Thématique citations : Les épitaphes

44 Citations

Le genre

L'épitaphe est l'inscription laissée sur la pierre tombale d'une personne, en mémoire à celle-ci.

Ce court texte, souvent sous forme versifiée, est censé rendre hommage à la personne décédée en rapportant les traits d'exception du mort où la mémoire qu'il laissera à ses amis et proches.

Parfois, en lieu d'hommage, cette épitaphe peut également prendre la forme d'une satire, souvent mordante, sur l'individu concerné.

Les différents styles

On trouvera dans ce genre d'exercice tous les cas possibles de motivations:

  • L'auto-épitaphe: effectuée de son vivant, par l'intéressé lui-même (après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même). Le style est périlleux, la frontière entre être émouvant et paraître suffisant peut allègrement être franchie. La plus connue dans ce genre est certainement celle d'Alfred de Musset ("Mes amis... Plantez un saule au cimetière").
  • La "pommade" déguisée en épitaphe: style plus courant dans des siècles révolus (quoique...) à une époque où les écrivains dépendaient principalement pour vivre de mécènes à divers degrés de richesse et de pouvoir. On retrouvera dans ce genre les exemples les plus mielleux qu'on puisse imaginer (il est rarement facile d'être convaincant ou émouvant sincèrement quand on défend le contenu de son assiette).
  • L'épitaphe satirique: qu'elle soit sous la forme d'auto-dérision (et souvent on sentira dans ce cas un fond d'amertume, un sentiment d'avoir raté ou loupé quelque chose, de la part de l'auteur) ou d'un texte destiné à faire part d'un certain ressentiment à l'égard du décédé: le ton y passera du comique au mordant.
  • L'épitaphe sincère ou honnête: écrite principalement par un proche,  c'est celle qu'on aimerait trouver - si le choix nous en était donné - présentée sur notre propre tombe.
  • L'exercice de style: portant en général sur un personnage fictif (par exemple, dans un roman), elle n'en reste pas moins souvent fort agréable à considérer. On pourra se rappeler, pour mémoire, celle de Jean Valjean dans les misérables ("Il vivait. Il mourut quand il n'eut plus son ange").

Ce ne sont bien sûr que quelques exemples, on trouvera aisément maintes autres catégorisations possibles.

L'origine

Il peut être assez compliqué de déterminer les auteurs de certaines des ces épitaphes, celles-ci étant rarement publiées dans des ouvrages référencés. Il est même ardu d'en connaître la véracité, au sens où - notamment dans le cas de personnages connus - certaines de celles-ci sont issues du collectif populaire et donc complètement intraçables (sans compter la quantité d'épitaphes associées à de parfaits inconnus) - dans de nombreux cas, il est même peu probable que ces épitaphes aient un jour été gravées sur une pierre tombale quelconque.

En dehors de ça, les épitaphes existent certainement depuis aussi longtemps que l'homme est capable d'enterrer ses morts et d'écrire des phrases articulées. D'aucuns diront même: depuis aussi longtemps que la vanité de l'homme lui fait croire à sa grandeur.

En conclusion

Du drôle à l'émouvant, en passant par le cruel ou le philosophique, les épitaphes sont un résumé bref et parfois pertinent de notre condition sur la terre. Par ces quelques mots, sur si peu de lignes résumant la vie des mortels, ils nous rappellent confusément le peu que nous sommes: quelques mots, un souvenir fugace, une pierre... et tout est dit...

Epitaphe


Il vivait, il jouait, riante créature.
Que te sert d'avoir pris cet enfant, ô nature?
N'as-tu pas les oiseaux peints de mille couleurs,
Les astres, les grands bois, le ciel bleu, l'onde amère?
Que te sert d'avoir pris cet enfant à sa mère,
Et de l'avoir caché sous des touffes de fleurs?

Pour cet enfant de plus, tu n'es pas plus peuplée,
Tu n'es pas plus joyeuse, ô nature étoilée!
Et le coeur de la mère, en proie à tant de soins,
Ce coeur où toute joie engendre une torture,
Cet abîme aussi grand que toi-même, ô nature,
Est vide et désolé pour cet enfant de moins!


Par: Victor Hugo

Ajoutée par Savinien le 04/06/2020

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Epitaphe de Voisenon


Ici gît, ou plutôt frétille,
Voisenon, frère de Chaulieu.
A sa muse vive et gentille
Je ne prétends point dire adieu,
Car je m'en vais au même lieu,
Comme cadet de la famille.


