Citations de Emil Cioran

108 Citations

L'homme est libre, sauf en ce qu'il a de profond. A la surface, il fait ce qu'il veut; dans ses couches obscures, « volonté » est vocable dépourvu de sens.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Otello le 07/03/2022

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« Je suis un lâche, je ne puis supporter la souffrance d'être heureux. »
Pour pénétrer quelqu'un, pour le connaître vraiment, il me suffit de voir comment il réagit à cet aveu de Keats. S'il ne comprend pas tout de suite, inutile de continuer.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Otello le 07/03/2022

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Les instants se suivent les uns les autres. Rien ne prête l'illusion d'un contenu ou l'apparence d'une signification. Ils se déroulent, leurs cours n'est pas le nôtre, nous en contemplons l'écoulement, prisonniers d'une perception stupide. Le vide du coeur devant le vide du temps, deux miroirs reflétant face à face leur absence, une même image de nullité. Comme sous l'effet d'une idiotie songeuse, tout se nivelle, plus de sommet, plus d'abîme. Où découvrir la poésie des mensonges, l'aiguillon d'une énigme? Celui qui ne connaît point l'ennui se trouve encore à l'enfance du monde, où les âges attendaient de naître; il demeure fermé à ce temps fatigué qui se survit, qui rit de ses dimensions et succombe au seuil de son propre avenir. Entraînant avec lui la matière, élevée subitement à un lyrisme de négation, l'ennui est l'écho en nous du temps qui se déchire, la révélation du vide, le tarissement de ce délire qui soutient ou invente la vie. L'ennui nous révèle une éternité qui n'est pas la dépassement du temps, mais sa ruine; il est l'infini des âmes pourries faute de superstitions, un absolu plat où rien n'empêche plus les choses de tourner en rond à la recherche de leur propre chute. La vie se crée dans le délire et se défait dans l'ennui.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par yo le 25/08/2021

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Un silence abrupt au milieu d'une conversation nous ramène soudain à l'essentiel: il nous révèle de quel prix nous devons payer l'invention de la parole.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par jlm le 28/02/2013

 

Un jeune homme et une jeune fille, tous les deux muets, se parlaient par gestes. Qu'ils avaient l'air heureux!
De toute évidence, la parole n'est pas, ne peut être, le véhicule du bonheur.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par jlm le 28/02/2013

 

C'est à cause de la parole que les hommes donnent l'illusion d'être libres. S'ils faisaient - sans un mot - ce qu'ils font, on les prendrait pour des robots. En parlant, ils se trompent eux-mêmes, comme ils trompent les autres: en annonçant ce qu'ils vont exécuter, comment pourrait-on penser qu'ils ne sont pas maîtres de leurs actes?


Par: Emil Cioran

Ajoutée par jlm le 29/03/2013

 

Nous ne sommes des ratés que si la vie a un sens. Car dans ce cas seulement, tout ce que nous n'avons pas accompli constitue une chute ou un péché. Dans un monde pourvu d'une finalité extérieure, un monde qui tend vers quelque chose, nous sommes obligés d'être jusqu'à nos limites.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par jlm le 29/03/2013

 

Certains se demandent encore si la vie a un sens ou non. Ce qui revient en réalité à s'interroger si elle est supportable ou pas. Là s'arrêtent les problèmes et commencent les résolutions.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par jlm le 29/03/2013

 

Eût-il tous les mérites, un ambitieux ne peut être honnête qu'à la surface. N'ayez confiance que dans les indifférents.


Par: Emil Cioran

Extrait de: Carnets (Cioran)

Ajoutée par jlm le 11/12/2012

 

Un zoologiste qui, en Afrique, a observé de près les gorilles, s'étonne de l'uniformité de leur vie et de leur grand désoeuvrement. Des heures et des heures sans rien faire... Ils ne connaissent donc pas l'ennui?
Cette question est bien d'un homme, d'un singe occupé. Loin de fuir la monotonie, les animaux la recherchent, et ce qu'ils redoutent le plus c'est de la voir cesser. Car elle ne cesse que pour être remplacée par la peur, cause de tout affairement.
L'inaction est divine. C'est pourtant contre elle que l'homme s'est insurgé. Lui seul, dans la nature, est incapable de supporter la monotonie, lui seul veut à tout prix que quelque chose arrive, n'importe quoi. Par là, il se montre indigne de son ancêtre: le besoin de nouveauté est le fait d'un gorille fourvoyé.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par jlm le 06/12/2012

