Citations de Benjamin Constant

25 Citations

Mme Lindsay m'écrit qu'au fond nous nous ressemblons d'une manière étonnante. C'est peut-être une raison pour nous convenir d'autant moins. C'est parce que les hommes se ressemblent que le ciel a fait pour eux les femmes qui ne leur ressemblent pas.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 02/06/2020

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J'ai éprouvé, ce soir, qu'il faudrait commencer par expliquer chaque parole pour discuter une question; sans cela on ne rencontre que des gens qui répondent à ce qu'on n'a pas dit. Et l'on se fatigue en pure perte. [...] A quoi sert donc la discussion? Aujourd'hui on m'a toujours contredit de manière à me prouver qu'on ne saisissait pas une seule des choses que je disais. Il faut écrire et ne pas disputer.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 28/05/2020

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Je trouve un vrai bonheur dans la solitude au milieu de la campagne triste et dépouillée, avec le vent qui siffle, des nuages noirs qui glissent dans le ciel, le gazon gris et les glaciers; la campagne, quand on la recherche pour la solitude, vaut mieux en hiver qu'en été. En été, la nature est trop vivante et fait trop société. Je crois qu'il faut de la jeunesse et de la force pour éprouver ces impressions, car c'est la vie intérieure qui rend agréable le repos du dehors.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 28/05/2020

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La vie n'est ennuyeuse que parce qu'elle finit. Si j'étais éternel je m'amuserais bien de ce monde. Il est piquant d'imaginer que les fous et les coquins nous survivent.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 28/05/2020

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Je lis une description des prisons d'état de Venise. J'en reste pénétré d'horreur. Une seule cruauté pareille l'emporte sur tous les avantages de ce qu'on nomme gouvernement. Malheureuse espèce humaine! Toujours féroce et toujours misérable! On est tellement saisi de pitié et de terreur par les réflexions que suggèrent de pareilles cruautés, qu'on se sent impatient de traverser la vie au plus vite pour échapper aux hommes.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 28/05/2020

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Quand on considère de quels éléments la race humaine se compose, on n'est plus étonné de ce qui lui arrive, et l'on serait tenté de trouver sa destinée juste, si les êtres qui nous oppriment étaient d'une autre espèce; mais comme les oppresseurs sont de la même pâte que les opprimés, on hait trop les uns pour ne pas plaindre les autres plus qu'ils ne le méritent.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 27/05/2020

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La douleur est un serpent qui se glisse à travers toutes les barrières et qui nous retrouve toujours. L'action même de la fuir nous donne un sentiment de faiblesse qui nous rend plus incapable de lui tenir tête quand elle nous atteint. [...] Le stoïcisme et la vie monastique, qui sont le moyen de faire face à la douleur, donnent une sorte d'exaltation peut-être moins pénible et moins humiliante que les efforts pour se sauver et pour escamoter sa vie.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 27/05/2020

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Les hommes qui passent pour être durs sont de fait beaucoup plus sensibles que ceux dont on vante la sensibilité expansive. Ils se font durs parce que leur sensibilité étant vraie les fait souffrir. Les autres n'ont pas besoin de se faire durs, car ce qu'ils ont de sensibilité est bien facile à porter.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 27/05/2020

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En général, j'ai remarqué qu'il fallait remercier les hommes le moins possible, parce que la reconnaissance qu'on leur témoigne les persuade aisément qu'ils en font trop! J'ai vu plus d'une fois des gens reculer au milieu d'une bonne action, parce que dans leurs transports, ceux pour qui ils la faisaient leur en exagéraient l'étendue.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 27/05/2020

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Pour avoir raison contre quelqu'un et être approuvé, il faut être dur, ou être injuste, ou être un sot. Quand on est dur, on profite de tous ses avantages sans être ému par la douleur des autres. Quand on est injuste, on accueille les exagérations des ennemis de son adversaire, qui accourent à notre secours avec bien plus de zèle que nos propres amis! Quand on est sot, on a tous les sots pour soi et ils sont légion!


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 27/05/2020

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Je viens d'acheter un petit chien. A moins qu'il ne devienne enragé, je suis bien sûr qu'il ne me mordra pas et ne me fera jamais de mal. Je ne pourrai pas en dire autant de ceux que je nomme mes amis.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 27/05/2020

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Il en est de l'attachement de certaines femmes et de l'empire qu'elles conservent sur un homme, au grand étonnement de tout le monde, comme du sommeil qui saisit les voyageurs sur le Grand-Saint-Bernard. Ils ne sont pas contents de leur situation, mais ils se laissent aller à la sensation présente qui devient à chaque instant plus difficile à combattre. Et la mort arrive pendant qu'ils projettent de s'en aller le moment d'après.