Par: François-Marie Arouet (Voltaire)

 

Ajoutée par Savinien le 04/05/2020

 

Epitaphe (par lui-même)


Jean-François supporta la vie avec douceur,
Ne fut rien, resta lui: ce fut là tout son rôle.
Chantant encore l'Amour et l'Amitié, sa soeur,
Il mourut frère ermite et poète du saule.


Par: Jean-François Ducis

Ajoutée par Savinien le 20/04/2020

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Epitaphe de M. de Boufflers faîte par lui-même


Ci-gît un chevalier qui sans-cesse courut;
Qui sur les grands chemins naquit, vécut, mourut,
Pour prouver ce qu'à dit le sage,
Que notre vie est un voyage.


Par: Stanislas Jean de Boufflers (Chevalier de Boufflers)

Ajoutée par Savinien le 11/04/2020

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Epitaphe traduite de l'anthologie


Mortels, sous cet abri, je ne suis plus des vôtres;
Fortune, espoir, amour, vous en tromperez d'autres.


Par: Stanislas Jean de Boufflers (Chevalier de Boufflers)

Ajoutée par Savinien le 11/04/2020

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Epitaphe de Mme de Montbazon


Ci-gît Olympe, à ce qu'on dit:
S'il n'est pas vrai, comme on souhaite,
Son épitaphe est toujours faite:
On ne sait qui meurt, ni qui vit.


Par: François-René de Chateaubriand

Ajoutée par Savinien le 11/11/2012

 

Mon épitaphe


Ci-gît Mercier, qui fut académicien,
Et qui, cependant, ne fut rien.


Par: Charles Monselet

Ajoutée par Savinien le 14/11/2012

 

Mon épitaphe


Ci-gît... Qui? Quoi? Ma foi, personne, rien.
Un qui, vivant, ne fut valet ni maître,
Juge, artisan, marchand, praticien,
Homme des champs, soldat, robin ni prêtre;
Marguillier, même académicien,
Ni frimaçon. Il ne voulut rien être,
Et véquit nul: en quoi certe il fit bien;
Car, après tout, bien fou qui se propose,
Venu de rien et revenant à rien,
D'être en passant ici-bas quelque chose!

Pour le soulagement des mémoires, et pour le mieux, j'ai cru devoir réduire cette épitaphe à deux vers:
Ci-gît Piron, qui ne fut rien,
Pas même académicien.


Par: Alexis Piron

Extrait de: Oeuvres choisies

Ajoutée par Savinien le 14/11/2012

 

Epitaphe populaire de Colbert


Ci-gît l'auteur de tous impôts
Dont à présent la France abonde.
Ne priez point pour son repos,
Puisqu'il l'ôtait à tout le monde.


Par: (Auteur inconnu)

 

Ajoutée par Savinien le 22/11/2011

 

Epitaphe


Ci-gît qui fut un franc glouton,
Qui but tout ce qu'il eut de rente,
Son pourpoint n'avait qu'un bouton,
Son nez en avait plus de trente.


Par: Jean Ogier de Gombauld

 

Ajoutée par Savinien le 22/11/2011

 

Epitaphe de Rabelais


Pluton, prince du noir empire,
Où les tiens ne rient jamais,
Reçois aujourd'hui Rabelais,
Et vous aurez tous de quoi rire.


Par: (Auteur inconnu)

 

Ajoutée par Savinien le 22/11/2011

 

Epitaphe d'un couple


Arrête, passant, et vois la merveille: un homme et une femme qui ne se querellent pas.


Par: (Auteur inconnu)

 

Ajoutée par Savinien le 22/11/2011

 

Epitaphe de Molière


Passant, ici repose un qu'on dit être mort;
Je ne sait s'il l'est ou s'il dort.
Sa maladie imaginaire
Ne peut l'avoir fait mourir;
C'est un tour qu'il joue à ravir,
Car il aimait à contrefaire:
C'était un grand comédien.
Quoi qu'il en soit, ci-gît Molière:
S'il fait le mort, il le fait bien.


Par: Roger de Rabutin (Bussy-Rabutin)

 

Ajoutée par Savinien le 20/11/2011

 

Epitaphe de Saint-Pavin


Sous ce tombeau gît Saint-Pavin:
Donne des larmes à sa fin.
Tu fus de ses amis, peut-être?
Pleure ton sort avec le sien.
Tu n'en fus pas? Pleure le tien,
Passant, d'avoir manqué d'en être.


Par: Gaspard de Fieubet

 

Ajoutée par Savinien le 15/11/2011

 

Epitaphe


Nu du ciel je suis descendu
Et nu je suis sous cette pierre.
Donc pour avoir vécu sur terre
Je n'ai ni gagné ni perdu.


