Citations de Le jardin d'Epicure, de Anatole France

17 Citations

Le charme qui touche le plus les âmes est le charme du mystère. Il n'y a pas de beauté sans voiles, et ce que nous préférons, c'est encore l'inconnu. L'existence serait intolérable si l'on ne rêvait jamais. Ce que la vie a de meilleur, c'est l'idée qu'elle nous donne de je ne sais quoi qui n'est point en elle.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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Un beau vers est comme un archet promené sur nos fibres sonores. Ce ne sont pas ses pensées, ce sont les nôtres que le poète fait chanter en nous. Quand il nous parla d'une femme qu'il aime, ce sont nos amours et nos douleurs qu'il éveille délicieusement en notre âme. Il est un évocateur. Quand nous le comprenons, nous sommes aussi poètes que lui.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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Que la terre soit grande ou petite, il n'importe à l'homme. Elle est assez grande pourvu qu'on y souffre, pourvu qu'on y aime. La souffrance et l'amour, voilà les deux sources jumelles de son inépuisable beauté. La souffrance! Quelle divine méconnue! Nous lui devons tout ce qu'il y a de bon en nous, tout ce qui donne du prix à la vie; nous lui devons la pitié, nous lui devons le courage, nous lui devons toutes les vertus. La terre n'est qu'un grain de sable dans le désert infini des mondes. Mais, si l'on ne souffre que sur la terre, elle est plus grande que tout le reste du monde. Que dis−je? Elle est tout, et le reste n'est rien. Car, ailleurs, il n'y a ni vertu ni génie


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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L'ignorance est la condition nécessaire, je ne dis pas du bonheur, mais de l'existence même. Si nous savions tout, nous ne pourrions pas supporter la vie une heure. Les sentiments qui nous la rendent ou douce, ou du moins tolérable, naissent d'un mensonge et se nourrissent d'illusions.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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L'attrait du danger est au fond de toutes les grandes passions. Il n'y a pas de volupté sans vertige. Le plaisir mêlé de peur enivre.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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La femme la plus modeste et la plus austère, qui ne veut ôter le repos à aucun homme, voudrait pouvoir l'ôter à tous les hommes.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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Les choses en elles−mêmes ne sont ni grandes ni petites, et quand nous trouvons que l'univers est vaste, c'est une idée tout humaine. S'il était tout à coup réduit à la dimension d'une noisette, toutes choses gardant leurs proportions, nous ne pourrions nous apercevoir en rien de ce changement. La polaire, renfermée avec nous dans la noisette, mettrait, comme par le passé, cinquante ans à nous envoyer sa lumière. Et la terre, devenue moins qu'un atome, serait arrosée de la même quantité de larmes et de sang qui l'abreuve aujourd'hui. Ce qui est admirable, ce n'est pas que le champ des étoiles soit si vaste, c'est que l'homme l'ait mesuré.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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Il y a des étoiles qui se sont éteintes sous nos yeux, d'autres vacillent comme la flamme mourante d'une bougie. Les cieux, qu'on croyait incorruptibles, ne connaissent d'éternel que l'éternel écoulement des choses.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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Les mondes meurent, puisqu'ils naissent. Il en naît, il en meurt sans cesse. Et la création, toujours imparfaite, se poursuit dans d'incessantes métamorphoses. Les étoiles s'éteignent sans que nous puissions dire si ces filles de lumière, en mourant ainsi, ne commencent point comme planètes une existence féconde, et si les planètes elles−mêmes ne se dissolvent pas pour redevenir des étoiles. Nous savons seulement qu'il n'est pas plus de repos dans les espaces célestes que sur la terre, et que la loi du travail et de l'effort régit l'infinité des mondes.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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En amour, il faut aux hommes des formes et des couleurs; ils veulent des images. Les femmes ne veulent que des sensations. Elles aiment mieux que nous, elles sont aveugles.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 09/02/2012

 

