Citations de Alfred de Musset

72 Citations

Elle pleure une nuit et trouve que les larmes lui rougissent les yeux. Elle prend un consolateur, de la perte duquel un autre la console; ainsi jusqu'à trente ans et plus. C'est alors que, blasée et gangrenée, n'ayant plus rien d'humain, pas même le dégoût, elle rencontre un soir un bel adolescent aux cheveux noirs, à l'oeil ardent, au coeur palpitant d'espérance; elle reconnaît sa jeunesse, elle se souvient de ce qu'elle a souffert, et, lui rendant les leçons de sa vie, elle lui apprend à ne jamais aimer.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Virgile le 06/03/2023

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Celui qui, par une fraîche matinée, dans la force de la jeunesse, est sorti un jour à pas lents, tandis qu'une main adorée fermait sur lui la porte secrète; qui a marché sans savoir où, regardant les bois et les plaines; qui a traversé une place sans entendre qu'on lui parlait; qui s'est assis dans un lieu solitaire, riant et pleurant sans raison; qui a posé ses mains sur son visage pour y respirer un reste de parfum; qui a oublié tout à coup ce qu'il avait fait sur la terre jusqu'alors; qui a parlé aux arbres de la route et aux oiseaux qu'il voyait passer; qui, enfin, au milieu des hommes, s'est montré un joyeux insensé, puis qui est tombé à genoux et qui en a remercié Dieu; celui-là mourra sans se plaindre: il a possédé la femme qu'il aimait.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 07/12/2011

 

Il n'en faut pas douter, l'amour est un mystère inexplicable. De quelques chaînes, de quelques misères, et je dirai mêmes de quelques dégoûts que le monde l'ait entouré, tout enseveli qu'il y est sous une montagne de préjugés qui le dénaturent et le dépravent, à travers toutes les ordures dans lesquelles on le traîne, l'amour, le vivace et fatal amour, n'est pas moins une loi céleste aussi puissante et aussi incompréhensible que celle qui suspend le soleil dans les cieux. Qu'est-ce que c'est, je vous le demande, qu'un lien plus dur, plus solide que le fer, et qu'on ne peut ni voir ni toucher? Qu'est-ce que c'est que de rencontrer une femme, de la regarder, de lui dire un mot et de ne plus jamais l'oublier? Pourquoi celle-là plutôt qu'une autre? Invoquez la raison, l'habitude, les sens, la tête, le coeur et expliquez si vous pouvez.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 07/12/2011

 

Il ne manque pas dans le monde de gens pareils, qui prennent à coeur de vous rendre un service, et qui vous jetteraient sans remords le plus lourd pavé pour écraser la mouche qui vous pique. Ils ne s'inquiètent que de vous empêcher de mal faire; c'est à dire qu'ils n'ont point de repos qu'ils ne vous aient rendu semblable à eux. Arrivés à ce but, n'importe par quel moyen, ils se frottent les mains, et l'idée ne leur viendrait pas que vous puissiez être tombé de mal en pis; tout cela de bonne amitié.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 06/12/2011

 

Alors je rentrais dans la ville; je me perdais dans les rues obscures; je regardais les lumières de toutes ces croisées, tous ces nids mystérieux des familles, les voitures passant, les hommes se heurtant. Oh! Quelle solitude! Quelle triste fumée sur ces toits! Quelle douleur dans ces rues tortueuses où tout piétine, travaille et sue, où des milliers d'inconnus vont se touchant le coude; cloaque où les corps seuls sont en société, laissant les âmes solitaires, et où il n'y a que les prostituées qui vous tendent la main au passage! « Corrompts-toi, corrompts-toi! Tu ne souffriras plus! » Voila ce que les villes crient à l'homme, ce qui est écrit sur les murs avec du charbon, sur les pavés avec de la boue, sur les visages avec du sang extravasé.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 06/12/2011

 

De toutes les soeurs de l'amour, l'une des plus belles est la pitié.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 06/12/2011

 

