Citations de Les destinées, de Alfred de Vigny

17 Citations

L'age d'or de l'avenir


Il est donc vrai que l'homme est monté par lui-même
Jusqu'aux sommets glacés de sa vaste raison,
Qu'il y peut vivre en paix sans plainte et sans blasphème,
Et mesurer le monde et sonder l'horizon.
Il sait que l'univers l'écrase et le dévore;
Plus grand que l'univers qu'il juge et qui l'ignore,
Le Berger a lui-même éclairé sa maison.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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Satan


Sur ce globe imparfait, oeuvre des sept journées,
De l'espoir au regret balançant ses années,
L'homme en pleurant achève et commence son sort,
Et son berceau souvent est le lit de sa mort.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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Wanda


Là, j'aurai soin d'user ma vie avec la sienne,
Je soutiendrai ses bras quand il prendra l'épieu,
Je briserai mon corps pour que rien ne retienne
Mon âme quand son âme aura monté vers Dieu;
Et bientôt, nous tirant des glaces éternelles,
L'ange de mort viendra nous prendre sous ses ailes
Pour nous porter ensemble aux chaleurs du ciel bleu.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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Wanda


En ce temps-là, ma soeur, sur le seuil de sa porte,
Nous dit: Vivez en paix, je vais garder ma foi,
Gardez ces vanités; au monde je suis morte,
Puisque le seul que j'aime est mort devant la loi.
Des splendeurs de mon front conservez les ruines,
Je le suivrai partout, jusques au fond des mines:
Vous qui savez aimer, vous feriez comme moi.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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Le mont des oliviers


Et si j'ai mis le pied sur ce globe incomplet
Dont le gémissement sans repos m'appelait,
C'était pour y laisser deux anges à ma place
De qui la race humaine aurait baisé la trace,
La Certitude heureuse et l'Espoir confiant
Qui dans le paradis marchent en souriant.
Mais je vais la quitter, cette indigente terre,
N'ayant que soulevé ce manteau de misère
Qui l'entoure à grands plis, drap lugubre et fatal,
Que d'un bout tient le Doute et de l'autre le Mal.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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Le mont des oliviers


Jésus disait: O Père, encore laisse-moi vivre!
Avant le dernier mot ne ferme pas mon livre!
Ne sens-tu pas le monde et tout le genre humain
Qui souffre avec ma chair et frémit dans ta main?
C'est que la terre a peur de rester seule et veuve,
Quand meurt celui qui dit une parole neuve;
Et que tu n'as laissé dans son sein desséché
Tomber qu'un mot du ciel par ma bouche épanché.
Mais ce mot est si pur, et sa douceur est telle,
Qu'il a comme enivré la famille mortelle
D'une goutte de vie et de divinité,
Lorsqu'en ouvrant les bras j'ai dit: Fraternité!


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La flûte


Pour moi qui ne sais rien et vais du doute au rêve,
Je crois qu'après la mort, quand l'union s'achève,
L'âme retrouve alors la vue et la clarté,
Et que, jugeant son oeuvre avec sérénité,
Comprenant sans obstacle et s'expliquant sans peine,
Comme ses soeurs du ciel elle est puissante et reine,
Se mesure au vrai poids, connaît visiblement
Que son souffle était faux par le faux instrument,
N'était ni glorieux ni vil, n'étant pas libre;
Que le corps seulement empêchait l'équilibre;
Et, calme, elle reprend, dans l'idéal bonheur,
La sainte égalité des esprits du Seigneur.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La flûte


Si, plus haut parvenus, de glorieux esprits
Vous dédaignent jamais, méprisez leur mépris;
Car ce sommet de tout, dominant toute gloire,
Ils n'y sont pas, ainsi que l'oeil pourrait le croire.
On n'est jamais en haut. Les forts, devant leurs pas,
Trouvent un nouveau mont inaperçu d'en bas.
Tel que l'on croit complet et maître en toute chose
Ne dit pas les savoirs qu'à tort on lui suppose,
Et qu'il est tel grand but qu'en vain il entreprit.
Tout homme a vu le mur qui borne son esprit.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La mort du loup


