Citations de Correspondances (Flaubert), de Gustave Flaubert
56 Citations
Un livre est une chose essentiellement organique, cela fait partie de nous-mêmes. Nous nous sommes arrachés du ventre un peu de tripes, que nous servons aux bourgeois. Les gouttes de notre coeur peuvent se voir dans les caractères de notre écriture. Mais une fois imprimé, bonsoir. Cela appartient à tout le monde! La foule nous passe sur le corps! C'est de la prostitution au plus haut degré et de la plus vile! Mais il est reçu que c'est très beau, et que prêter son cul pour dix francs est une infamie. Ainsi soit-il!
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 06/09/2020
Quand on a une douleur, on la porte avec soi partout. Les plaies ne se déposent pas comme les vêtements, et celles que nous aimons, celles qu'on gratte toujours et qu'on ravive ne guérissent jamais.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 06/09/2020
J'ai, dans ma jeunesse, démesurément aimé, aimé sans retour, profondément, silencieusement. Nuits passées à regarder la lune, projets d'enlèvement et de voyages en Italie, rêves de gloire pour elle, tortures du corps et de l'âme, spasmes à l'odeur d'une épaule, et pâleurs subites sous un regard, j'ai connu tout cela, et très bien connu. Chacun de nous a dans le coeur une chambre royale; je l'ai murée, mais elle n'est pas détruite.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 06/09/2020
La morale de Candide « il faut cultiver notre jardin » doit être celle des gens comme nous, de ceux qui n'ont pas trouvé. Trouve-t-on jamais d'ailleurs? Et quand on a trouvé, on cherche autre chose.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 06/09/2020
Je vous plains de la mort de votre amie. Ça n'est pas gai de perdre les gens qu'on aime. En ai-je déjà enseveli, moi! J'ai fait souvent la « veillée! » L'homme que j'ai le plus aimé m'est resté à demi dans les mains. Quand une fois on a baisé un cadavre au front, il vous en reste toujours sur les lèvres quelque chose, une amertume infinie, un arrière-goût de néant que rien n'efface. Il faut regarder les étoiles et dire: « J'irai peut-être ».
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 05/09/2020
La rage de vouloir conclure est une des manies les plus funestes et les plus stériles qui appartiennent à l'humanité. Chaque religion et chaque philosophie a prétendu avoir Dieu à elle, toiser l'infini et connaître la recette du bonheur. Quel orgueil et quel néant!
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 05/09/2020
Quelle humidité, quel vilain temps! Ne vous semble-t-il pas, quelquefois, que l'eau du ciel nous entre dans le coeur et y fait des larmes? C'est pour cela qu'il faut se créer un autre monde, en dehors de la nature: l'Idéal console du Réel.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 02/09/2020
La vie doit être une éducation incessante; il faut tout apprendre, depuis parler jusqu'à mourir.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 02/09/2020
Il faut toujours écrire, quand on en a envie. Nos contemporains (pas plus que nous-mêmes) ne savent ce qui restera de nos oeuvres. Voltaire ne se doutait pas que le plus immortel de ses ouvrages était Candide. Il n'y a jamais eu de grands hommes vivants. C'est la postérité qui les fait.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 02/09/2020