Prenez de l'amour ce qu'un homme sobre prend de vin, ne devenez pas un ivrogne. Si votre maîtresse est sincère et fidèle, aimez-la pour cela; mais, si elle ne l'est pas, et qu'elle soit jeune et belle, aimez-la parce qu'elle est jeune et belle; et, si elle est agréable et spirituelle, aimez-la encore; et, si elle n'est rien de tout cela, mais qu'elle vous aime seulement, aimez-la encore. On n'est pas aimé tous les soirs.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 06/12/2011

 

La perfection, ami, n'est pas plus faite pour nous que l'immensité. Il ne faut la chercher en rien, ne la demander à rien, ni à l'amour, ni à la beauté, ni au bonheur, ni à la vertu; mais il faut l'aimer pour être vertueux, beau et heureux autant que l'homme peut l'être.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 06/12/2011

 

L'insensé veut posséder le ciel; le sage l'admire, s'agenouille et ne désire pas.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 05/12/2011

 

La perfection n'existe pas; la comprendre est le triomphe de l'intelligence humaine; la désirer pour la posséder est la plus dangereuse des folies.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 05/12/2011

 

Il est certain qu'il y a dans l'homme deux puissances occultes qui combattent jusqu'à la mort: l'une, clairvoyante et froide, s'attache à la réalité, la calcule, la pèse et juge le passé; l'autre a soif de l'avenir et s'élance! Vers l'inconnu. Quand la passion emporte l'homme, la raison le suit en pleurant et en l'avertissant du danger; mais, dès que l'homme s'est arrêté à la voix de la raison, dès qu'il s'est dit: « c'est vrai, je suis un fou; où allais-je? » la passion lui crie: « et moi, je vais donc mourir? »


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 05/12/2011

 

Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 20/09/2011

 

La coupe et les lèvres


Le coeur d'un homme vierge est un vase profond.
Lorsque la première eau qu'on y verse est impure,
La mer y passerait sans laver la souillure,
Car l'abîme est immense, et la tache est au fond.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 17/09/2011

 

Une bonne fortune


Ce qu'on fait maintenant, on le dit; et la cause
En est bien excusable: on fait si peu de chose!
Mais, si peu qu'il ait fait, chacun trouve à son gré
De le voir par écrit dûment enregistré;
Chacun sait aujourd'hui quand il fait de la prose;
Le siècle est, à vrai dire, un mandarin lettré.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 12/10/2010

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Acte I, Scène 4


Un serrement de main, un regard de clémence,
Une larme, un soupir, voilà pour moi l'amour;
Et j'aimerai dix ans comme le premier jour.
J'ai de la passion et n'ait point d'éloquence.
Mes rivaux, sous mes yeux, sauront plaire et charmer.
Je resterai muet; - moi, je ne sais qu'aimer.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Acte I, Scène 3


Pourquoi ne puis-je voir sans plaisir et sans peine
Les baisers du zéphyr trembler sur la fontaine,
Et l'ombre des tilleuls passer sur mes bras nus?
Ma soeur est une enfant, - et je ne le suis plus.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Acte I, Scène 3


Toi dont la voix est douce, et douce la parole,
Chanteur mystérieux, reviendras-tu me voir?
Ou, comme en soupirant l'hirondelle s'envole,
Mon bonheur fuira-t-il, n'ayant duré qu'un soir?


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Acte I, Scène 1


Qu'importe que le jour finisse et recommence,
Quand d'une autre existence
Le coeur est animé?
Ouvrez-vous! Jeunes fleurs. Si la mort vous enlève,
La vie est un sommeil, l'amour en est le rêve,
Et vous aurez vécu, si vous avez aimé.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Les voeux stériles


Mais qu'en dois-je penser? Il n'existe qu'un être
Que je puisse en entier et constamment connaître,
Sur qui mon jugement puisse au moins faire foi,
Un seul!... Je le méprise. - Et cet être, c'est moi.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Namouna


Et le jour que parut le convive de pierre,
Tu vins à sa rencontre, et lui tendis la main;
Tu tombas foudroyé sur ton dernier festin:
Symbole merveilleux de l'homme sur la terre,
Cherchant de ta main gauche à soulever ton verre,
Abandonnant ta droite à celle du destin!