Par: Benjamin Constant

Ajoutée par Savinien le 27/05/2020

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Une fureur insensée s'empara de nous : tout ménagement fut abjuré, toute délicatesse oubliée. On eût dit que nous étions poussés l'un contre l'autre par des furies. Tout ce que la haine la plus implacable avait inventé contre nous, nous nous l'appliquions mutuellement, et ces deux êtres malheureux qui seuls se connaissent sur la terre, qui seuls pouvaient se rendre justice, se comprendre et se consoler, semblaient deux ennemis irréconciliables, acharnés à se déchirer.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Zazou le 15/08/2018

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Presque toujours, pour vivre en repos avec nous-mêmes, nous travestissons en calculs et en systèmes nos impuissances ou nos faiblesses : cela satisfait cette portion de nous qui est, pour ainsi dire, spectatrice de l'autre.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Zazou le 15/08/2018

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Les circonstances sont bien peu de chose, le caractère est tout; c'est en vain qu'on brise avec les objets et les êtres extérieurs; on ne saurait briser avec soi-même. On change de situation, mais on transporte dans chacune le tourment dont on espérait se délivrer; et comme on ne se corrige pas en se déplaçant, l'on se trouve seulement avoir ajouté des remords aux regrets et des fautes aux souffrances.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 29/10/2012

 

Ma surprise n'est pas que l'homme ait besoin d'une religion; ce qui m'étonne, c'est qu'il se croie jamais assez fort pour oser en rejeter une: il devrait, ce me semble, être porté, dans sa faiblesse, à les invoquer toutes; dans la nuit épaisse qui nous entoure, est-il une lueur que nous puissions repousser? Au milieu du torrent qui nous entraîne, est-il une branche à laquelle nous osions refuser de nous retenir?


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 28/10/2012

 

Qui que vous soyez, ne remettez jamais à un autre les intérêts de votre coeur; le coeur seul peut plaider sa cause: il sonde seul ses blessures; tout intermédiaire devient un juge; il analyse, il transige, il conçoit l'indifférence; il l'admet comme possible, il la reconnait pour inévitable; par là même il l'excuse, et l'indifférence se trouve ainsi, à sa grande surprise, légitime à ses propres yeux.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 28/10/2012

 

Il y a dans les liaisons qui se prolongent quelque chose de si profond! Elles deviennent à notre insu une partie si intime de notre existence! Nous formons de loin, avec calme, la résolution de les rompre; nous croyons attendre avec impatience l'époque de l'exécuter: mais quand ce moment arrive, il nous remplit de terreur; et telle est la bizarrerie de notre coeur misérable que nous quittons avec un déchirement horrible ceux près de qui nous demeurions sans plaisir.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 28/10/2012

 

C'est un affreux malheur de n'être pas aimé quand on aime; mais c'en est un bien grand d'être aimé avec passion quand on n'aime plus.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 27/10/2012

 

Dès qu'il existe un secret entre deux coeurs qui s'aiment, dès que l'un d'eux a pu se résoudre à cacher à l'autre une seule idée, le charme est rompu, le bonheur est détruit. L'emportement, l'injustice, la distraction même, se réparent; mais la dissimulation jette dans l'amour un élément étranger qui le dénature et le flétrit à ses propres yeux.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 27/10/2012

 

Nous avions prononcé tous deux des mots irréparables; nous pouvions nous taire, mais non les oublier. Il y a des choses qu'on est longtemps sans se dire, mais quand une fois elles sont dites, on ne cesse jamais de les répéter.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 27/10/2012

 

L'amour supplée aux longs souvenirs, par une sorte de magie. Toutes les autres affections ont besoin du passé: l'amour crée, comme par enchantement, un passé dont il nous entoure. Il nous donne pour ainsi dire, la conscience d'avoir vécu, durant des années, avec un être qui naguère nous était presque étranger. L'amour n'est qu'un point lumineux, et néanmoins il semble s'emparer du temps. Il y a peu de jours qu'il n'existait pas, bientôt il n'existera plus; mais, tant qu'il existe, il répand sa clarté sur l'époque qui l'a précédé, comme sur celle qui doit le suivre.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 25/10/2012

 

Les sentiments de l'homme sont confus et mélangés; ils se composent d'une multitude d'impressions variées qui échappent à l'observation; et la parole, toujours trop grossière et trop générale, peut bien servir à les désigner, mais ne sert jamais à les définir.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 25/10/2012

 

Je ne savais pas alors ce que c'était que la timidité, cette souffrance intérieure qui nous poursuit jusque dans l'âge le plus avancé, qui refoule sur notre coeur les impressions les plus profondes, qui glace nos paroles, qui dénature dans notre bouche tout ce que nous essayons de dire, et ne nous permet de nous exprimer que par des mots vagues ou une ironie plus ou moins amère, comme si nous voulions nous venger sur nos sentiments mêmes de la douleur que nous éprouvons à ne pouvoir les faire connaître.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 25/10/2012

 

La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause, et la métaphysique la plus ingénue ne justifie pas l'homme qui a déchiré le coeur qui l'aimait.


Par: Benjamin Constant

Extrait de: Adolphe (1816)

Ajoutée par Savinien le 15/09/2011