On m'a donné un chien, un lévrier. Je me promène avec lui en regardant les effets du soleil sur les feuilles qui jaunissent, en songeant à mes futurs livres et en ruminant le passé, car je suis maintenant un vieux. L'avenir pour moi n'a plus de rêves, et les jours d'autrefois commencent à osciller doucement dans une vapeur lumineuse. Sur ce fond-là quelques figures aimées se détachent, de chers fantômes me tendent les bras.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Non, je ne crois pas le bonheur possible, mais bien la tranquillité. C'est pourquoi je m'écarte de ce qui m'irrite.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Les gens qui vont aux exécutions capitales participent à l'action du bourreau.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Dès que je ne tiens plus un livre ou que je ne rêve pas d'en écrire un, il me prend un ennui à crier. La vie ne me semble tolérable que si on l'escamote.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Quelle belle chose que la Censure! Axiome: Tous les gouvernements exècrent la littérature: le pouvoir n'aime pas un autre pouvoir.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Cette mort de ma vieille amie m'a navré. Mon coeur devient une nécropole où il reste pourtant de la place pour les vivants. Comme le vide s'élargit. Il me semble que la terre se dépeuple. C'est une raison pour tenir davantage à ceux qui restent, pour aimer encore plus ceux qu'on aime.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Il faut être philosophe sur ces petites misères comme sur les grandes! La vie, d'ailleurs, ne se compose pas d'autres choses, à part de courts moments qu'on arrache au sort, par ci, par là.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Voilà la vraie immoralité: l'ignorance et la bêtise! Le diable n'est pas autre chose. Il se nomme Légion.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Tous ceux qui se regardent comme au-dessus du niveau humain dégringolent au-dessous.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Parvenus à un certain âge, quelle volonté ne faut-il pas pour résister au torrent d'amertume qui nous entoure! C'est comme une dissolution intérieure: on sent que tout s'en va. Mais le soleil reparaît, l'âme se raffermit et l'existence continue.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
Le calme de la nature, en même temps qu'il apaise, humilie, ne trouvez-vous pas? Comme nous sommes faibles et agités vis-à-vis des choses, qui sont fortes et immuables! Plus je vais et plus je me convaincs de l'insignifiance de tout et de moi en particulier.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 28/08/2020
On ne se rencontre qu'en se heurtant et chacun, portant dans ses mains ses entrailles déchirées, accuse l'autre qui ramasse les siennes.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 21/08/2020
La bêtise est quelque chose d'inébranlable, rien ne l'attaque sans se briser contre elle. Elle est de la nature du granit, dure et résistante.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 21/08/2020
Le bonheur est un mensonge dont la recherche cause toutes les calamités de la vie. Mais il y a des paix sereines qui l'imitent et qui sont supérieures peut-être.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 21/08/2020
'auteur, dans son oeuvre, doit être comme Dieu dans l'univers, présent partout, et visible nulle part.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 21/08/2020
Le seul moyen de supporter l'existence, c'est de s'étourdir dans la littérature comme dans une orgie perpétuelle. Le vin de l'Art cause une longue ivresse et il est inépuisable. C'est de penser à soi qui rend malheureux.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 21/08/2020
Notre âme est une bête féroce; toujours affamée, il faut la gorger jusqu'à la gueule pour qu'elle ne se jette pas sur nous. Rien n'apaise plus qu'un long travail. L'érudition est chose rafraîchissante. Combien je regrette souvent de n'être pas un savant, et comme j'envie ces calmes existences passées à étudier des pattes de mouches, des étoiles ou des fleurs!
