Citations de Pensées d'une solitaire, de Louise Victorine Ackermann

16 Citations

Quand je me représente que j'ai apparu fortuitement sur un globe emporté lui-même dans l'espace au hasard des catastrophes célestes, quand je me vois entourée d'êtres aussi éphémères et aussi incompréhensibles que moi, lesquels s'agitent et courent après des chimères, j'éprouve l'étrange sensation du rêve. Je ne puis croire à la réalité de ce qui m'environne. Il me semble que j'ai aimé, souffert, et que je vais bientôt mourir en songe. Mon dernier mot sera: j'ai rêvé!


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 30/12/2010

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Il y a le soir, quand je travaille auprès de ma fenêtre, une certaine étoile qui me regarde. Si je la comprends, elle a pitié de la peine que je me donne pour un mot, pour une rime. A quoi bon? Semble-t-elle me dire. Hélas! J'ai eu bien souvent la même pensée. On peut quelquefois, bien qu'on ne soit pas une étoile et sans voir les choses d'aussi haut, prendre en pitié les résultats insignifiants des efforts humains.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 30/12/2010

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On peint Caron occupé à passer des ombres, c'est à dire le reste de quelque chose qui a vécu. Et nous qui vivons encore, que sommes-nous? Des ombres aussi. Avant comme après la mort, toujours des fantômes dans une barque étroite et fuyante.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 30/12/2010

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L'âge mûr semble être mon âge naturel. Ce calme encore accompagné de force, ces opinions rassises, ces vues claires en littérature et en philosophie, voilà ce que je goûte et dont je jouis avec délices. J'aurais dû naître à quarante ans.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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J'ai logé chez moi bien des sentiments, et, quoiqu'il y ait longtemps que je ne les héberge plus, je me souviendrais toujours qu'ils ont été mes hôtes et que nous nous sommes bien quittés.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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Ce que l'homme aurait de mieux à faire, ce serait de prendre au pied de la lettre cette métaphore usée: « la vie est un rêve. » Donner de l'importance à ce rêve, c'est vouloir qu'il dégénère en cauchemar.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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La passion explique bien des choses, mais ne justifie rien.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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Je ne dirai pas à l'humanité: progresse; je lui dirai: meurs, car aucun progrès ne t'arrachera jamais aux misères de la condition terrestre.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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Je me compare à ces insectes qui, réfugiés à l'extrémité d'une branche, dans une feuille, s'y tissent une enveloppe fine où s'ensevelir. La solitude est ma feuille; j'y file mon petit cocon poétique.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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L'élément des religions, c'est l'ignorance. La foi disparaît devant la science. Une humanité qui nous serait supérieure n'aurait plus besoin de croire; elle saurait.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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J'écoute avec plaisir marcher mon horloge dans le silence de la nuit. Le bruit régulier de son balancier me fait l'effet des battements d'un coeur. Il me semble que j'entends respirer le Temps.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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On est bien forcé de s'accepter soi-même, seulement il ne faudrait pas s'en montrer aussi souvent satisfait.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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Il est étrange que, parfaitement certains de la brièveté de la vie, nous prenions tant à coeur les intérêts qui s'y rapportent. Quelle est cette activité, ce mouvement à l'entour de places et de richesses, dont nous aurons si peu de temps à jouir? Et ces pleurs sur des morts chéris que nous irons rejoindre demain? L'homme sait tout cela, et cependant il s'agite, il s'inquiète, il s'afflige, comme si la fin de ces empressements et de ces larmes n'était pas prochaine, et nulle philosophie ne peut lui donner sur toutes choses l'indifférence qui convient à un condamné à mort sans espoir ni recours.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 28/12/2010

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La musique me remue jusqu'en mes dernières profondeurs. Les regrets, les douleurs, les tristesses qui s'y étaient déposés en couches tranquilles par le simple effet de la raison et du temps s'agitent et remontent à la surface. Cette vase précieuse une fois remuée, je vois reparaître au jour tous les débris de mon coeur.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 24/12/2010

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J'ai toujours eu une admiration profonde pour ces âmes courageuses, qui, en pleine possession d'elles-mêmes et par pur dégoût des misères terrestres, ont trouvé en elles la force de se débarrasser de l'existence. La Nature a bien su ce qu'elle faisait en nous dotant d'une irrémédiable lâcheté en face de la mort; mais combien il est beau de la vaincre et de lui crier: ô marâtre! Je te rends ton fardeau. Si tu as cru me lier par le don fortuit et funeste de la vie, voilà le cas que j'en fais!


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 24/12/2010

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Les occupations agricoles ont une vertu particulière: elles calment, elles émoussent. Elles sont surtout bonnes après de grandes douleurs ou de grands mécomptes. Il semble que la terre communique dès lors à l'homme un avant-goût de ce repos définitif qu'elle lui donnera quelque jour.


Par: Louise Victorine Ackermann

Ajoutée par Savinien le 24/12/2010

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