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Namouna


Et que voulais-tu donc? - Voila ce que le monde
Au bout de trois cent ans demande encore tout bas,
Le sphinx aux yeux perçants attend qu'on lui réponde.
Ils savent compter l'heure, et que leur terre est ronde,
Ils marchent dans leur ciel sur le bout d'un compas;
Mais ce que tu voulais, ils ne le savent pas.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Namouna


Pourquoi donc les amants veillent-ils nuit et jour?
Pourquoi donc le poète aime-t-il sa souffrance?
Que demandent-ils donc tous les deux en retour?
Une larme, ô mon Dieu, voila leur récompense;
Voila pour eux le ciel, la gloire et l'éloquence.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Namouna


Et puissiez-vous trouver, quand vous en voudrez rire,
A dépecer nos vers le plaisir qu'ils nous font!
Qu'importe leur valeur? La muse est toujours belle,
Même pour l'insensé, même pour l'impuissant;
Car sa beauté pour nous, c'est notre amour pour elle.
Mordez et croassez, corbeaux, battez de l'aile,
Le poète est au ciel; et lorsqu'en vous poussant
Il vous y fait monter, c'est qu'il en redescend.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Acte I, Scène 8


Trouvez sur terre une chose plus gaie et plus divertissante qu'un sourire, quand c'est une belle fille qui sourit.


Par: Alfred de Musset

Extrait de: Carmosine (1850)

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Etre prude, cela se conçoit; dire non, se boucher les oreilles, haïr l'amour, cela se peut; mais le nier, quelle plaisanterie!


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Acte II, Scène 4


A l'âge où le coeur est riche, on n'a pas les lèvres avares.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Acte II, Scène 1


Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire
Si loin de nous?
J'en vais pleurer, moi qui me laissais dire
Que mon sourire
Etait si doux.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Namouna


Rien n'appartient à rien, tout appartient à tous.
Il faut être ignorant comme un maître d'école
Pour se flatter de dire une seule parole
Que personne ici-bas n'ait pu dire avant vous.
C'est imiter quelqu'un que de planter des choux.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Acte I, Scène 1


Ninon, Ninon, que fais-tu de la vie?
L'heure s'enfuit, le jour succède au jour,
Rose ce soir, demain flétrie.
Comment vis-tu, toi qui n'a pas d'amour?


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 09/10/2010

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Epigramme


A Flore, elle a fait un larcin,
C'est un printemps miniature:
Elle a des roses sur la main
Et des boutons sur la figure!


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 26/09/2010

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Acrostiche à George Sand


Quand je mets à vos pieds un éternel hommage
Voulez-vous qu'un instant je change de visage?
Vous avez capturé les sentiments d'un coeur
Que pour vous adorer forma le Créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.


Par: Alfred de Musset

 

Ajoutée par Savinien le 25/09/2010

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Sonnet au lecteur


Jusqu'à présent, lecteur, suivant l'antique usage,
Je te disais bonjour à la première page.
Mon livre cette fois se ferme moins gaiement;
En vérité, ce siècle est un mauvais moment.

Tout s'en va, les plaisirs et les moeurs d'un autre âge,
Les rois, les dieux vaincus, le hasard triomphant,
Rosalinde et Suzon qui me trouvent trop sage,
Lamartine vieilli qui me traite en enfant.

La politique, hélas! Voilà notre misère.
Mes meilleurs ennemis me conseillent d'en faire.
Être rouge ce soir, blanc demain, ma foi, non.