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Oh! Il y a des jours, comme hier par exemple, où l'on est triste, où l'on a le coeur tout gros de larmes, où l'on se hait, où l'on se mangerait de colère. Ce qu'il faut faire, c'est de ne pas penser au passé, de ne pas se dire: il doit encore faire là-bas un beau soleil, il y a 72 heures j'étais à tel endroit, je vois encore sur la grande route l'ombre de ma tête qui court après celle du cheval, et mille autres niaiseries semblables; c'est de regarder l'avenir, de s'allonger le cou pour voir l'horizon, de s'élancer en avant, de baisser la tête et d'avancer vite, sans écouter la voix plaintive des tendres souvenirs qui veulent vous rappeler à eux dans la vallée de l'éternelle angoisse. Il ne faut pas regarder le gouffre, car il y a au fond un charme inexprimable qui nous attire.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Sonde-toi bien: y a-t-il un sentiment que tu aies eu qui soit disparu? Non, tout reste, n'est-ce pas? Tout. Les momies que l'on a dans le coeur ne tombent jamais en poussière et, quand on penche la tête par le soupirail, on les voit en bas, qui vous regardent avec leurs yeux ouverts, immobiles.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Après ne pas vivre avec ceux qu'on aime, le plus grand supplice est de vivre avec ceux que l'on n'aime pas, c'est-à-dire avec plus des trois quarts du genre humain.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
La volonté individuelle de qui que ce soit n'a pas plus d'influence sur l'existence ou la destruction de la civilisation qu'elle n'en a sur la pousse des arbres ou la composition de l'atmosphère. Vous apporterez, ô grand homme, un peu de fumier ici, un peu de sang là. Mais la force humaine, une fois que vous serez passé, continuera de s'agiter sans vous. Elle roulera votre souvenir avec toutes ses autres feuilles mortes. Votre coin de culture disparaîtra sous l'herbe, votre peuple sous d'autres invasions, votre religion sous d'autres philosophies et toujours, toujours, hiver, printemps, été, automne, hiver, printemps, sans que les fleurs cessent de pousser et la sève de monter.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Le pauvre Edmond de Goncourt est en Champagne, chez ses parents. Il m'a promis de venir ici à la fin de ce mois. Je ne crois pas que l'espoir de revoir son frère dans un monde meilleur le console de l'avoir perdu dans celui-ci.
On se paye de mots dans cette question de l'immortalité, car la question est de savoir si le moi persiste. L'affirmative me paraît une outrecuidance de notre orgueil, une protestation de notre faiblesse contre l'ordre éternel. La mort n'a peut-être pas plus de secrets à nous révéler que la vie.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Je vais me mettre à travailler furieusement, à peine rentré; je l'espère du moins. La vie n'est tolérable qu'avec une marotte, un travail quelconque. Dès qu'on abandonne sa chimère, on meurt de tristesse. Il faut se cramponner dessus et souhaiter qu'elle nous emporte.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Ne nous lamentons sur rien; se plaindre de tout ce qui nous afflige ou nous irrite, c'est se plaindre de la constitution même de l'existence. Nous sommes faits pour la peindre, nous autres, et rien de plus. Soyons religieux. Moi, tout ce qui m'arrive de fâcheux, en grand ou en petit, fait que je me resserre de plus en plus à mon éternel souci. Je m'y cramponne à deux mains et je ferme les deux yeux. A force d'appeler la Grâce, elle vient. Dieu a pitié des simples et le soleil brille toujours pour les coeurs vigoureux qui se placent au-dessus des montagnes.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Tout ce que tu me dis sur l'oubli des absents ne m'étonne nullement. Tel est le commun des âmes. La banalité de la vie est à faire vomir de tristesse, quand on la considère de près. Les serments, les larmes, les désespoirs, tout cela coule comme une poignée de sable dans la main. Attendez, serrez un peu, il n'y aura tout à l'heure plus rien du tout. Et puis c'est si ennuyeux de jouer toujours le même rôle, et le public nous en tient si peu compte! Il est si lassant de porter toujours le même sentiment! On a besoin de changement, de distractions. C'est là le grand mal. Le coeur, comme l'estomac, veut des nourritures variées.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