Par: Charles de Beaumont (Chevalier d'Eon)

 

Ajoutée par Savinien le 15/11/2011

 

Epitaphe d'un bon mari


Ci-gît un bon mari dont l'exemple est à suivre,
Patient au-delà du temps qu'il a vécu,
Qui pour avoir cessé de vivre,
Ne cessa pas d'être cocu.


Par: Isaac de Benserade

 

Ajoutée par Savinien le 15/09/2011

 

Epitaphe de mademoiselle de Conti, Marie de Bourbon


Tu vois, passant, la sépulture
D'un chef-d'oeuvre si précieux
Qu'avoir mille rois pour aïeux
Fut le moins de son aventure.

O quel affront à la nature,
Et quelle injustice des cieux,
Qu'un moment ait fermé les yeux
D'une si belle créature!

On doute pour quelle raison
Les destins si hors de saison
De ce monde l'ont appelée;

Mais leur prétexte le plus beau,
C'est que la terre était brûlée
S'ils n'eussent tué ce flambeau.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 31/08/2011

 

Epitaphe


Au ciel elle a rendu sa vie,
Et doucement s'est rendormie,
Sans murmurer contre ses lois:
Ainsi le sourire s'efface,
Ainsi meurt sans laisser de trace
Le chant d'un oiseau dans les bois.


Par: François-René de Chateaubriand

Ajoutée par Savinien le 16/06/2011

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L'épitaphe


Quand on aura fermé ma bière
Comme ma bouche et ma paupière,
Que l'on inscrive sur ma pierre:
Ci-gît le roi du mauvais sort.
Ce fou dont le cadavre dort
L'affreux sommeil de la matière,
Frémit pendant sa vie entière
Et ne songea qu'au cimetière.
Jour et nuit, par toute la terre,
Il traîna son coeur solitaire
Dans l'épouvante et le mystère,
Dans l'angoisse et le remords.
Vive la mort! Vive la mort!


Par: Maurice Rollinat

 

Ajoutée par Savinien le 05/05/2011

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Epitaphe de maître François Eboissard, son mari


Veux-tu savoir passant, quel a été mon être?
Sache que la nature, et fortune, et les cieux,
Noble, riche, et savant autrefois m'ont fait naître,
Me rendant possesseur de leurs dons précieux.

Après avoir vécu d'une louable vie,
Je fus pris d'un catère, et maintenant le sort
Des Parques me guérit de cette maladie:
Je mourais en ma vie, et je vis en ma mort.

Je fus trente ans breton; vingt et huit mon épouse
Me retint dans Poitiers lié de chaste amour.
Mon âme devant Dieu maintenant se repose,
Et mon corps en ce lieu attend le dernier jour.

Mon corps n'est pas tout seul sous cette froide tombe;
Le coeur de ma compagne y gît avec le mien.
Jamais de son esprit notre amitié ne tombe;
La mort ne tranche point un si ferme lien.

O Dieu, dont la vertu dedans le ciel enclose
Enclôt même le ciel; veuillez que ma moitié
Toutes ses actions heureusement dispose,
Honorant pour jamais notre sainte amitié.


Par: Madeleine des Roches

 

Ajoutée par Savinien le 01/05/2011

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Epitaphe d'un ivrogne, par Meynard


Ci-git Jean qui baissait les yeux
A la rencontre des gens sobres,
Et qui priait souvent les dieux
Que l'année ait plusieurs Octobres.


Par: François Gayot de Pitaval

Ajoutée par Savinien le 02/02/2011

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Epitaphe


Celui de qui les os sont dans ce monument
Dès l'avril de son age avait tant de sagesse
Qu'en un siècle rempli de tout débordement
Seulement sa valeur témoignait sa jeunesse.

Un chacun admirait la douceur de ses moeurs,
Et la Mort, dont la faux toute chose moissonne,
Voyait de sa vertu naître des fruits si mûrs
Qu'elle prit de ses jours le printemps pour l'automne.

Jamais homme ici-bas, au jugement de tous,
Ne fut moins envié ni si digne d'envie.
Les dieux souhaiteraient de mourir comme nous
Pour vivre sur la terre une aussi belle vie.


Par: Honorat de Bueil

Ajoutée par Savinien le 01/02/2011

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Epitaphe de monsieur le Comte de Charny, mort au siège de Montauban


Toi qui mets ton espoir aux honneurs de la terre,
Vois comme leur éclat se passe en peu de temps,
Qu'en vain l'homme propose, et que des plus contents
Le plus solide appui n'est que paille et que verre.