Je veux, quand on m'a lu, qu'on puisse me relire.
Si deux noms, par hasard, s'embrouillent sur ma lyre,
Ce ne sera jamais que Ninette ou Ninon.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Après une lecture


Et tu mourus aussi. Seul, l'âme désolée,
Mais toujours calme et bon, sans te plaindre du sort,
Tu marchais en chantant dans ta route isolée.
L'heure dernière vint, tant de fois appelée.
Tu la vis arriver sans crainte et sans remords,
Et tu goûtas enfin le charme de la mort.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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A Ninon


J'aime, et je sais répondre avec indifférence;
J'aime, et rien ne le dit; j'aime, et seul je le sais;
Et mon secret m'est cher, et chère ma souffrance;
Et j'ai fait le serment d'aimer sans espérance,
Mais non pas sans bonheur: je vous vois, c'est assez.

Non, je n'étais pas né pour ce bonheur suprême,
De mourir dans vos bras et de vivre à vos pieds.
Tout me le prouve, hélas! Jusqu'à ma douleur même...
Si je vous le disais, pourtant, que je vous aime,
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez?


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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A Ninon


Je récolte en secret des fleurs mystérieuses;
Le soir, derrière vous, j'écoute au piano
Chanter sur le clavier vos mains harmonieuses,
Et, dans les tourbillons de nos valses joyeuses,
Je vous sens, dans mes bras, plier comme un roseau.

La nuit, quand de si loin le monde nous sépare,
Quand je rentre chez moi pour tirer mes verrous,
De mille souvenirs en jaloux je m'empare;
Et là, seul devant Dieu, plein d'une joie avare,
J'ouvre, comme un trésor, mon coeur tout plein de vous.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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A Ninon


Si je vous le disais, que chaque nuit je veille,
Que chaque jour je pleure et je prie à genoux,
Ninon, quand vous riez, vous savez qu'une abeille
Prendrait pour une fleur votre bouche vermeille;
Si je vous le disais, peut-être en ririez-vous.

Mais vous n'en saurez rien. Je viens, sans en rien dire,
M'asseoir sous votre lampe et causer avec vous;
Votre vois, je l'entends, votre air, je le respire;
Et vous pouvez douter, deviner et sourire,
Vos yeux ne verront pas de quoi m'être moins doux.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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A Ninon


Si je vous le disais, qu'une douce folie
A fait de moi votre ombre, et m'attache à vos pas,
Un petit air de doute et de mélancolie,
Vous le savez, Ninon, vous rend bien plus jolie;
Peut-être diriez-vous que vous n'y croyez pas.

Si je vous le disais, que j'emporte dans l'âme
Jusques aux moindres mots de nos propos du soir,
Un regard offensé, vous le savez, madame,
Change deux yeux d'azur en deux éclairs de flamme;
Vous me défendriez peut-être de vous voir.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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A Ninon


Si je vous le disais pourtant que je vous aime,
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez?
L'amour, vous le savez, cause une peine extrême;
C'est un mal sans pitié que vous plaignez vous-mêmes;
Peut-être cependant que vous m'en puniriez.

Si je vous le disais que six mois de silence
Cachent de longs tourments et des voeux insensés,
Ninon, vous êtes fine et votre insouciance
Se plaît, comme une fée, à deviner d'avance.
Vous me répondriez peut-être: je le sais.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Idylle


Non, l'amour qui se tait n'est qu'une rêverie.
Le silence est la mort, et l'amour est la vie;
Et c'est un vieux mensonge à plaisir inventé,
Que de croire au bonheur hors de la volupté!
Je ne puis partager ni plaindre ta souffrance.
Le hasard est là-haut pour les audacieux;
Et celui dont la crainte a tué l'espérance
Mérite son malheur et fait injure aux dieux.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Idylle


Quand mon enchanteresse entrouvre sa paupière,
Sombre comme la nuit, pur comme la lumière,
Sur l'émail de ses yeux brille un noir diamant.