C'est parce que je crois à l'évolution perpétuelle de l'humanité et à ses formes incessantes, que je hais tous les cadres où on veut la fourrer de vive force, toutes les formalités dont on la définit, tous les plans que l'on rêve pour elle. La démocratie n'est pas plus son dernier mot que l'esclavage ne l'a été, que la féodalité ne l'a été, que la monarchie ne l'a été. L'horizon perçu par les yeux humains n'est jamais le rivage, parce qu'au delà de cet horizon, il y en a un autre, et toujours! Ainsi chercher la meilleure des religions, ou le meilleur des gouvernements, me semble une folie niaise. Le meilleur, pour moi, c'est celui qui agonise, parce qu'il va faire place à un autre.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
L'amour est une plante de printemps qui parfume tout de son espoir, même les ruines où il s'accroche.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Ce que je redoute étant la passion, le mouvement, je crois, si le bonheur est quelque part, qu'il est dans la stagnation; les étangs n'ont pas de tempêtes.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Les grandes natures, qui sont les bonnes, sont avant tout prodigues et n'y regardent pas de si près à se dépenser. Il faut rire et pleurer, aimer, travailler, jouir et souffrir, enfin vibrer autant que possible dans toute son étendue. Voilà, je crois, le vrai humain.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
J'en veux à ceci: l'aspiration au bonheur par les faits, par l'action. Je hais cette recherche [de] béatitude terrestre. Elle me semble une manie médiocre et dangereuse. Vivent l'amour, l'argent, le vin, la famille, la joie et le sentiment! Prenons de tout cela le plus que nous pourrons, mais n'y croyons point. Soyons persuadés que le bonheur est un mythe inventé par le diable pour nous désespérer. Ce sont les peuples persuadés d'un paradis qui ont des imaginations tristes. Dans l'antiquité, où l'on n'espérait (et encore !) que des Champs-Élysées fort plats, la vie était aimable.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Je vais, pendant quelques années peut-être, vivre dans un sujet splendide et loin du monde moderne dont j'ai plein le dos. Ce que j'entreprends est insensé et n'aura aucun succès dans le public. N'importe! Il faut écrire pour soi, avant tout. C'est la seule chance de faire beau.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Vous me demandez des consolations; ne vous ai-je pas assez rabâché les mêmes choses. Travaillez excessivement à un travail dur et long. Tout amuse quand on y met de la persévérance: l'homme qui apprendrait par coeur un dictionnaire finirait par y trouver du plaisir; et puis voyagez, quittez tout, imitez les oiseaux. C'est une des tristesses de la civilisation que d'habiter dans des maisons. Je crois que nous sommes faits pour nous endormir sur le dos en regardant les étoiles.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Voilà la quatrième fois que je vais me retrouver à Marseille et, cette fois-ci, je serai seul, absolument seul. Le cercle s'est rétréci. Les réflexions que je faisais en 1849, lorsque je me suis embarqué pour l'Égypte, je vais les refaire dans quelques jours en foulant les mêmes pavés. Notre vie tourne ainsi continuellement dans la même série de misères, comme un écureuil dans une cage, et nous haletons à chaque degré. N'importe; il ne faut pas rétrécir sa vie, ni son coeur non plus. Acceptons tout! Absorbons tout!
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
Tu es bon, excellent, plein de générosité et bon compagnon. Sois-le toujours; on a beau dire, un coeur est une richesse qui ne se vend pas, qui ne s'achète, mais qui se donne.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 20/08/2020
L'incapacité des gens de pensée aux affaires n'est qu'un excès de capacité. Dans les grands vases, une goutte d'eau n'est rien et elle emplit les petites bouteilles.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 19/08/2020
Vous vous révoltez contre l'injustice du monde, contre sa bassesse, sa tyrannie et toutes les turpitudes et fétidités de l'existence. Mais les connaissez-vous bien? Avez-vous tout étudié? Etes-vous Dieu? Qui vous dit que votre jugement humain soit infaillible? Que votre sentiment ne vous abuse pas? Comment pouvons-nous, avec nos sens bornés et notre intelligence finie, arriver à la connaissance absolue du vrai et du bien? Saisirons-nous jamais l'absolu? Il faut, si l'on veut vivre, renoncer à avoir une idée nette de quoi que ce soit. L'humanité est ainsi, il ne s'agit pas de la changer, mais de la connaître.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 19/08/2020
