Citations de Lettres écrites de Lausanne, de Isabelle de Charrière

2 Citations

On a tort de penser que c'est dans les premiers temps qu'une véritable perte est la plus douloureuse. Il semble alors qu'on ne soit pas tout à fait sûr de son malheur. On ne sait pas tout à fait qu'il est sans remède, et le commencement de la plus cruelle séparation n'est que comme une absence. Mais quand les jours, en se succédant, ne ramènent jamais la personne dont on a besoin, il semble que notre malheur nous soit confirmé sans cesse, et à tout moment l'on se dit: c'est donc pour jamais!


Par: Isabelle de Charrière

Ajoutée par Savinien le 12/01/2013

 

Il est bien rare, quand on est véritablement aimé, qu'on croie l'être autant qu'on l'est. Un enfant ne voit pas combien il occupe continuellement sa mère. Un amant ne voit pas que sa maîtresse ne voit et n'entend partout que lui. Une maîtresse ne voit pas qu'elle ne dit pas un mot, qu'elle ne fait pas un geste qui ne fasse plaisir ou peine à son amant. Si on le savait, combien on s'observerait, par pitié, par générosité, par intérêt, pour ne pas perdre le bien inestimable et incompensable d'être tendrement aimé.


Par: Isabelle de Charrière

Ajoutée par Savinien le 12/01/2013