Citations de Carnets (Camus), de Albert Camus

13 Citations

On voudrait que ceux qu'on commence d'aimer vous aient connu tel que vous étiez avant de les rencontrer, pour qu'ils puissent apercevoir ce qu'ils ont fait de vous.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 13/10/2014

 

Sur tous les chemins du monde des millions d'hommes nous ont précédés et leurs traces sont visibles. Mais sur la mer la plus vieille, notre silence est toujours le premier.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 09/10/2014

 

Il y a des gens dont la religion consiste à toujours pardonner les offenses, mais qui ne les oublient jamais. Pour moi je ne suis pas d'assez bonne étoffe pour pardonner à l'offense, mais je l'oublie toujours.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 09/10/2014

 

Humanisme


Je n'aime pas l'humanité en général. Je m'en sens solidaire d'abord, ce qui n'est pas la même chose. Et puis j'aime quelques hommes, vivants ou morts, avec tant d'admiration que je suis toujours jaloux ou anxieux de préserver ou de protéger chez tous les autres ce qui, par hasard, ou bien un jour que je ne puis prévoir, les a fait ou les fera semblables aux premiers.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 09/10/2014

 

Qui ne donne rien n'a rien. Le plus grand malheur n'est pas de ne pas être aimé, mais de ne pas aimer.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 06/10/2014

 

La tragédie n'est pas qu'on soit seul, mais qu'on ne puisse l'être. Je donnerais parfois tout au monde pour n'être plus relié par rien à l'univers des hommes. Mais je suis une partie de cet univers et le plus courageux est de l'accepter et la tragédie en même temps.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 06/10/2014

 

Cakia-Mouni, de longues années, resta au désert, immobile et les yeux au ciel. Les dieux eux-mêmes enviaient cette sagesse et ce destin de pierre. Dans ses mains tendues et raidies, les hirondelles avaient fait leur nid. Mais un jour elles s'envolèrent pour ne plus revenir. Et celui qui avait tué en lui désir et volonté, gloire et douleur, se mit à pleurer. Les fleurs naissent ainsi des pierres.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 30/09/2014

 

Sur une même chose, on ne pense pas de même façon le matin ou le soir. Mais où est le vrai, dans la pensée de la nuit ou l'esprit de midi? Deux réponses, deux races d'hommes.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 29/09/2014

 

Chaque fois que l'on (que je) cède à ses vanités, chaque fois que l'on pense et vit pour « paraître », on trahit. A chaque fois, c'est toujours le grand malheur de vouloir paraître qui m'a diminué en face du vrai. Il n'est pas nécessaire de se livrer aux autres, mais seulement à ceux qu'on aime. Car alors ce n'est plus se livrer pour paraître mais seulement pour donner.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 29/09/2014

 

Le monde est beau et tout est là. Sa grande vérité que patiemment il enseigne, c'est que l'esprit n'est rien ni le coeur même. Et que la pierre, que le soleil chauffe, ou le cyprès que le ciel découvert agrandit, limitent le seul monde où « avoir raison » prend un sens: la nature sans hommes. Ce monde m'annihile. Il me porte jusqu'au bout. Il me nie sans colère. Et moi, consentant et vaincu, je m'achemine vers une sagesse où tout est déjà conquis - si des larmes ne me montaient aux yeux et si ce gros sanglot de poésie qui me gonfle le coeur ne me faisait oublier la vérité du monde.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 29/09/2014

 

Les nuages grossissent au-dessus du cloître et la nuit peu à peu assombrit les dalles où s'inscrit la morale dont on dote ceux qui sont morts. Si j'avais à écrire ici un livre de morale, il aurait cent pages et 99 seraient blanches. Sur la dernière j'écrirais: « Je ne connais qu'un seul devoir et c'est celui d'aimer. » Et pour le reste je dis non. Je dis non de toutes mes forces. Les dalles me disent que c'est inutile et que la vie est comme « col sol levante, col sol cadente. » Mais je ne vois pas ce que l'inutilité ôte à ma révolte et je sens bien ce qu'elle lui ajoute. [...] A continuer ainsi, je finirai bien par mourir heureux. J'aurais mangé tout mon espoir.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 08/09/2014

 

Jeune, je demandais aux êtres plus qu'ils ne pouvaient donner: une amitié continuelle, une émotion permanente. Je sais leur demander maintenant moins qu'ils ne peuvent donner: une compagnie sans phrases. Et leurs émotions, leur amitié, leurs gestes nobles gardent à mes yeux leur valeur entière de miracle: un entier effet de la grâce.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 08/09/2014

 

Ciel d'orage en août. Souffles brûlants. Nuages noirs. A l'est pourtant, une bande bleue, délicate, transparente. Impossible de la regarder. Sa présence est une gêne pour les yeux et pour l'âme. C'est que la beauté est insupportable. Elle nous désespère, éternité d'une minute que nous voudrions pourtant étirer tout au long du temps.


Par: Albert Camus

Ajoutée par Savinien le 08/09/2014