Citations de Le misanthrope, de Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

9 Citations

Acte V, Scène 4


Puissiez-vous, pour goûter de vrais contentements,
L'un pour l'autre à jamais garder ces sentiments!
Trahi de toutes parts, accablé d'injustice,
Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices,
Et chercher sur la terre un endroit écarté
Où d'être homme d'honneur on ait la liberté.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories:

Acte V, Scène 1


Il aide à m'accabler d'un crime imaginaire!
Le voila devenu mon plus grand adversaire!
Et jamais de son coeur je n'aurai de pardon,
Pour n'avoir pas trouvé que son sonnet fut bon!
Et les hommes, morbleu! Sont faits de cette sorte!
C'est à ces actions que la gloire les porte!
Voila la bonne foi, le zèle vertueux,
La justice et l'honneur que l'on trouve chez eux!
Allons, c'est trop souffrir les chagrins qu'on nous forge:
Tirons-nous de ce bois et de ce coupe-gorge.
Puisque entre humains ainsi vous vivez en vrais loups,
Traîtres, vous ne m'aurez de ma vie avec vous.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories:

Acte III, Scène 4


Pour moi, contre chacun je pris votre défense,
Et leur assurait fort que c'était médisance;
Mais tous les sentiments combattirent le mien;
Et leur conclusion fut que vous feriez bien
De prendre moins de soin des actions des autres,
Et de vous mettre un peu plus en peine des vôtres;
Qu'on doit se regarder soi-même un fort long temps,
Avant que de songer à condamner les gens;
Qu'il faut mettre le poids d'une vie exemplaire
Dans les corrections qu'aux autres on veut faire.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories:

Acte III, Scène 1


C'est aux gens mal tournés, aux mérites vulgaires,
A brûler constamment pour des beautés sévères,
A languir à leurs pieds et souffrir leurs rigueurs,
A chercher le secours des soupirs et des pleurs,
Et tâcher, par des soins d'une très longue suite,
D'obtenir ce qu'on nie à leur peu de mérite.

Mais les gens de mon air, marquis, ne sont pas faits
Pour aimer à crédit, et faire tous les frais.
Quelque rare que soit le mérite des belles,
Je pense, Dieu merci! Qu'on vaut son prix comme elles,
Que pour se faire honneur d'un coeur comme le mien,
Ce n'est pas la raison qu'il ne leur coûte rien,
Et qu'au moins, à tout mettre en de justes balances,
Il faut qu'à frais communs se fassent les avances.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories:

Acte III, Scène 1


Je suis adroit; j'ai bon air, bonne mine,
Les dents belles surtout, et la taille fort fine.
Quant à se mettre bien, je crois, sans me flatter,
Qu'on serait mal venu de me le disputer.
Je me vois dans l'estime autant qu'on y puisse être,
Fort aimé du beau sexe, et bien auprès du maître.
Je crois qu'avec cela, mon cher marquis, je crois
Qu'on peut, par tout pays, être content de soi.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories:

Acte II, Scène 4


Il est guindé sans cesse; et dans tous ses propos,
On voit qu'il se travaille à dire de bons mots.
Depuis que dans la tête il s'est mis d'être habile,
Rien ne touche son goût, tant il est difficile;
Il veut voir des défauts à tout ce qu'on écrit,
Et pense que louer n'est pas d'un bel esprit,
Que c'est être savant que trouver à redire,
Qu'il n'appartient qu'aux sots d'admirer et de rire,
Et qu'en n'approuvant rien des ouvrages du temps,
Il se met au-dessus de tous les autres gens;
Aux conversations mêmes il trouve à reprendre:
Ce sont propos trop bas pour y daigner descendre;
Et les deux bras croisés, du haut de son esprit
Il regarde en pitié tout ce que chacun dit.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories:

Acte I, Scène 2


Mais je lui disais, moi, qu'un froid écrit assomme,
Qu'il ne faut que ce faible à décrier un homme,
Et qu'eût-on, d'autre part, cent belles qualités,
On regarde les gens par leurs méchants côtés.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories:

Acte I, Scène 2


Monsieur, cette matière est toujours délicate,
Et sur le bel esprit nous aimons qu'on nous flatte.
Mais un jour, à quelqu'un, dont je tairai le nom,
Je disais, en voyant des vers de sa façon,
Qu'il faut qu'un galant homme ait toujours grand empire
Sur les démangeaisons qui nous prennent d'écrire;
Qu'il doit tenir la bride aux grands empressements
Qu'on a de faire éclat de tels amusements;
Et que, par la chaleur de montrer ses ouvrages,
On s'expose à jouer de mauvais personnages.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories:

Acte I, Scène 1


Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous un éloge éclatant,
Lorsque au premier faquin il court en faire autant?
Non, non, il n'est point d'âme un peu bien située
Qui veuille d'une estime ainsi prostituée:
Et la plus glorieuse a des régals peu chers,
Dès qu'on voit qu'on nous mêle avec tout l'univers:
Sur quelque préférence une estime se fonde,
Et c'est n'estimer rien qu'estimer tout le monde.
Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps,
Morbleu! Vous n'êtes pas pour être de mes gens;
Je refuse d'un coeur la vaste complaisance
Qui ne fait de mérite aucune différence;
Je veux qu'on me distingue; et pour le trancher net,
L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait.


Par: Jean-Baptiste Poquelin (Molière)

Ajoutée par Savinien le 02/10/2010

Catégories: