Citations de François de Malherbe

32 Citations

Epitaphe de mademoiselle de Conti, Marie de Bourbon


Tu vois, passant, la sépulture
D'un chef-d'oeuvre si précieux
Qu'avoir mille rois pour aïeux
Fut le moins de son aventure.

O quel affront à la nature,
Et quelle injustice des cieux,
Qu'un moment ait fermé les yeux
D'une si belle créature!

On doute pour quelle raison
Les destins si hors de saison
De ce monde l'ont appelée;

Mais leur prétexte le plus beau,
C'est que la terre était brûlée
S'ils n'eussent tué ce flambeau.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 31/08/2011

 

Ce serait une trop longue et trop forte besogne de vouloir réformer tout ce qui ne se trouverait pas à notre gré.
Tantôt nous aurions à répondre aux sottises d'un ignorant; tantôt il nous faudrait combattre la malice d'un envieux. Nous aurons plutôt fait de nous moquer des uns et des autres. La pluralité des voix est pour nous. S'il y a quelques extravagants qui veuillent faire bande à part, à la bonne heure. De toutes les dettes, la plus aisée à payer, c'est le mépris. Nous ne ferons pour cela ni cession ni banqueroute.
Aimons ceux qui nous aiment; pour les autres, si nous ne sommes à leur goût, il n'est pas raisonnable qu'ils soient au nôtre.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Ne savez-vous pas que la diversité des opinions est aussi naturelle que la différence des visages, et que vouloir que ce qui nous plaît ou déplaît plaise ou déplaise à tout le monde, c'est passer des limites où il semble que Dieu même ait commandé à sa toute-puissance de s'arrêter?


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Quelque habit que l'on porte en ce monde, et par quelque chemin que l'on y marche, on arrive toujours en même lieu.
Cette vie est une pure sottise. Nous l'estimons trop, et de là vient cette folle coutume d'approuver et condamner les choses avec trop de passion. L'indifférence est un grand garant contre les bizarreries de la fortune. Si elle nous voyait résolus à vouloir ce qu'elle veut, peut-être voudrait-elle plus souvent ce que nous voudrions.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Quand un homme a les choses nécessaires, si on lui ôte les superflues, on ne l'offense pas, on le décharge.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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J'ai tant d'expérience des intrigues de la fortune, et des difficultés inopinées qu'ordinairement elle fait naître aux choses que nous tenons les plus certaines, que je n'attends jamais qu'avec beaucoup de doute ce que j'ai désiré avec tant soit peu d'affection.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Et maintenant encore en cet âge penchant,
Où mon peu de lumière est si près du couchant,
Quand je verrais Hélène au monde revenue,
En l'état glorieux où Pâris l'a connue,
Faire à toute la terre adorer ses appâts,
N'en étant point aimé, je ne l'aimerais pas.
Cette belle bergère, à qui les destinées
Semblaient avoir gardé mes dernières années,
Eut en perfection tous les rares trésors
Qui parent un esprit, et font aimer un corps.
Ce ne furent qu'attraits, ce ne furent que charmes;
Sitôt que je la vis, je lui rendis les armes,
Un objet si puissant ébranla ma raison,
Je voulus être sien, j'entrai dans sa prison,
Et de tout mon pouvoir essayai de lui plaire,
Tant que ma servitude espéra du salaire.
Mais comme j'aperçus l'infaillible danger,
Où, si je poursuivais, je m'allais engager,
Le soin de mon salut m'ôta cette pensée,
J'eus honte de brûler pour une âme glacée;
Et sans me travailler à lui faire pitié,
Restreignis mon amour aux termes d'amitié.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Je voudrais que vous eussiez entretenu l'homme qui vient du lieu où est votre prétendue maîtresse. Vous auriez appris qu'en un mois qu'il y a été, il ne s'est presque passé jour qu'il ne l'ait vue aux compagnies, parée et ajustée d'une façon qui ne montrait pas qu'elle ait eu envie de revenir au logis sans avoir fait un prisonnier.
Vous prendrez peut-être la chose à votre avantage, et direz qu'elle ne le faisait que pour se divertir des pensées mélancoliques ou la plongeait votre éloignement. Je vous en sais bon gré. Quand on se veut tromper, il ne se faut point tromper à demi.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Quand une femme refuse ce qu'on lui demande, ce n'est pas qu'elle condamne la chose qui lui est demandée, c'est que le demandeur ne lui plaît pas.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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On se noie en amour aussi bien qu'en une rivière. Il faut donc sonder le gué de l'un aussi bien que de l'autre, et n'éviter pas moins que le naufrage la domination de je ne sais quelles suffisantes, qui veulent faire les rieuses à nos dépends.
Celle à qui vous en voulez est très belle, très sage, de très bonne grâce, et de très bonne maison. Elle a tout cela, je l'avoue; mais le meilleur y manque: elle ne vous aime point; et sans cette qualité, tout et rien ne vaut pas mieux l'un que l'autre.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Je ne m'informe jamais des particularités d'une chose que je voudrais qui ne fût point du tout.
J'aimerai autant un mari à qui on aurait dit que sa femme aurait chevauché, qui voudrait savoir si ça aurait été sous un poirier ou sous un pommier, sur le bord du lit ou dessus, quelle jupe elle avait, comment était vêtu le galant.
Des choses fâcheuses, ce n'est que trop d'en savoir le gros, sans en demander le menu.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Tout ce qu'il y a de beaux esprits au monde savent combien l'aiguillon de la gloire a la pointure douce, et les Stoïques mêmes n'écrivent contre elle que pour l'acquérir.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Lettre à sa femme


Mon coeur, ma chère âme, je prie Dieu qu'il vous veuille consoler. Je crois que vous en aurez bien besoin. Souvenez-vous que quand notre fille aurait vécu cent ans, il lui fallait toujours mourir.
La mort, en nous ôtant tout, nous a appris à ne la craindre plus. Aussi pour moi je ne la crains plus qu'en une seule occasion. Si j'ai cette bonne fortune de mourir premier que vous, qui est tout le souhait que je fais à Dieu, je sais bien que je ne pleurerai jamais beaucoup.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 30/10/2010

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Epitaphe pour un gentilhomme de ses amis


N'attends, passant, que de ma gloire
Je te fasse une longue histoire,
Pleine de langage indiscret.
Qui se loue irrite l'envie;
Juge de moi par le regret
Qu'eut la mort de m'ôter la vie.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 06/09/2010

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Celle qu'avait Hymen à mon coeur attachée,
Et qui fut ici-bas ce que j'aimais le mieux,
Allant changer la terre à de plus dignes lieux,
Au marbre que tu vois sa dépouille a cachée.

Comme tombe une fleur que la bise a séchée,
Ainsi fut abattu ce chef-d'oeuvre des cieux;
Et depuis le trépas qui lui ferma les yeux,
L'eau que versent les miens n'est jamais étanchée.

Ni prières, ni voeux ne m'y purent servir;
La rigueur de la mort se voulut assouvir,
Et mon affection ne put en avoir dispense.

Toi dont la piété vient sa tombe honorer,
Pleure mon infortune, et pour ta récompense
Jamais autre douleur ne te fasse pleurer.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 06/09/2010

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Quoi donc! C'est un arrêt qui n'épargne personne,
Que rien n'est ici-bas heureux parfaitement,
Et qu'on ne peut au monde avoir contentement
Qu'un funeste malheur aussitôt n'empoisonne!


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Pour le moins j'ai ce réconfort,
Que les derniers traits de la mort
Sont peints en mon visage blême,
Et font voir assez clair à tous
Que c'est m'arracher à moi-même
Que de me séparer de vous.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Caliste, en cet exil j'ai l'âme si gênée
Qu'au tourment que je souffre il n'est rien de pareil;
Et ne saurais ouïr ni raison ni conseil,
Tant je suis dépité contre ma destinée.

J'ai beau voir commencer et finir la journée,
En quelque part des cieux que luise le soleil,
Si le plaisir me fuit, aussi fait le sommeil,
Et la douleur que j'ai n'est jamais terminée.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Lieux qui donnez au coeur tant d'aimables désirs,
Bois, fontaines, canaux, si parmi vos plaisirs
Mon humeur est chagrine, et mon visage triste,

Ce n'est point qu'en effet vous n'ayez des appas;
Mais quoi que vous ayez, vous n'avez point Caliste,
Et moi je ne vois rien quand je ne la vois pas.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Sur l'art d'embellir de Mr de Fleurance


Voyant ma Caliste si belle,
Que l'on n'y peut rien désirer,
Je ne me pouvais figurer
Que ce fût chose naturelle.

J'ignorais que ce pouvait être
Qui lui colorait ce beau teint,
Où l'aurore même n'atteint
Quand elle commence de naître.

Mais, Fleurance, ton docte écrit
M'ayant fait voir qu'un bel esprit
Est la cause d'un beau visage;

Ce ne m'est plus de nouveauté,
Puisqu'elle est parfaitement sage,
Qu'elle soit parfaite en beauté.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Stances


Philis qui me voit le teint blême,
Les sens ravis hors de moi-même,
Et les yeux trempés tout le jour,
Cherchant la cause de ma peine,
Se figure, tant elle est vaine,
Qu'elle m'a donné de l'amour.

Je suis marri que la colère
Me porte jusqu'à lui déplaire;
Mais pourquoi ne m'est-il permis
De lui dire qu'elle s'abuse,
Puisqu'à ma honte elle s'accuse
De ce qu'elle n'a point commis?

En quelle école nonpareille
Aurait-elle appris la merveille
De si bien charmer ses appas,
Que je pusse la trouver belle,
Pâlir, transir, languir pour elle,
Et ne m'en apercevoir pas?

...

C'est de Glycère que procèdent
Tous les ennuis qui me possèdent,
Sans remède, et sans réconfort;
Glycère fait mes destinées,
Et comme il lui plaît mes années
Sont ou près ou loin de la mort.

C'est bien un courage de glace,
Où la pitié n'a point de place,
Et que rien ne peut émouvoir;
Mais quelque défaut que j'y blâme,
Je ne puis l'ôter de mon âme,
Non plus que vous y recevoir.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Paraphrase du psaume VIII


De moi, toutes les fois que j'arrête les yeux
A voir les ornements dont tu pares les cieux,
Tu me sembles si grand, et nous si peu de chose,
Que mon entendement
Ne peut s'imaginer quel amour te dispose
A nous favoriser d'un regard seulement.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Aux ombres de Damon


Mais, ô loi rigoureuse à la race des hommes,
C'est un point arrêté, que tout ce que nous sommes,
Issus de pères rois et de pères bergers,
La Parque également sous la tombe nous serre,
Et les mieux établis au repos de la terre,
N'y sont qu'hôtes et passagers.

Tout ce que la grandeur a de vains équipages,
D'habillements de pourpre, et de suite de pages,
Quand le terme est échu n'allonge point nos jours;
Il faut aller tout nus où le Destin commande;
Et de toutes douleurs, la douleur la plus grande
C'est qu'il faut laisser nos amours.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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A une dame qui ne le contentait que de promesses


Beauté, mon beau souci, de qui l'âme incertaine
A, comme l'océan, son flux et son reflux,
Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
Ou je vais me résoudre à ne le souffrir plus.

Vos yeux ont des appas que j'aime et que je prise,
Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté;
Mais pour me retenir, s'ils font cas de ma prise,
Il leur faut de l'amour autant que de beauté.

Quand je pense être au point que cela s'accomplisse,
Quelque excuse toujours en empêche l'effet;
C'est la toile sans fin de la femme d'Ulysse,
Dont l'ouvrage du soir au matin se défait.

Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire
De me l'avoir promis, et vous rire de moi;
S'il ne vous en souvient vous manquez de mémoire,
Et s'il vous en souvient vous n'avez point de foi.

J'avais toujours fait compte, aimant chose si haute,
De ne m'en séparer qu'avec le trépas;
S'il arrive autrement, ce sera votre faute,
De faire des serments et ne les tenir pas.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Victoire de la constance


C'est peu d'expérience à conduire sa vie,
De mesurer son aise au compas de l'envie,
Et de perdre ce que l'age a de fleur et de fruit,
Pour éviter un bruit.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Victoire de la constance


Enfin cette beauté m'a la place rendue
Que d'un siège si long elle avait défendue;
Mes vainqueurs sont vaincus; ceux qui m'ont fait la loi
La reçoivent de moi.

J'honore tant la palme acquise en cette guerre,
Que si victorieux des deux bouts de la terre
J'avais mille lauriers de ma gloire témoins,
Je les priserais moins.

Au repos où je suis tout ce qui me travaille,
C'est le doute que j'ai d'un malheur qui m'assaille,
Qui me sépare d'elle et me fasse lâcher
Un bien que j'ai si cher.

Il n'est rien ici-bas d'éternelle durée.
Une chose qui plaît n'est jamais assurée;
L'épine suit la rose, et ceux qui sont contents
Ne le sont pas longtemps.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Les larmes de Saint Pierre


Mais moi, puisque les lois me défendent l'outrage
Qu'entre tant de langueurs me commande ma rage,
Et qu'il ne faut soi-même éteindre son flambeau;
Que m'est-il demeuré pour conseil et pour armes,
Que d'écouler ma vie en un fleuve de larmes,
Et la chassant de moi l'envoyer au tombeau?

Je sais bien que ma langue ayant commis l'offense,
Mon coeur incontinent en a fait pénitence.
Mais quoi? Si peu de cas ne me rends satisfait.
Mon regret est si grand et ma faute si grande,
Qu'une mer éternelle à mes yeux je demande
Pour pleurer à jamais le péché que j'ai fait.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Les larmes de Saint Pierre


Quiconque de plaisirs a son âme assouvie,
Plein d'honneurs et de biens, non sujet à l'envie,
Sans jamais en son aise un malaise approuver,
S'il demande à ses jours davantage de terme,
Que fait-il, ignorant, qu'attendre de pied ferme
De voir à son beau temps un orage arriver?


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Stances


Si des maux renaissants avec ma patience
N'ont pouvoir d'arrêter un esprit si hautain,
Le temps est médecin d'heureuse expérience;
Son remède est tardif mais il est bien certain.

Le temps à mes douleurs promet une allégeance,
Et de voir vos beautés se passer quelque jour;
Lors je serai vengé, si j'ai de la vengeance
Pour un si beau sujet pour qui j'ai tant d'amour.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 05/09/2010

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Paraphrase du psaume VIII


Il n'est faiblesse égale à nos infirmités;
Nos plus sages discours ne sont que vanités.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 06/08/2010

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Consolation à Mr du Périer sur la mort de sa fille


Mais elle était du monde où les plus belles choses
Ont le pire destin:
Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 06/08/2010

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Pour Monseigneur le Comte de Soissons


Ne délibérons plus; allons droit à la mort;
La tristesse m'appelle à ce dernier effort,
Et l'honneur m'y convie;
Je n'ai que trop gémi:
Si parmi tant d'ennuis j'aime encore ma vie,
Je suis mon ennemi.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 06/08/2010

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