Comme sur une fleur une goutte de pluie,
Comme une pâle étoile au fond du firmament,
Ainsi brille en tremblant le regard de ma mie.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Idylle


Quels mystères profonds dans l'humaine misère!
Quand, sous les marronniers, à côté de sa mère,
Je la vis, à pas lents, entrer si doucement
(Son front était si pur, son regard si tranquille!),
Le ciel m'en est témoin, dès le premier moment,
Je compris que l'aimer était peine inutile;
Et cependant mon coeur prit un amer plaisir
A sentir qu'il aimait et qu'il allait souffrir.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'espoir en Dieu


Je ne garde plus rien de la nature humaine;
Il n'existe pour moi ni vertu ni remords.
J'attends la récompense et j'évite la peine;
Mon seul guide est la peur, et mon seul but, la mort.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'espoir en Dieu


Je ne puis; malgré moi l'infini me tourmente.
Je n'y saurai songer sans crainte et sans espoir;
Et, quoi qu'on en ait dit, ma raison s'épouvante
De ne pas le comprendre, et pourtant de le voir.
Qu'est-ce donc que ce monde, et qu'y venons-nous faire,
Si, pour qu'on vive en paix, il faut voiler les cieux?
Passer comme un troupeau les yeux fixés à terre,
Et renier le reste, est-ce donc être heureux?
Non, c'est cesser d'être homme, et dégrader son âme.
Dans la création le hasard m'a jeté;
Heureux ou malheureux, je suis né d'une femme,
Et je ne puis m'enfuir hors de l'humanité.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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A la Malibran


Oui, oui, tu le savais, et que dans cette vie
Rien n'est bon que d'aimer, n'est vrai que de souffrir.
Chaque soir dans tes chants tu te sentais pâlir.
Tu connaissais le monde, et la foule, et l'envie,
Et, dans ce corps brisé concentrant ton génie,
Tu regardais aussi la Malibran mourir.

Meurs donc! Ta mort est douce, et ta tâche est remplie.
Ce que l'homme ici-bas appelle le génie,
C'est le besoin d'aimer; hors de là tout est vain.
Et, puisque tôt ou tard l'amour humain s'oublie,
Il est d'une grande âme et d'un heureux destin
D'expirer comme toi pour un amour divin!


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit d'Octobre


Ô mon enfant, plains-la, cette belle infidèle
Qui fit couler jadis les larmes de tes yeux;
Plains-la! C'est une femme, et dieu t'a fait, près d'elle,
Deviner, en souffrant, le secret des heureux.
Sa tâche fut pénible; elle t'aimait peut-être;
Mais le destin voulait qu'elle brisât ton coeur.
Elle savait la vie, et te l'a fait connaître;
Une autre a recueilli le fruit de ta douleur.
Plains-la! Son triste amour a passé comme un songe;
Elle a vu ta blessure et n'a pu la fermer.
Dans ses larmes, crois-moi, tout n'était pas mensonge.
Quand tout l'aurait été, plains-la! Tu sais aimer.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit d'Octobre


Comprendrais-tu des cieux l'ineffable harmonie,
Le silence des nuits, le murmure des flots,
Si quelque part là-bas la fièvre et l'insomnie
Ne t'avaient pas fait songer à l'éternel repos?


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit d'Octobre


L'homme est un apprenti, la douleur est son maître,
Et nul ne se connaît, tant qu'il n'a pas souffert.
C'est une dure loi, mais une loi suprême,
Vieille comme le monde et la fatalité,
Qu'il nous faut du malheur recevoir le baptême,
Et qu'à ce triste prix tout doit être acheté.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit d'Octobre


Poète, c'est assez. Auprès d'une infidèle
Quand ton illusion n'aurait duré qu'un jour,
N'outrage pas ce jour lorsque tu parles d'elle;
Si tu veux être aimé, respecte ton amour.
Si l'effort est trop grand pour la faiblesse humaine
De pardonner les maux qui nous viennent d'autrui,
Épargne-toi du moins le tourment de la haine;
A défaut du pardon, laisse venir l'oubli.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit de Décembre


Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l'ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j'aime, je ne sais pas
De quel côté s'en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.

Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m'as nommé par mon nom
Quand tu m'as appelé ton frère;
Où tu vas, j'y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j'irai m'asseoir sur ta pierre.