 

Déçu par tous, il est inévitable qu'on en arrive à l'être par soi-même; à moins qu'on n'ait commencé par là.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 18/07/2012

 

L'homme va disparaître, c'était jusqu'à présent ma ferme conviction. Entre-temps j'ai changé d'avis: il doit disparaître.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 18/07/2012

 

La grande, la seule originalité de l'amour est de rendre le bonheur indistinct du malheur.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 18/07/2012

 

Passer du mépris au détachement semble aisé. Pourtant c'est là non pas tant une transition qu'un exploit, qu'un accomplissement. Le mépris est la première victoire sur le monde; le détachement, la dernière, la suprême. L'intervalle qui les sépare se confond avec le chemin qui mène de la liberté à la libération.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 15/06/2012

 

A la question pourquoi les moines qui le suivaient étaient si radieux, le Bouddha répondit que c'était parce qu'ils ne pensaient ni au passé ni à l'avenir. On s'assombrit, en effet, dès qu'on songe à l'un ou à l'autre, et on s'assombrit tout à fait dès qu'on songe aux deux.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 15/06/2012

 

Bien que parus déjà trop tard, nous serons enviés par nos successeurs immédiats et, plus encore, par nos successeurs lointains. A leurs yeux, nous aurons l'allure de privilégiés, à juste titre, car on a intérêt à être aussi loin que possible de l'avenir.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 15/06/2012

 

Au lieu de faire attention à la figure  des passants, je regardai leur pieds, et tous ces agités se réduisaient à des pas qui se précipitaient - vers quoi? Et il me parut clair que notre mission était de frôler la poussière en quête d'un mystère dépourvu de sérieux.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 15/06/2012

 

Ayant ouvert une anthologie de textes religieux, je tombe d'emblée sur ce mot de Bouddha: « Aucun objet ne vaut qu'on le désire. » - J'ai fermé aussitôt le livre, car, après, que lire encore?


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 10/06/2012

 

Si l'homme oublie si facilement qu'il est maudit, c'est parce qu'il l'est depuis toujours.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 10/06/2012

 

La vieillesse, en définitive, n'est que la punition d'avoir vécu.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 29/05/2012

 

On s'endort toujours avec un contentement qui ne se laisse pas décrire, on glisse dans le sommeil et on est heureux de s'y enfouir. Si on se réveille à contrecoeur, c'est qu'on ne quitte pas sans déchirement l'inconscience, véritable et unique paradis. Autant dire que l'homme n'est comblé que lorsqu'il cesse d'être homme.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 29/05/2012

 

Si tout convergeait vers le mieux, les vieillards, furieux de ne pouvoir en profiter, mourraient tous de dépit. Heureusement pour eux, le cours qu'à pris l'histoire dès le commencement les rassure et leur permet ainsi de crever sans la moindre trace de jalousie.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 29/05/2012

 

La plus grande des folies est de croire que nous marchons sur du solide. Dès que l'histoire se signale, nous nous persuadons du contraire. Nos pas paraissaient adhérer au sol, et nous découvrons brusquement qu'il n'y a rien qui ressemble au sol, qu'il n'y a rien non plus qui ressemble à des pas.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 29/05/2012

 

Exister est un phénomène colossal - qui n'a aucun sens. C'est ainsi que je définirais l'ahurissement dans lequel je vis jour après jour.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 29/05/2012

 

Quand on considère froidement cette portion de durée impartie à chacun, elle paraît également satisfaisante et également dérisoire, qu'elle s'étende sur un jour ou sur un siècle. « J'ai fait mon temps. » - Il n'est pas d'expression qu'on puisse proférer avec plus d'à-propos à n'importe quel instant d'une vie, au premier y compris.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 13/05/2012

 

Des arbres massacrés. Des maisons surgissent. Des gueules, des gueules partout. L'homme s'étend. L'homme est le cancer de la terre.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 13/05/2012