A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
...
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La colère de Samson


Donc, ce que j'ai voulu, Seigneur, n'existe pas.
Celle à qui va l'amour et de qui vient la vie,
Celle-là, par orgueil, se fait notre ennemie.
La Femme est à présent pire que dans ces temps
Où voyant les humains Dieu dit: Je me repens!
Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,
La Femme aura Gomorrhe et l'Homme aura Sodome,
Et, se jetant, de loin, un regard irrité,
Les deux sexes mourront chacun de son côté.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La colère de Samson


Il ira dans la ville, et là les vierges folles
Le prendront dans leurs lacs aux premières paroles.
Plus fort il sera né, mieux il sera vaincu,
Car plus le fleuve est grand et plus il est ému.
Quand le combat que Dieu fit pour la créature
Et contre son semblable et contre la Nature
Force l'Homme à chercher un sein où reposer,
Quand ses yeux sont en pleurs, il lui faut un baiser.
Mais il n'a pas encore fini toute sa tâche.
Vient un autre combat plus secret, traître et lâche;
Sous son bras, sous son coeur se livre celui-là,
Et, plus ou moins, le Femme est toujours Dalila.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La colère de Samson


L'homme a toujours besoin de caresses et d'amour,
Sa mère l'en abreuve alors qu'il vient au jour,
Et ce bras le premier l'engourdit, le balance
Et lui donne un désir d'amour et d'indolence.
Troublé dans l'action, troublé dans le dessein,
Il rêvera partout à la chaleur du sein,
Aux chansons de la nuit, aux baisers de l'aurore,
A la lèvre de feu que sa lèvre dévore,
Aux cheveux dénoués qui roulent sur son front,
Et les regrets du lit, en marchant, le suivront.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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Les oracles


S'agiter et blesser est l'instinct des vipères;
L'Homme ainsi contre l'Homme a son instinct fatal:
Il retourne ses dards et nourrit ses colères
Au réservoir caché de son poison natal.
Dans quelque cercle obscur qu'on les ait vu descendre,
Homme ou serpent, blottis sous le verre et la cendre,
Mordront le diamant ou mordront le cristal.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La maison du berger


Nous marcherons ainsi, ne laissant que notre ombre
Sur cette terre ingrate où les morts ont passé;
Nous nous parlerons d'eux à l'heure où tout est sombre,
Où tu te plais à suivre un chemin effacé,
A rêver, appuyée aux branches incertaines,
Pleurant, comme Diane au bord de ses fontaines,
Ton amour taciturne et toujours menacé.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La maison du berger


Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse
Sous nos pieds, sur nos fronts, puisque c'est votre loi;
Vivez, et dédaignez, si vous êtes déesse,
L'homme, humble passager, qui dut vous être un roi;
Plus que tout votre règne et que ses splendeurs vaines,
J'aime la majesté des souffrances humaines,
Vous ne recevrez pas un cri d'amour de moi.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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La maison du berger


Viens donc, le ciel pour moi n'est plus qu'une auréole
Qui t'entoure d'azur, t'éclaire et te défend;
La montagne est ton temple et le bois sa coupole;
L'oiseau n'est sur la fleur balancé par le vent,
Et la fleur ne parfume et l'oiseau ne soupire
Que pour mieux enchanter l'air que ton sein respire;
La terre est le tapis de tes beaux pieds d'enfants.

Eva, j'aimerai tout dans les choses créées,
Je les contemplerai dans ton regard rêveur
Qui partout répandra ses flammes colorées,
Son repos gracieux, sa magique saveur:
Sur mon coeur déchiré viens poser ta main pure,
Ne me laisse jamais seul avec la Nature;
Car je la connais trop pour n'en pas avoir peur.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 24/08/2010

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Le Mont des Oliviers


S'il est vrai qu'au jardin sacré des écritures,
Le fils de l'homme ait dit ce qu'on voit rapporté;
Muet, aveugle et sourd au cri des créatures,
Si le Ciel nous laissa comme un monde avorté,
Le juste opposera le dédain à l'absence
Et ne répondra plus que par un froid silence
Au silence éternel de la divinité.


Par: Alfred de Vigny

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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