Charny, fils d'un guerrier, ou plutôt d'un tonnerre
Dont Henry terrassait l'audace des Titans,
A trouvé dans son lit, à l'âge de vingt ans,
Le trépas qu'il cherchait aux hasards de la guerre.

De te dire, passant, quelle était la vertu
Dont la nature avait son esprit revêtu,
Ce n'est point sur cela que sa gloire se fonde.

Ce que je t'en dirais lui ferait de l'ennui;
Juges-en par le soin qu'eut le Sauveur du monde
De nous l'ôter si tôt pour l'appeler à lui.


Par: Honorat de Bueil

Ajoutée par Savinien le 01/02/2011

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Epitaphe à Dame Louise de Bueil, abbesse de Boulieu


Celle de qui ce marbre est le dernier séjour
De la bonté du ciel avait eu tant de grâce
Que, ne pouvant goûter aucune chose basse,
Elle estima Dieu seul digne de son amour.

Pendant qu'elle a joui de la clarté du jour,
De ce parfait amant elle a suivi la trace,
Et toutefois ses ans ont borné leur espace
Que huit lustres entiers n'avaient pas fait leur tour.

Ne soit point étonné, toi qui plains ce dommage,
Si Dieu, qui fut l'auteur d'un si parfait ouvrage,
A permis que la mort l'ait si tôt abattu.

Crois que c'est un effet de sa bonté profonde
De n'avoir point souffert qu'une telle vertu
Endurât plus longtemps les misères du monde.


Par: Honorat de Bueil

Ajoutée par Savinien le 01/02/2011

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Epitaphe à son père


Celui de qui la cendre est dessous cette pierre
Avecque peu de bien acquit beaucoup d'honneur,
Fut grand par sa vertu plus que par son bonheur,
Aimé durant la paix et craint durant la guerre.

Quand les rois ont détruit avecque leur tonnerre
Le pouvoir des Titans, qui s'égalait au leur,
Aux campagnes de Mars on a vu sa valeur
Peupler les monuments et déserter la terre.

Après tant de travaux et de faits généreux,
Son esprit est au ciel, parmi les bienheureux,
Et ne peut désormais ni désirer ni craindre.

Passant, qui dans la France a son nom entendu,
En voyant son tombeau, garde-toi de le plaindre;
Plains plutôt le malheur de ceux qui l'ont perdu.


Par: Honorat de Bueil

Ajoutée par Savinien le 01/02/2011

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Epitaphe de Franklin


Ci-gît, comme un vieux livre, à reliure usée,
Sans ornements, sans titres, et brisée,
Le corps de l'imprimeur Franklin.
Tel est l'homme à sa fin.

Des vers il devient la pâture;
Mais jamais il ne périra.
Dans une édition belle, correcte et pure,
L'ouvrage reparaîtra.

Ah! Cette noble image
Sort du pinceau du bonhomme Franklin.
Ici l'allégorie a fait, dans son langage,
L'épitaphe du genre humain.


Par: François de La Rochefoucauld

Ajoutée par Savinien le 16/01/2011

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Epitaphe de Diane Baudoire, sa femme


Diane, en couche, se sentant
De la rude mort assaillie,
Et déjà du tout lui étant
La vive parole faillie:
A son mari de main pâlie

Montre un beau fils, produit à l'heure,
Comme voulant dire « ne pleure
Avecques l'adieu d'un baiser,
Ce bel enfant qui te demeure,
Sera pour ton deuil apaiser. »


Par: Louis des Masures

 

Ajoutée par Savinien le 23/12/2010

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Epitaphe de Jean Valjean


Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange,
Il vivait. Il mourut quand il n'eut plus son ange;
La chose simplement d'elle-même arriva,
Comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va.


Par: Victor Hugo

Ajoutée par Savinien le 16/10/2010

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Epitaphe


Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.

C'était la Mort! Alors il la pria d'attendre
Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet;
Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.

Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.

Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant: Pourquoi suis-je venu?


Par: Gérard Labrunie (Gérard de Nerval)

 

Ajoutée par Savinien le 10/10/2010

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Epitaphe


Ci-gît un très grand personnage,
Qui fut d'un illustre lignage,
Qui posséda mille vertus,
Qui ne trompa jamais, qui fut toujours fort sage...
Je n'en dirai pas d'avantage,
C'est trop mentir pour cent écus.