 

Je n'ai pas connu une seule sensation de plénitude, de bonheur véritable, sans penser que c'était le moment ou jamais de m'effacer pour toujours.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 13/05/2012

 

Personne ne clame qu'il se porte bien et qu'il est libre, et pourtant c'est ce que devraient faire tous ceux qui connaissent cette double bénédiction. Rien ne nous dénonce davantage que notre incapacité de hurler nos chances.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 28/04/2012

 

Le grand tort de la nature est de n'avoir pas su se borner à un seul règne. A côté du végétal, tout paraît inopportun, mal venu. Le soleil aurait dû bouder à l'avènement du premier insecte, et déménager à l'irruption du chimpanzé.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 28/04/2012

 

La force d'un être réside dans son incapacité de savoir à quel point il est seul. Ignorance bénie, grâce à laquelle il peut s'agiter et agir. Vient-il d'avoir la révélation de son secret? Son ressort se brise aussitôt, irrémédiablement. C'est ce qui est arrivé au créateur, ou ce qui lui arrivera, peut-être.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 17/04/2012

 

Si on penchait à absoudre le créateur, à considérer ce monde comme acceptable et même satisfaisant, il faudrait encore faire des réserves sur l'homme, ce point noir de la création.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 15/04/2012

 

Que le dernier des avortons ait la faculté de donner vie, de « mettre au monde », - existe-t'il rien de plus démoralisant? Comment songer sans effroi ou répulsion à ce prodige qui fait du premier venu un démiurge sur les bords? Ce qui devrait être un don aussi exceptionnel que le génie a été conféré indistinctement à tous: libéralité de mauvais aloi qui disqualifie pour toujours la nature.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 15/04/2012

 

Tout enfantement est suspect; les anges, par bonheur, y sont impropres, la propagation de la vie étant réservée aux déchus. La lèpre est impatiente et avide, elle aime à se répandre. Il importe de décourager la génération, la crainte de voir l'humanité s'éteindre n'ayant aucun fondement: quoi qu'il arrive, il y aura partout assez de niais qui ne demanderont qu'à se perpétuer, et, si eux-mêmes finissaient par s'y dérober, on trouvera toujours, pour se dévouer, quelque couple hideux.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 15/04/2012

 

A mesure que, pour les remuer, nous descendons dans nos secrets, nous passons de l'embarras au malaise et du malaise à l'horreur. La connaissance de soi se paye toujours trop cher. Comme d'ailleurs la connaissance tout court. Quand l'homme en aura atteint le fond, il ne daignera plus vivre. Dans un univers expliqué, rien n'aurait encore un sens, si ce n'est la folie. Une chose dont on a fait le tour cesse de compter.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 15/04/2012

 

Si chacun de nous avouait son désir le plus secret, celui qui inspire tous ses projets et tous ses actes, il dirait: « je veux être loué. » Nul ne s'y résoudra, car il est moins déshonorant de commettre une abomination que de proclamer une faiblesse aussi pitoyable et aussi humiliante, surgie d'un sentiment de solitude et d'insécurité dont souffrent, avec une égale intensité, les rejetés et les chanceux.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 03/04/2012

 

Plus nous avons le sentiment de notre insignifiance, plus nous méprisons les autres, et ils cessent même d'exister pour nous quand nous illumine l'évidence de notre rien. Nous n'attribuons quelque réalité à autrui que dans la mesure où nous en découvrons en nous-même.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 02/04/2012

 

Tout bien considéré, le siècle de la fin ne sera pas le siècle le plus raffiné, ni même le plus compliqué, mais le plus pressé, celui où, l'être dissous en mouvement, la civilisation dans un élan suprême vers le pire, s'effritera dans le tourbillon qu'elle aura suscité.[...] De tant de hâte, de tant d'impatience, les machines sont la conséquence et non la cause. Ce ne sont pas elles qui poussent le civilisé à sa perte; il les a inventées plutôt parce qu'il y marchait déjà; des moyens, des auxiliaires pour y atteindre plus rapidement et plus efficacement. Non content d'y courir, il voulait encore y rouler.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 02/04/2012

 

Nous sommes là pour nous débattre avec la vie et la mort, et non pour les esquiver,  ainsi que nous y invite la civilisation, entreprise de dissimulation, de maquillage de l'insoluble.  Faute de contenir en elle-même aucun principe de durée, ses avantages, autant d'impasses, ne nous aident ni à mieux vivre ni à mieux mourir.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 02/04/2012

 

Personne ne se remet du mal de naître, plaie capitale s'il en fut. C'est pourtant avec l'espoir de nous en guérir un jour que nous acceptons la vie et en supportons les épreuves. Les années passent, la plaie demeure.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 02/04/2012

 

L'esprit qui s'élève au-dessus des autres, est moins libre qu'eux: rivé à ses facultés et à ses ambitions, prisonnier de ses talents, il les cultive à ses dépens, il les fait valoir au prix de son salut. Nul ne s'affranchit s'il s'astreint à devenir quelqu'un ou quelque chose.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 02/04/2012

 

La civilisation nous enseigne comment nous saisir des choses, alors que c'est à l'art de nous en dessaisir qu'elle devrait nous initier, car il n'y a pas de liberté ni de « vraie vie » sans l'apprentissage de la dépossession. Je m'empare d'un objet, je m'en estime le maître; en fait j'en suis l'esclave.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 01/04/2012

 

Travaillez-vous à la conversion d'un autre? Ce ne sera jamais pour opérer en lui le salut, mais pour l'obliger à pâtir comme vous, pour qu'il s'expose aux mêmes épreuves et les traverse avec la même impatience. Vous veillez, vous priez, vous vous tourmentez? Que l'autre justement en fasse autant, qu'il soupire, qu'il hurle, qu'il se débatte au milieu des mêmes tortures que vous. L'intolérance est le fait d'esprits ravagés dont la foi se ramène à un supplice plus ou moins voulu qu'ils aimeraient voir généralisé, institué.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 01/04/2012

 

On n'est jamais autant homme que lorsqu'on regrette de l'être.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 01/04/2012

 

Quelle que soit la grande ville où le hasard me porte, j'admire qu'il ne s'y déclenche pas tous les jours des soulèvements, des massacres, une boucherie sans nom, un désordre de fin du monde. Comment, sur un espace aussi réduit, tant d'hommes peuvent-ils coexister sans se détruire, sans se haïr mortellement? Au vrai, ils se haïssent, mais ils ne sont pas à la hauteur de leur haine. Cette médiocrité, cette impuissance sauve la société, en assure la durée et la stabilité.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 26/03/2012

 

La connaissance ruine l'amour: à mesure que nous pénétrons nos propres secrets, nous détestons nos semblables, précisément parce qu'ils nous ressemblent. Quand on n'a plus d'illusion sur soi, on n'en garde pas sur autrui; l'innomable que l'on décèle par introspection, on l'étend, par une généralisation légitime, au reste des mortels; dépravés dans leur essence, on ne se trompe pas en leur prêtant tous les vices.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 22/02/2012

 

Tous les hommes sont plus ou moins envieux; les hommes politiques le sont absolument. On n'en devient un que dans la mesure où l'on ne supporte personne à côté ou au-dessus de soi.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 22/02/2012

 

La naïveté, l'optimisme, la générosité, - on les rencontre chez les botanistes, les spécialistes des sciences pures, les explorateurs, jamais chez les politiques, les historiens ou les curés. Les premiers se passent de leurs semblables, les seconds en font l'objet de leurs activités ou de leur recherches. On ne s'aigrit que dans le voisinage de l'homme.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 30/01/2012

 

Une religion s'instaure sur la ruine d'une sagesse: les manèges qu'emploie celle-là ne conviennent guère à celle-ci. Toujours les hommes aimeront mieux désespérer à genoux que debout.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 30/01/2012

 

L'expérience du vide est la tentation mystique de l'incroyant, sa possibilité de prière, son moment de plénitude. A nos limites, un dieu surgit, ou quelque chose qui en tient lieu.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 24/01/2012

 

Plus nous fréquentons les hommes, plus nos pensées noircissent; et lorsque, pour les éclaircir, nous retournons à notre solitude, nous y trouvons l'ombre qu'elles y ont répandue.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 24/01/2012

 

Toutes nos rancunes viennent de ce que, restés au-dessous de nous-mêmes, nous n'avons pu nous rejoindre. Cela nous ne le pardonnerons jamais aux autres.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 23/01/2012

 

Depuis que la société s'est constituée, ceux qui voulurent s'y soustraire furent persécutés ou bafoués. On vous  pardonne tout, pourvu que vous ayez un métier, un sous-titre à votre nom, un sceau sur votre néant. Personne n'a l'audace de s'écrier: « je ne veux rien faire »; - on est plus indulgent à l'égard d'un assassin que d'un esprit affranchi des actes.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 08/01/2012

 

L'idée du néant n'est pas le propre de l'humanité laborieuse: ceux qui besognent n'ont ni le temps ni l'envie de peser leur poussière; ils se résignent aux duretés ou aux niaiseries du sort; ils espèrent: l'espoir est une vertu d'esclave.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 08/01/2012

 

De tout ce qui fut tenté en deçà du néant, est-il rien de plus pitoyable que ce monde, sinon l'idée qui l'a conçu? Partout où quelque chose respire il y a une infirmité de plus: point de palpitation qui ne confirme le désavantage d'être; la chair m'épouvante: ces hommes, ces femmes, de la tripaille qui grogne à la faveur des spasmes...; plus de parenté avec la planète: chaque instant n'est qu'un suffrage dans l'urne de mon désespoir.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 08/01/2012

 

Je suis le tombeau des étincelles, la risée du ver, une charogne qui importune l'azur, un émule carnavalesque des cieux, un ci-devant Rien et sans même le privilège d'avoir jamais pourri. A quelle perfection de l'abîme suis-je parvenu, qu'il ne me reste plus d'espace pour déchoir?


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 08/01/2012

 

L'être véritablement seul n'est pas celui qui est abandonné par les hommes, mais celui qui souffre au milieu d'eux, qui traîne son désert dans les foires et déploie ses talents de lépreux souriant, de comédien de l'irréparable. Les grands solitaires d'autrefois étaient heureux, ne connaissaient pas la duplicité, n'avaient rien à cacher: ils ne s'entretenaient qu'avec leur propre solitude.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 08/01/2012

 

L'injustice gouverne l'univers. Tout ce qui s'y construit, tout ce qui s'y défait porte l'empreinte d'une fragilité immonde, comme si la matière était le fruit d'un scandale au sein du néant. Chaque être se nourrit de l'agonie d'un autre être; les instants se précipitent comme des vampires sur l'anémie du temps; - le monde est un réceptacle de sanglots... Dans cet abattoir, se croiser les bras ou sortir l'épée sont des gestes également vains. Aucun déchaînement superbe ne saurait secouer l'espace ni ennoblir les âmes.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 26/12/2011

 

Celui qui n'a jamais conçu sa propre annulation, qui n'a pas pressenti le recours à la corde, à la balle, au poison ou à la mer, est un forçat avili ou un ver rampant sur la charogne cosmique. Ce monde peut tout nous prendre, peut tout nous interdire, mais il n'est du pouvoir de personne de nous empêcher de nous abolir.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 26/12/2011

 

Il n'y a dans les pharmacies aucun spécifique contre l'existence; - rien que de petits remèdes pour les fanfarons. Mais où est l'antidote du désespoir clair, infiniment articulé, fier et sûr? Tous les êtres sont malheureux; mais combien le savent? La conscience du malheur est une maladie trop grave pour figurer dans une arithmétique des agonies ou les registres de l'Incurable. Elle rabaisse le prestige de l'enfer, et convertit les abattoirs des temps en idylles. Quel péché as-tu commis pour naître, quel crime pour exister?


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 26/12/2011

 

Tout ce qui respire se nourrit d'invérifiable; un supplément de logique serait funeste à l'existence, - effort vers l'Insensé... Donnez un but précis à la vie: elle perd instantanément son attrait. L'inexactitude de ses fins la rend supérieure à la mort; - un grain de précision la ravalerait à la trivialité des tombeaux. Car une science positive du sens de la vie dépeuplerait la terre en un jour; et nul forcené ne parviendrait à y ranimer l'improbabilité féconde du Désir.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 26/12/2011

 

Dans tout homme sommeille un prophète, et quand il s'éveille il y a un peu plus de mal dans le monde... La folie de prêcher est si ancrée en nous qu'elle émerge de profondeurs inconnues à l'instinct de conservation. Chacun attend son moment pour proposer quelque chose: n'importe quoi. Il a une voix; cela suffit. Nous payons cher de n'être ni sourds ni muets.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 26/12/2011

 

Si on avait une perception infaillible de ce qu'on est, on aurait tout juste encore le courage de se coucher mais certainement pas celui de se lever.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 10/10/2011

 

Que penser des autres? Je me pose la question chaque fois que je fais la connaissance de qui que ce soit. Tellement il me paraît étrange qu'on existe et qu'on accepte d'exister.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 10/10/2011

 

La preuve que l'homme exècre l'homme? Il suffit de se trouver au milieu d'une foule pour se sentir aussitôt solidaire de toutes les planètes mortes.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 10/10/2011

 

Lorsqu'on sait ce que valent les mots, l'étonnement est qu'on s'évertue à énoncer quoi que ce soit et qu'on y arrive. Il y faut, il est vrai, un toupet surnaturel.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 07/10/2011

 

Plus on progresse en âge, plus on court après les honneurs. Peut-être même la vanité n'est-elle jamais plus active qu'aux approches de la tombe. On s'agrippe à des riens pour ne pas s'aviser de ce qu'ils recouvrent, on trompe le néant par quelque chose de plus nul encore.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 07/10/2011

 

Ma mission est de tuer le temps et la sienne de me tuer à mon tour. On est tout à fait à l'aise entre assassins.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 07/10/2011

 

On est et on demeure esclave aussi longtemps que l'on n'est pas guéri de la manie d'espérer.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 07/10/2011

 

Après une maladie grave, dans certains pays d'Asie, au Laos par exemple, il arrive qu'on change de nom. Quelle vision à l'origine d'une telle coutume! Au vrai, on devrait changer de nom après chaque expérience importante.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 07/10/2011

 

Suivant une légende hindoue, Shiva, à un moment donné, se mettra à danser, d'abord lentement, puis de plus en plus vite, et il ne s'arrêtera pas avant d'avoir imposé au monde une cadence effrénée, en tout point opposée à celle de la Création.
Cette légende ne comporte aucun commentaire, l'histoire ayant pris à tâche d'en illustrer le bien-fondé.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/10/2011

 

Au zoo. - Toutes ces bêtes ont une tenue décente, hormis les singes. On sent que l'homme n'est pas loin.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/10/2011

 

Etre persuadé de quoi que ce soit est un exploit inouï, presque miraculeux.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/10/2011

 

La mort est un état de perfection, le seul à la portée d'un mortel.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/10/2011

 

On n'écrit pas parce qu'on a quelque chose à dire mais parce qu'on a envie de dire quelque chose.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/10/2011

 

La connaissance à petite dose enchante; à forte dose, elle déçoit. Plus on en sait, moins on veut en savoir. Car celui qui n'a pas souffert de la connaissance n'aura rien connu.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 04/10/2011

 

Pourquoi les hommes tiennent-ils absolument à réaliser quelque chose? Ne seraient-ils pas incomparablement mieux, immobiles sous le ciel, dans un calme serein? Qu'y a-t-il donc à accomplir? Pourquoi tant d'efforts et d'ambition? L'homme a perdu le sens du silence.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 04/10/2011

 

La tragédie de l'homme, animal exilé dans l'existence, tient à ce qu'il ne peut se satisfaire des données et des valeurs de la vie. Pour l'animal, la vie est tout; pour l'homme, elle est un point d'interrogation. Point d'interrogation définitif, car l'homme n'a jamais reçu ni ne recevra jamais de réponse à ses questions. Non seulement la vie n'a aucun sens, mais elle ne peut pas en avoir un.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 04/10/2011

 

Les hommes travaillent généralement trop pour pouvoir encore rester eux-mêmes. Le travail: une malédiction, que l'homme a transformée en volupté. Oeuvrer de toutes ses forces pour le seul amour du travail, tirer de la joie d'un effort qui ne mène qu'à des accomplissements sans valeur, estimer qu'on ne peut se réaliser autrement que par le labeur incessant - voilà une chose révoltante et incompréhensible. Le travail permanent et soutenu abruti, banalise et rend impersonnel.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 04/10/2011

 

Je suis de plus en plus certain que l'homme est un animal malheureux, abandonné dans le monde, condamné à se trouver une modalité de vie propre, telle que la nature n'en a jamais connu. Sa prétendue liberté le fait souffrir plus que n'importe quelle forme de vie captive dans la nature.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 04/10/2011

 

Une constatation que je peux vérifier, à mon grand regret, à chaque instant: seuls sont heureux ceux qui ne pensent jamais, autrement dit ceux qui ne pensent que le strict minimum nécessaire pour vivre. La vraie pensée ressemble, elle, à un démon qui trouble les sources de la vie, ou bien à une maladie qui en affecte les racines mêmes. Penser à tout moment, se poser des problèmes capitaux à tout bout de champ et éprouver un doute permanent quant à son destin; être fatigué de vivre, épuisé par ses pensées et par sa propre existence au-delà de toute limite; laisser derrière soi une traînée de sang et de fumée comme symbole du drame et de la mort de son être - c'est être malheureux au point que le problème de la pensée vous donne envie de vomir et que la réflexion vous apparaît comme une damnation.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 03/10/2011

 

Il est des expériences auxquelles on ne peut survivre. Des expériences à l'issue desquelles on sent que plus rien ne saurait avoir un sens. Après avoir atteint les limites de la vie, après avoir vécu avec exaspération tout le potentiel de ces dangereux confins, les actes et les gestes quotidiens perdent tout charme, toute séduction.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 03/10/2011

 

Seuls dans la vie, nous nous demandons si la solitude de l'agonie n'est pas le symbole même de l'existence humaine. Lamentable faiblesse que de vouloir vivre et mourir en société: y a-t-il une consolation possible à la dernière heure?


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 03/10/2011

 

J'ignore totalement pourquoi il faut faire quelque chose ici-bas, pourquoi il nous faut avoir des amis et des aspirations, des espoirs et des rêves. Ne serait-il pas mille fois préférable de se retirer à l'écart du monde, loin de tout ce qui fait son tumulte et ses complications? Nous renoncerions ainsi à la culture et aux ambitions, nous perdrions tout sans rien obtenir en échange. Mais que peut-on obtenir en ce monde?


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 03/10/2011

 

L'insomnie est une lucidité vertigineuse qui convertirait le paradis en un lieu de torture. Tout est préférable à cet éveil permanent, à cette absence criminelle de l'oubli.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 03/10/2011

 

Essayez d'être libre: vous mourrez de faim. La société ne vous tolère que si vous êtes successivement serviles et despotiques; c'est une prison sans gardiens - mais d'où on ne s'évade pas sans périr.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 20/09/2011

 

Depuis la flânerie jusqu'au carnage, l'homme ne parcourt la gamme des actes que parce qu'il n'en perçoit point le non-sens: tout ce qui se fait sur terre émane d'une illusion de plénitude dans le vide, d'un mystère du Rien... En dehors de la Création et de la Destruction du monde, toutes les entreprises sont pareillement nulles.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 06/09/2011

 

L'abîme de deux mondes incommunicables s'ouvre entre l'homme qui a le sentiment de la mort et celui qui ne l'a point; cependant tous les deux meurent; mais l'un ignore sa mort, l'autre la sait; l'un ne meurt qu'un instant, l'autre ne cesse de mourir... Leur condition commune les situe précisément aux antipodes l'un de l'autre; aux deux extrémités et à l'intérieur d'une même définition; inconciliables, ils subissent le même destin... L'un vit comme s'il était éternel; l'autre pense continuellement son éternité et la nie dans chaque pensée.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 06/09/2011

 

La source de nos actes réside dans une propension inconsciente à nous estimer le centre, la raison et l'aboutissement du temps. Nos réflexes et notre orgueil transforment en planète la parcelle de chair et de conscience que nous sommes. Si nous avions le juste sens de notre position dans le monde, si comparer était inséparable du vivre, la révélation de notre infime présence nous écraserait. Mais vivre, c'est s'aveugler sur ses propres dimensions...


