'oblige; faisant son état de compter sa volonté pour raison, et n'avoir aucun compagnon, mais d'être maître de tous.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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L'amitié, c'est un nom sacré, c'est une chose sainte: elle ne se met jamais qu'entre gens de bien, ne se prend que par une mutuelle estime; elle s'entretient, non tant par un bienfait, que par la bonne vie. Ce qui rend un ami assuré de l'autre, c'est la connaissance qu'il a de son intégrité: le répondant qu'il en a, c'est son bon naturel, la foi et la constance.
Il ne peut y avoir d'amitié là où est la cruauté, là où est la déloyauté, là où est l'injustice. Entre les méchants, quand ils s'assemblent, c'est un complot, non pas compagnie. Ils ne s'entretiennent pas, mais ils s'entre-craignent; Ils ne sont pas amis, mais ils sont complices.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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Ainsi le tyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres, et est gardé par ceux desquels, s'ils valaient rien, il se devrait garder: mais comme on dit, pour fendre le bois il se faut des coins du même bois.
Voilà ses gardes, voilà ses hallebardiers. Il n'est pas qu'eux-mêmes ne souffrent quelquefois de lui. Mais ces perdus, ces abandonnés de Dieu et des hommes, sont contents d'endurer du mal, pour en faire, non pas à celui qui leur en fait, mais à ceux qui en endurent comme eux et qui n'y peuvent rien.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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Dès lors qu'un roi s'est déclaré tyran, toute la lie du royaume, ceux qui sont taxés d'une ardente ambition et d'une notable avarice, s'amassent autour de lui et le soutiennent, pour avoir part au butin et être, sous le grand tyran, tyranneaux eux-mêmes.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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En somme, on en vient là par les faveurs, par les gains ou regains que l'on a avec les tyrans, qu'il se trouve quasi autant de gens auxquels la tyrannie semble être profitable qu'il y en a à qui la liberté serait agréable.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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La première raison pour laquelle les hommes servent volontiers, est qu'ils naissent serfs et sont nourris tels.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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On ne regrette jamais ce qu'on n'a jamais eu; et le regret ne vient point, sinon après le plaisir, et est toujours, avec la connaissance du bien, le souvenir de la joie passée.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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Soyez résolus de ne servir plus, et vous voila libre.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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De même pour les tyrans: plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur baille, plus on les sert, d'autant plus ils se fortifient, et deviennent toujours plus forts et plus frais pour anéantir et détruire tout.
Et si on ne leur baille rien, si on ne leur obéit point, sans combattre, sans frapper, ils demeurent nus et défaits, et ne sont plus rien, ainsi qu'une racine, n'ayant plus d'humeur et d'aliment, devient une branche sèche et morte.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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C'est le peuple qui s'asservit, qui se coupe la gorge; qui ayant le choix d'être sujet ou d'être libre, quitte sa franchise et prend le joug; qui consent à son mal, ou plutôt le pourchasse.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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Je voudrais seulement apprendre s'il est possible et comment il peut se faire que tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n'a de puissance que celle qu'on lui donne; qui n'a pouvoir de leur nuire, sinon celui qu'ils ont de vouloir l'endurer; qui ne saurait leur faire aucun mal, sinon lorsqu'ils aiment mieux le souffrir que le contredire.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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C'est un extrême malheur d'être sujet à un maître, duquel on ne peut jamais être assuré qu'il soit bon, puisqu'il est toujours en sa puissance d'être mauvais quand il le voudra; et avoir plusieurs maîtres c'est avoir autant de fois à être extrêmement malheureux.


Par: Etienne de La Boétie

Ajoutée par Savinien le 23/10/2010

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