Le ciel m'a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit de Décembre


Partout où, sous ces vastes cieux,
J'ai lassé mon coeur et mes yeux,
Saignant d'une éternelle plaie;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M'a promené sur une claie;

Partout où, sans cesse altéré
De la soif d'un monde ignoré,
J'ai suivi l'ombre de mes songes,
Partout où, sans avoir vécu,
J'ai revu ce que j'avais vu,
La face humaine et ses mensonges;

Partout où, le long des chemins,
J'ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme,
Partout où j'ai, comme un mouton
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuer mon âme;

Partout où j'ai voulu dormir,
Partout où j'ai voulu mourir,
Partout où j'ai touché la terre,
Sur ma route est venu s'asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit de Décembre


Un an après, il était nuit;
J'étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s'asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Ses yeux étaient noyés de pleurs;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d'épine;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit de Mai


Quel que soit le soucis que ta jeunesse endure,
Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t'ont faite au fond du coeur;
Rien ne nous rend si grand qu'une grande douleur.
Mais pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La nuit de Mai


Poète, prends ton luth, et me donne un baiser;
La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore.
Le printemps naît ce soir; les vents vont s'embraser;
Et la bergeronnette, en attendant l'aurore,
Aux premiers buissons verts commence à se poser.
Poète, prends ton luth, et me donne un baiser.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Lucie (Epitaphe)


Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré;
La pâleur m'en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Une bonne fortune


Nous causâmes longtemps; elle était simple et bonne.
Ne sachant pas le mal, elle faisait le bien;
Des richesses du coeur elle me fit l'aumône;
Et, tout en écoutant comme le coeur se donne,
Sans oser y penser, je lui donnai le mien;
Elle emporta ma vie, et n'en sut jamais rien.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Une bonne fortune


Elle viendrait par là, de cette sombre allée,
Marchant à pas de biche, avec un air boudeur,
Écoutant murmurer le vent dans la feuillée,
De paresse amoureuse et de langueur voilée,
Dans ses doigts inquiets tourmentant une fleur,
Le printemps sur la joue, et le ciel dans le coeur.

Elle s'arrêterait là-bas, sous la tonnelle.
Je ne lui dirais rien, j'irai tout simplement
Me mettre à deux genoux par terre devant elle,
Regarder dans ses yeux l'azur du firmament,
Et pour toute faveur la prier seulement
De se laisser aimer d'une amour immortelle.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Une bonne fortune


Il ne faudrait pourtant, me disais-je à moi-même,
Qu'une permission de Notre-Seigneur Dieu,
Pour qu'il vînt à passer quelque femme en ce lieu.
Les bosquets sont déserts; la chaleur est extrême;
Les vents sont à l'amour; l'horizon est en feu;
Toute femme, ce soir, doit désirer qu'on l'aime.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Une bonne fortune


L'abreuvoir est public, et qui veut bien y boire.
J'ai vu les paysans, fils de la forêt Noire,
Leurs bâtons à la main, entrer dans ce réduit;
Je les ai vus penchés sur la bille d'ivoire,
Ayant à travers champs couru toute la nuit,
Fuyards désespérés de quelque honnête lit;

Je les ai vus debout, sous la lampe enfumée,
Avec leur veste rouge et leurs souliers boueux,
Tournant leurs grands chapeaux entre leurs doigts calleux,
Poser sous les râteaux la sueur d'une année,
Et là, muets d'horreur devant la Destinée,
Suivre des yeux leur pain qui courait devant eux!


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Rolla


Vous qui volez là-bas, légères hirondelles,
Dites-moi, dites-moi, pourquoi vais-je mourir?
Oh! L'affreux suicide! Oh! Si j'avais des ailes,
Par ce beau ciel si pur je voudrais les ouvrir!
Dites-moi, terre et cieux, qu'est-ce donc que l'aurore?
Qu'importe un jour de plus à ce vieil univers?
Dites-moi, verts gazons, dites-moi, sombres mers,
Quand des feux du matin l'horizon se colore,
Si vous n'éprouvez rien, qu'avez-vous donc en vous
Qui fait bondir le coeur et fléchir les genoux?
Ô terre, à ton soleil qui donc t'a fiancée?
Que chantent tes oiseaux? Que pleure ta rosée?
Pourquoi des tes amours viens-tu m'entretenir?
Que me voulez-vous tous, à moi qui vais mourir?


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Rolla


Et que nous reste-t-il, à nous, les déicides?
Pour qui travailliez-vous, démolisseurs stupides,
Lorsque vous disséquiez le Christ sur son autel?
Que vouliez-vous semer sur sa céleste tombe,
Quand vous jetiez au vent la sanglante colombe
Qui tombe en tournoyant dans l'abîme éternel?
Vous vouliez pétrir l'homme à votre fantaisie;
Vous vouliez faire un monde - Eh bien, vous l'avez fait
Votre monde est superbe, et votre homme est parfait!
Les monts sont nivelés, la plaine est éclaircie;
Vous avez sagement taillé l'arbre de vie;
Tout est bien balayé sur vos chemins de fer;
Tout est grand, tout est beau - mais on meurt dans votre air.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Rolla


Que te disent alors tous ces grands corps sans vie,
Ces murs silencieux, ces autels désolés,
Que pour l'éternité ton souffle a dépeuplés?
Que te disent les croix? Que te dit le Messie?
Oh! Saigne-t-il encore, quand, pour le déclouer,
Sur son arbre tremblant, comme une fleur flétrie,
Ton spectre dans la nuit revient le secouer?
Crois-tu ta mission dignement accomplie,
Et comme l'Éternel, à la création,
Trouves-tu que c'est bien, et que ton oeuvre est bon?
Au festin de mon hôte alors je te convie.
Tu n'as qu'à te lever; Quelqu'un soupe ce soir
Chez qui le Commandeur peut frapper et s'asseoir.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Rolla


Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire
Voltige-t-il encore sur tes os décharnés?
Ton siècle était, dit-on, trop jeune pour te lire;
Le nôtre doit te plaire, et tes hommes sont nés.
Il est tombé sur nous, cet édifice immense
Que de tes larges mains tu sapais nuit et jour.
La Mort devait t'attendre avec impatience,
Pendant quatre-vingt ans que tu lui fis ta cour;
Vous devez vous aimer d'un infernal amour.
Ne quittes-tu jamais la couche nuptiale
Où vous vous embrassez dans les vers du tombeau,
Pour t'en aller tout seul promener ton front pâle
Dans un cloître désert ou dans un vieux château?


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Rolla


Vous ne la plaignez pas, vous, femmes de ce monde!
Vous qui vivez gaiement dans une horreur profonde
De tout ce qui n'est pas riche et gai comme vous!
Vous ne la plaignez pas, vous, mères de familles,
Qui poussez les verrous aux portes de vos filles,
Et cachez un amant sous le lit de l'époux!
Vos amours sont dorés, vivants et poétiques;
Vous en parlez du moins, vous n'êtes pas publiques.
Vous n'avez jamais vu le spectre de la Faim
Soulever en chantant les draps de votre couche,
Et, de sa lèvre blême effleurant votre bouche,
Demander un baiser pour un morceau de pain.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Rolla


Jacques était grand, loyal, intrépide et superbe.
L'habitude, qui fait de la vie un proverbe,
Lui donnait la nausée. Heureux ou malheureux,
il ne fit rien comme elle, et garda pour ses dieux
L'audace et la fierté, qui sont ses soeurs aînées.

Il prit trois bourses d'or, et, durant trois années,
Il vécut au soleil sans se douter des lois,
Et jamais fils d'Adam, sous la sainte lumière
N'a, de l'est au couchant, promené sur la terre
Un plus large mépris des peuples et des rois.

Seul, il marchait tout nu dans cette mascarade
Qu'on appelle la vie, en y parlant tout haut.
Tel que la robe d'or du jeune Alcibiade,
Son orgueil indolent, du palais au ruisseau,
Traînait derrière lui comme un royal manteau.

