Citations de André Marie de Chénier (André Chénier)

8 Citations

Le mendiant


Le ciel d'un jour à l'autre est humide ou serein,
Et tel pleure aujourd'hui qui sourira demain.


Par: André Marie de Chénier (André Chénier)

Extrait de: Poésies choisies

Ajoutée par Savinien le 23/01/2014

 

A Vesper


O quel que soit ton nom, soit Vesper, soit Phosphore,
Messager de la nuit, messager de l'aurore,
Cruel astre au matin, le soir astre si doux!
Phosphore, le matin, loin de nos bras jaloux,
Tu fais fuir nos amours tremblantes, incertaines,
Mais le soir, en secret, Vesper, tu les ramènes,
La vierge qu'à l'hymen la nuit doit présenter
Redoute que Vesper se hâte d'arriver.
Puis, au bras d'un époux, elle accuse Phosphore
De rallumer trop tôt les flambeaux de l'aurore,
Brillante étoile, adieu, le jour s'avance, cours,
Ramène-moi bientôt la nuit et mes amours.


Par: André Marie de Chénier (André Chénier)

Extrait de: Poésies choisies

Ajoutée par Savinien le 23/01/2014

 

Le poète


Pour lui
L'ombre du cabinet en délices abonde.
S'il fuit les graves riens, noble ennui du beau monde,
Ou si, chez la beauté qui l'admit en secret,
Las de parler, enfin il demeure muet,
Il regagne à grands pas son asile et l'étude:
Il y trouve la paix, la douce solitude,
Ses livres, et sa plume au bec noir et malin,
Et la sage folie, et le rire à l'oeil fin.


Par: André Marie de Chénier (André Chénier)

Extrait de: Poésies choisies

Ajoutée par Savinien le 22/01/2014

 

Ah! Tremble que ton âme à la sienne livrée
Ne s'en puisse arracher sans être déchirée.
Même au sein du bonheur, toujours dans ton esprit
Garde ce qu'autrefois les sages ont écrit:
'Une femme est toujours inconstante et futile,
Et qui pense fixer leur caprice mobile,
Il pense, avec sa main, retenir l'aquilon,
Ou graver sur les flots un durable sillon.'


Par: André Marie de Chénier (André Chénier)

Extrait de: Poésies choisies

Ajoutée par Savinien le 22/01/2014

 

Tout homme a ses douleurs. Mais aux yeux de ses frères
Chacun d'un front serein déguise ses misères.
Chacun ne plaint que soi. Chacun dans son ennui
Envie un autre humain qui se plaint comme lui,
Nul des autres mortels ne mesure les peines,
Qu'ils savent tous cacher comme il cache les siennes;
Et chacun, l'oeil en pleurs, en son coeur douloureux
Se dit: 'Excepté moi, tout le monde est heureux,'
Ils sont tous malheureux. Leur prière importune
Crie et demande au ciel de changer leur fortune,
Ils changent; et bientôt, versant de nouveaux pleurs,
Ils trouvent qu'ils n'ont fait que changer de malheurs.


Par: André Marie de Chénier (André Chénier)

Extrait de: Poésies choisies

Ajoutée par Savinien le 22/01/2014

 

Le malade


Oh! Que tes yeux sont doux! Que ton visage est beau!
Viendras-tu point aussi pleurer sur mon tombeau?
Viendras-tu point aussi, la plus belle des belles,
Dire sur mon tombeau: Les Parques sont cruelles!
- Ah! mon fils, c'est l'amour, c'est l'amour insensé
Qui t'a jusqu'à ce point cruellement blessé?
Ah! Mon malheureux fils! Oui, faibles que nous sommes,
C'est toujours cet amour qui tourmente les hommes.
S'ils pleurent en secret, qui lira dans leur coeur
Verra que c'est toujours cet amour en fureur.


Par: André Marie de Chénier (André Chénier)

Extrait de: Poésies choisies

Ajoutée par Savinien le 21/01/2014

 

Pourquoi, grands dieux! Pourquoi la fîtes-vous si belle?
Mais ne me parlez plus, amis, de l'infidèle:
Que m'importe qu'un autre adore ses attraits,
Qu'un autre soit le roi de ses festins secrets;
Que tous deux en riant ils me nomment peut-être;
De ses cheveux épars qu'un autre soit le maître;
Qu'un autre ait ses baisers, son coeur; qu'une autre main
Poursuive lentement des bouquets sur son sein?
Un autre! Ah! Je ne puis en souffrir la pensée!
Riez, amis; nommez ma fureur insensée.
Vous n'aimez pas, et j'aime, et je brûle, et je pars
Me coucher sur sa porte, implorer ses regards;
Elle entendra mes pleurs, elle verra mes larmes;
Et dans ses yeux divins, pleins de grâces, de charmes,
Le sourire ou la haine, arbitres de mon sort,
Vont ou me pardonner, ou prononcer ma mort.


Par: André Marie de Chénier (André Chénier)

Extrait de: Poésies choisies

Ajoutée par Savinien le 21/01/2014

 

Hâtons-nous, l'heure fuit. Hâtons-nous de saisir
L'instant, le seul instant donné pour le plaisir.
Un jour, tel est du sort l'arrêt inexorable,
Vénus, qui pour les dieux fit le bonheur durable,
A nos cheveux blanchis refusera des fleurs,
Et le printemps pour nous n'aura plus de couleurs.


Par: André Marie de Chénier (André Chénier)

Extrait de: Poésies choisies

Ajoutée par Savinien le 21/01/2014