Le charme qui touche le plus les âmes est le charme du mystère. Il n'y a pas de beauté sans voiles, et ce que nous préférons, c'est encore l'inconnu. L'existence serait intolérable si l'on ne rêvait jamais. Ce que la vie a de meilleur, c'est l'idée qu'elle nous donne de je ne sais quoi qui n'est point en elle. Le réel nous sert à fabriquer tant bien que mal un peu d'idéal. C'est peut-être sa plus grande utilité.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 09/02/2012

 

Un beau vers est comme un archet promené sur nos fibres sonores. Ce ne sont pas ses pensées, ce sont les nôtres que le poète fait chanter en nous. Quand il nous parle d'une femme qu'il aime, ce sont nos amours et nos douleurs qu'il éveille délicieusement en notre âme. Il est un évocateur. Quand nous le comprenons, nous sommes aussi poètes que lui. Nous avons en nous, tous tant que nous sommes, un exemplaire de chacun de nos poètes que personne ne connaît, et qui périra à jamais avec toutes ses variantes lorsque nous ne sentirons plus rien. Et croyez-vous que nous aimerions tant nos lyriques s'ils nous parlaient d'autre chose que de nous? Quel heureux malentendu! Les meilleurs d'entre eux sont des égoïstes. Ils ne pensent qu' eux. Ils n'ont mis qu'eux dans leurs vers et nous n'y trouvons que nous. Les poètes nous aident à aimer: ils ne servent qu'à cela, et c'est un assez bel emploi de leur vanité délicieuse. Aussi en est-il de leurs strophes comme des femmes; rien n'est plus vain que de les louer: la mieux aimée sera toujours la plus belle.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 09/02/2012

 

Je suis persuadé que l'humanité a de tout temps la même somme de folie et de bêtise à dépenser. C'est un capital qui doit fructifier d'une manière ou d'une autre. La question est de savoir si, après tout, les insanités consacrées par le temps ne constituent pas le placement le plus sage qu'un homme puisse faire de sa bêtise. Loin de me réjouir quand je vois s'en aller quelque vieille erreur, je songe à l'erreur nouvelle qui viendra la remplacer, et je me demande avec inquiétude si elle ne sera pas plus incommode ou plus dangereuse que l'autre. A tout bien considérer, les vieux préjugés sont moins funestes que les nouveaux: le temps, en les usant, les a polis et rendus presque innocents.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 09/02/2012

 

Si donc j'étais démiurge ou démon, ce sont ces insectes que j'aurais pris pour modèles de l'homme. J'aurais voulu que, comme eux, l'homme accomplît d'abord, à l'état de larve, les travaux dégoûtants par lesquels il se nourrit. En cette phase, il n'y aurait point eu de sexes, et la faim n'aurait point avili l'amour. Puis j'aurais fait en sorte que, dans une transformation dernière, l'homme et la femme, déployant des ailes étincelantes, vécussent de rosée et de désir et mourussent dans un baiser. J'aurais de la sorte donné à leur existence mortelle l'amour en récompense et pour couronne. Et cela aurait été mieux ainsi. Mais je n'ai pas créé le monde, et le démiurge qui s'en est chargé n'a pas pris mes avis. Je doute, entre nous, qu'il ait consulté les philosophes et les gens d'esprit.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 08/02/2012

 

Il est pénible, quand on n'est point un grand sage, de voir la vie continuer après soi et de se sentir noyé dans l'écoulement des choses. Poète, sénateur ou cordonnier, on se résigne mal n'être pas la fin définitive des mondes et la raison suprême de l'univers.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 08/02/2012

 

L'ignorance est la condition nécessaire, je ne dis pas du bonheur, mais de l'existence même. Si nous savions tout, nous ne pourrions pas supporter la vie une heure. Les sentiments qui nous la rendent ou douce, ou du moins tolérable, naissent d'un mensonge et se nourrissent d'illusions. Si possédant, comme Dieu, la vérité, l'unique vérité, un homme la laissait tomber de ses mains, le monde en serait anéanti sur le coup et l'univers se dissiperait aussitôt comme une ombre. La vérité divine, ainsi qu'un jugement dernier, le réduirait en poudre.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 08/02/2012

 

L'artiste doit aimer la vie et nous montrer qu'elle est belle. Sans lui, nous en douterions.


Par: Anatole France

Ajoutée par Savinien le 08/02/2012