Par: Bernard de La Monnoye

 

Ajoutée par Savinien le 10/10/2010

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Epitaphe


Je n'aurais pas duré plus que l'écume
Aux lèvres de la vague sur le sable;
Né sous aucune étoile un soir sans lune,
Mon nom ne fut qu'un sanglot périssable.


Par: Isaac Lang (Yvan Goll)

 

Ajoutée par Savinien le 10/10/2010

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Epitaphe


Ci-gît Allais.
Sans retour.


Par: Alphonse Allais

 

Ajoutée par Savinien le 10/10/2010

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Epitaphe


Ci-gît un fameux Cardinal
Qui fit plus de mal que de bien
Le bien qu'il fit, il le fit mal,
Le mal qu'il fit, il le fit bien.


Par: Armand-Jean du Plessis (Cardinal de Richelieu)

 

Ajoutée par Savinien le 10/10/2010

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L'adieu (Epitaphe)


J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends.


Par: Guillaume Apollinaire

Extrait de: Alcools (1913)

Ajoutée par Savinien le 10/10/2010

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Epitaphe de lui-même


Jean s'en alla comme il était venu,
Mangea le fonds avec le revenu,
Tint les trésors chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien le sut dispenser:
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L'une à dormir et l'autre à ne rien faire.


Par: Jean de La Fontaine

 

Ajoutée par Savinien le 10/10/2010

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Epitaphe


Celui qui ci-maintenant dort
Fit plus de pitié que d'envie,
Et souffrit mille fois la mort
Avant que de perdre la vie.

Passant, ne fais ici de bruit!
Garde que ton pas ne l'éveille,
Car voici la première nuit
Que le pauvre Scarron sommeille!


Par: Paul Scarron

 

Ajoutée par Savinien le 04/10/2010

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Epitaphe


J'ai vécu sans nul pensement
Me laissant aller doucement
A la bonne loi naturelle;
Et je m'étonne fort pourquoi
La mort pensa jamais à moi
Qui ne pensai jamais à elle.


Par: Mathurin Régnier

 

Ajoutée par Savinien le 26/09/2010

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Epitaphe pour un gentilhomme de ses amis


N'attends, passant, que de ma gloire
Je te fasse une longue histoire,
Pleine de langage indiscret.
Qui se loue irrite l'envie;
Juge de moi par le regret
Qu'eut la mort de m'ôter la vie.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 06/09/2010

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Celle qu'avait Hymen à mon coeur attachée,
Et qui fut ici-bas ce que j'aimais le mieux,
Allant changer la terre à de plus dignes lieux,
Au marbre que tu vois sa dépouille a cachée.

Comme tombe une fleur que la bise a séchée,
Ainsi fut abattu ce chef-d'oeuvre des cieux;
Et depuis le trépas qui lui ferma les yeux,
L'eau que versent les miens n'est jamais étanchée.

Ni prières, ni voeux ne m'y purent servir;
La rigueur de la mort se voulut assouvir,
Et mon affection ne put en avoir dispense.

Toi dont la piété vient sa tombe honorer,
Pleure mon infortune, et pour ta récompense
Jamais autre douleur ne te fasse pleurer.


Par: François de Malherbe

 

Ajoutée par Savinien le 06/09/2010

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Epitaphe d'un homme de lettre


Les grands chargent leurs sépultures
De cent éloges superflus:
Passant, en peu de mots voici mon aventure:
Ma naissance fut très obscure,
Et ma mort l'est encore plus.


Par: Marin Le Roy

 

Ajoutée par Savinien le 07/08/2010

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Epitaphe de Mme Lugol


Ainsi le veut la loi prescrite à la nature:
Toujours le plus beau temps est celui qui moins dure;
Mais les fleurs de vertu règnent plus d'un printemps,
Et ceux qui vivent bien vivent assez longtemps.


Par: Jean Bertaut

 

Ajoutée par Savinien le 06/08/2010

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Epitaphe


S'il faut que maintenant en la fosse je tombe,
Qui ai toujours aimé la paix et le repos,
Afin que rien ne pèse à ma cendre et mes os,
Amis, de mauvais vers ne chargez pas ma tombe.


Par: Jean Passerat

 

Ajoutée par Savinien le 06/08/2010

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Epitaphe d'Erasme


Le grand Erasme ici repose;
Quiconque n'en sait autre chose,
Aussi peu qu'une taupe il voit,
Aussi peu qu'une pierre il oit.


Par: Clément Marot

 

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Lucie (Epitaphe)


Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré;
La pâleur m'en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai.


Par: Alfred de Musset

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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