Citations de Corinne ou l'Italie, de Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

11 Citations

Les sentiments légers ont souvent une longue durée; rien ne les brise, parce que rien ne les resserre; ils suivent les circonstances, disparaissent et reviennent avec elles; tandis que les affections profondes se déchirent sans retour, et ne laissent à leur place qu'une douloureuse blessure.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 23/01/2013

 

Il est des situations de l'âme où l'on redoute de se confier à personne; il suffirait d'une parole qu'on dirait ou qu'on entendrait pour dissiper à nos propres yeux l'illusion qui nous fait supporter l'existence; et l'illusion dans les sentiments passionnés, de quelque genre qu'ils soient, a cela de particulier, qu'on se ménage soi-même comme on ménagerait un ami que l'on craindrait d'affliger en l'éclairant, et que, sans s'en apercevoir, l'on met sa propre douleur sous la protection de sa propre pitié.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 23/01/2013

 

La musique double l'idée que nous avons des facultés de notre âme; quand on l'entend, on se sent capable des plus nobles efforts, c'est par elle qu'on marche à la mort avec enthousiasme; elle a l'heureuse impuissance de n'exprimer aucun sentiment bas, aucun artifice, aucun mensonge. Le malheur même, dans le langage de la musique, est sans amertume, sans déchirement, sans irritation. La musique soulève doucement le poids qu'on a presque toujours sur le coeur, quand on est capable d'affections sérieuses et profondes; ce poids qui se confond quelquefois avec le sentiment même de l'existence, tant la douleur qu'il cause est habituelle: il semble qu'en écoutant des sons purs et délicieux on est prêt à saisir le secret du Créateur, à pénétrer le mystère de la vie.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 23/01/2013

 

Il y a toujours, dans les succès d'un homme auprès d'une femme, quelque chose qui déplaît, même aux meilleurs amis de cet homme.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 21/01/2013

 

Rien n'est plus triste que de n'être pas ému par ce qui devrait nous émouvoir: on se croit l'âme desséchée; on craint d'avoir perdu cette puissance d'enthousiasme sans laquelle la faculté de penser ne servirait plus qu'à dégoûter de la vie.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 21/01/2013

 

Quelque distingué que soit un homme, peut-être ne jouit-il jamais sans mélange de la supériorité d'une femme: s'il l'aime, son coeur s'en inquiète; s'il ne l'aime pas, son amour-propre s'en offense.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 21/01/2013

 

Au milieu des poésies consacrées à toutes les jouissances de la terre, les anciens ont toujours senti que l'idée de la mort a sa volupté; l'amour et les fêtes la rappellent, et l'émotion d'une joie vive semble s'accroître par l'idée même de la brièveté de la vie.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 17/01/2013

 

Ne formons point de plan pour les années qui suivront; les plus heureux moments de la vie sont encore ceux qu'un hasard bienfaisant nous accorde.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 17/01/2013

 

Un sacrifice, quel qu'il soit, est plus beau, plus difficile, que tous les élans de l'âme et de la pensée. L'imagination exaltée peut produire les miracles du génie; mais ce n'est qu'en se dévouant à son opinion ou à ses sentiments qu'on est vraiment vertueux: c'est alors seulement qu'une puissance céleste subjugue en nous l'homme mortel.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 17/01/2013

 

Quel enchantement que cette première lueur d'intelligence avec ce qu'on aime! Avant que le souvenir entre en partage avec l'espérance, avant que les paroles aient exprimé les sentiments, avant que l'éloquence ait su peindre ce que l'on éprouve, il y a dans ces premiers instants je ne sais quel vague, je ne sais quel mystère d'imagination, plus passager que le bonheur même, mais plus céleste encore que lui.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 16/01/2013

 

Voyager est, quoi qu'on en puisse dire, un des plus tristes plaisirs de la vie. Lorsque vous vous trouvez bien dans quelque ville étrangère, c'est que vous commencez à vous y faire une patrie; mais traverser des pays inconnus, entendre parler un langage que vous comprenez à peine, voir des visages humains sans relation avec votre passé ni avec votre avenir, c'est de la solitude et de l'isolement sans repos et sans dignité, car cet empressement, cette hâte pour arriver là où personne ne vous attend, cette agitation dont la curiosité est la seule cause, vous inspirent peu d'estime pour vous-même, jusqu'au moment où les objets nouveaux deviennent un peu anciens, et créent autour de vous quelques doux liens de sentiment et d'habitude.


Par: Anne-Louise Germaine Necker (Madame de Stael)

Ajoutée par Savinien le 16/01/2013