Il ne faut jamais penser au bonheur; cela attire le diable, car c'est lui qui a inventé cette idée-là pour faire enrager le genre humain. La conception du paradis est au fond plus infernale que celle de l'enfer. L'hypothèse d'une félicité parfaite est plus désespérante que celle d'un tourment sans relâche, puisque nous sommes destinés à n'y jamais atteindre. Heureusement qu'on ne peut guère se l'imaginer; c'est là ce qui console. L'impossibilité où l'on est de goûter au nectar fait trouver bon le chambertin.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 19/08/2020
La vie est une chose tellement hideuse que le seul moyen de la supporter, c'est de l'éviter. Et on l'évite en vivant dans l'Art, dans la recherche incessante du Vrai rendu par le Beau. Lisez les grands maîtres en tâchant de saisir leur procédé, de vous rapprocher de leur âme, et vous sortirez de cette étude avec des éblouissements qui vous rendront joyeuse. Vous serez comme Moïse en descendant du Sinaï. Il avait des rayons autour de la face, pour avoir contemplé Dieu.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 29/10/2014
Ce qui m'a gardé de la débauche, ce n'est pas la vertu, mais l'ironie. La bêtise du vice me fait encore plus rire de pitié que la turpitude ne me dégoûte.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 29/10/2014
Madame Bovary n'a rien de vrai. C'est une histoire totalement inventée; je n'y ai rien mis ni de mes sentiments ni de mon existence. L'illusion (s'il y en a une) vient au contraire de l'impersonnalité de l'oeuvre. C'est un de mes principes, qu'il ne faut pas s'écrire. L'artiste doit être dans son oeuvre comme Dieu dans la création, invisible et tout-puissant; qu'on le sente partout, mais qu'on ne le voie pas.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 29/10/2014
Je vais donc reprendre ma pauvre vie si plate et tranquille, où les phrases sont des aventures et où je ne recueille d'autres fleurs que des métaphores. J'écrirai comme par le passé, pour le seul plaisir d'écrire, pour moi seul, sans aucune arrière-pensée d'argent ou de tapage. Apollon, sans doute, m'en tiendra compte, et j'arriverai peut-être un jour à produire une belle chose! Car tout cède, n'est-ce pas, à la continuité d'un sentiment énergique. Chaque rêve finit par trouver sa forme; il y a des ondes pour toutes les soifs, de l'amour pour tous les coeurs. Et puis rien ne fait mieux passer la vie que la préoccupation incessante d'une idée, qu'un idéal, comme disent les grisettes... Folie pour folie, prenons les plus nobles. Puisque nous ne pouvons décrocher le soleil, il faut boucher toutes nos fenêtres et allumer des lustres dans notre chambre.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 27/10/2014
Rien ne dure ici-bas; et c'est une raison pour qu'il fasse beau demain s'il a plu aujourd'hui.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 27/10/2014
Je t'envie de regretter quelque chose dans ton passé. Quant à moi (c'est qu'apparemment je n'ai jamais été ni heureux ni malheureux), j'ignore ce sentiment là. Et d'abord j'en serais honteux. C'est reconnaître qu'il y a quelque chose de bon dans la vie, je ne rendrai jamais cet hommage à la condition humaine.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 27/10/2014
Pour vivre, je ne dis pas heureux (ce but est une illusion funeste), mais tranquille, il faut se créer en dehors de l'existence visible, commune et générale à tous, une autre exigence interne et inaccessible à ce qui rentre dans le domaine du contingent, comme disent les philosophes. Heureux les gens qui ont passé leurs jours à piquer des insectes sur des feuilles de liège ou à contempler avec une loupe les médailles rouillées des empereurs romains! Quand il se mêle à cela un peu de poésie ou d'entrain, on doit remercier le ciel de vous avoir fait ainsi naître.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par jlm le 03/08/2013
Le bonheur est un mensonge dont la recherche cause toutes les calamités de la vie, mais il y a des paix sereines qui l'imitent, et qui sont supérieures peut-être.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par jlm le 04/06/2013
Il y a des outrages qui vous vengent de tous les triomphes, des sifflets qui sont plus doux pour l'orgueil que des bravos.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 15/05/2011
La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. La mort de Socrate pèse encore sur le genre humain.
Par: Gustave Flaubert
Extrait de: Correspondances (Flaubert)
Ajoutée par Savinien le 15/05/2011