Ce n'était pour personne un objet de mystère
Qu'il eût trois ans à vivre, et qu'il mangeât son bien.
Le monde souriait en le regardant faire,
Et lui, qui le faisait, disait à l'ordinaire
Qu'il se ferait sauter quand il n'aurait plus rien.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Rolla


Hercule, fatigué de sa tâche éternelle,
S'assit un jour, dit-on, entre un double chemin.
Il vit la Volupté qui lui tendait la main:
Il suivit la Vertu, qui lui sembla plus belle.
Aujourd'hui rien n'est beau, ni le mal ni le bien.
Ce n'est pas notre temps qui s'arrête et qui doute;
Les siècles en passant, ont fait leur grande route,
Entre les deux sentiers, dont il ne reste rien.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Lettre à Mr de Lamartine


Tu respectes le mal fait par la Providence,
Tu le laisses passer, et tu crois à ton Dieu.
Quel qu'il soit, c'est le mien; il n'est pas deux croyances.
Je ne sais pas son nom, j'ai regardé les cieux.
Je sais qu'ils sont à lui, je sais qu'ils sont immenses,
Et que l'immensité ne peut pas être à deux.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Lettre à Mr de Lamartine


Ô poète, il est dur que la nature humaine,
Qui marche à pas comptés vers une fin certaine,
Doive encore s'y traîner en portant une croix,
Et qu'il faille ici-bas mourir plus d'une fois.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Lettre à Mr de Lamartine


Ô mon unique amour, que vous avais-je fait?
Vous m'aviez pu quitter, vous qui juriez la veille
Que vous étiez ma vie, et que Dieu le savait!
Ah! Toi le savais-tu, froide et cruelle amie,
Qu'à travers cette honte et cette obscurité,
J'étais là; regardant de ta lampe chérie,
Comme une étoile au ciel, la tremblante clarté?
Non, tu n'en savais rien, je n'ai pas vu ton ombre;
Ta main n'est pas venue entrouvrir ton rideau.
Tu n'as pas regardé si le ciel était sombre;
Tu ne m'as pas cherché dans cet affreux tombeau!


Par: Alfred de Musset

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Lettre à Mr de Lamartine


Te dirai-je qu'un soir, dans la brise embaumée,
Endormi, comme toi, dans la paix du bonheur,
Aux célestes accents d'une voix bien-aimée,
J'ai cru sentir le temps s'arrêter dans mon coeur?
Te dirai-je qu'un soir, resté seul sur la terre,
Dévoré, comme toi, d'un affreux souvenir,
Je me suis étonné de ma propre misère,
Et de ce qu'un enfant peut souffrir sans mourir?


Par: Alfred de Musset

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Lettre à Mr de Lamartine


Qui de nous, Lamartine, et de notre jeunesse,
Ne sait par coeur ce chant, des amants adoré,
Qu'un soir, au bord d'un lac, tu nous as soupiré?
Qui n'a lu mille fois, qui ne relit sans-cesse,
Ces vers mystérieux où parle ta maîtresse,
Et qui n'a sangloté sur ces divins sanglots,
Profonds comme le ciel, et purs comme les flots?


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Lettre à Mr de Lamartine


J'ai cru pendant longtemps que j'étais las du monde;
J'ai dit que je niais, croyant avoir douté;
Et j'ai pris devant moi pour une nuit profonde
Mon ombre qui passait, pleine de vanité.
Poète, je t'écris pour te dire que j'aime,
Qu'un rayon du soleil est tombé jusqu'à moi,
Et qu'en un jour de deuil et de douleur suprême,
Les pleurs que je versais m'ont fait penser à toi.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Lettre à Mr de Lamartine


Non, vous aviez vingt ans, et le coeur vous battait.
Vous aviez lu Lara, Manfred et le Corsaire,
Et vous aviez écrit sans essuyer vos pleurs;
Le souffle de Byron vous soulevait de terre,
Et vous alliez à lui, porté par ses douleurs.
Vous appeliez de loin cette âme désolée;
Pour grand qu'il vous parût, vous le sentiez ami,
Et, comme le torrent dans la verte vallée,
L'écho de son génie en vous avait gémi.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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