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 06/09/2011

 

Le temps vide de la méditation est, à la vérité, le seul temps plein. Nous ne devrions jamais rougir d'accumuler des instants vacants. Vacants en apparence, remplis en fait. Méditer est un loisir suprême, dont le secret s'est perdu.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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- Vous êtes contre tout ce qu'on a fait depuis la dernière guerre, me disait cette dame à la page.
- Vous vous trompez de date. Je suis contre tout ce qu'on a fait depuis Adam.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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La seule chose qu'on devrait apprendre aux jeunes est qu'il n'y a rien, mettons presque rien, à attendre de la vie. On rêve d'un « Tableau des Déceptions » où figureraient tous les mécomptes réservés à chacun, et qu'on afficherait dans les écoles.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Assiégé par les autres, j'essaie de m'en dégager, sans grand succès, il faut bien le dire. Je parviens néanmoins à me ménager chaque jour quelques secondes d'entretien avec celui que j'aurais voulu être.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Arrivé à un certain âge, on devrait changer de nom et se réfugier dans un coin perdu où l'on ne connaîtrait personne, où l'on ne risquerait de revoir ni amis ni ennemis, où l'on mènerait la vie paisible d'un malfaiteur surmené.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Plus on vit, moins il semble utile d'avoir vécu.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Ne regarde ni en avant ni en arrière, regarde en toi-même, sans peur ni regret. Nul ne descend en soi tant qu'il demeure esclave du passé ou de l'avenir.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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En permettant l'homme, la nature a commis beaucoup plus qu'une erreur de calcul: un attentat contre elle-même.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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La plupart de nos déboires nous viennent de nos premiers mouvements. Le moindre élan se paye plus cher qu'un crime.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Le sage est celui qui consent à tout, parce qu'il ne s'identifie avec rien. Un opportuniste sans désirs.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Sans la faculté d'oublier, notre passé pèserait d'un pas si lourd sur notre présent que nous n'aurions pas la force d'aborder un seul instant de plus, et encore moins d'y entrer. La vie ne paraît supportable qu'aux natures légères, à celles précisément qui ne se souviennent pas.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Cette seconde-ci a disparu pour toujours, elle s'est perdue dans la masse anonyme de l'irrévocable. Elle ne reviendra jamais. J'en souffre et n'en souffre pas. Tout est unique - et insignifiant.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Il vaut mieux être animal qu'homme, insecte qu'animal, plante qu'insecte, et ainsi de suite. Le salut? tout ce qui amoindrit le règne de la conscience et en compromet la suprématie.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu'on n'oserait confier à personne.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Il est plus aisé d'avancer avec des vices qu'avec des vertus. Les vices, accommodants de nature, s'entraident, sont pleins d'indulgence les uns à l'égard des autres, alors que les vertus, jalouses, se combattent et s'annulent, et montrent en tout leur incompatibilité et leur intolérance.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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A mesure que les années passent, le nombre décroît de ceux avec lesquels on peut s'entendre. Quand on n'aura plus personne à qui s'adresser, on sera enfin tel qu'on était avant de choir dans un nom.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Tout est; rien n'est. L'une et l'autre formule apportent une égale sérénité. L'anxieux, pour son malheur, reste entre les deux, tremblant et perplexe, toujours à la merci d'une nuance, incapable de s'établir dans la sécurité de l'être ou de l'absence d'être.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Je sais que ma naissance est un hasard, un accident risible, et cependant, dès que je m'oublie, je me comporte comme si elle était un événement capital, indispensable à la marche et à l'équilibre du monde.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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Nous ne courons pas vers la mort, nous fuyons la catastrophe de la naissance, nous nous démenons, rescapés qui essaient de l'oublier. La peur de la mort n'est que la projection dans l'avenir d'une peur qui remonte à notre premier instant.


Par: Emil Cioran

Ajoutée par Savinien le 05/12/2010

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