Citations de Harmonies poétiques et religieuses, de Alphonse de Lamartine

5 Citations

Le premier regret


Sur la plage sonore où la mer de Sorrente
Déroule ses flots bleus aux pieds de l'oranger
Il est, près du sentier, sous la haie odorante,
Une pierre petite, étroite, indifférente
Aux pas distraits de l'étranger!

La giroflée y cache un seul nom sous ses gerbes.
Un nom que nul écho n'a jamais répété!
Quelquefois seulement le passant arrêté,
Lisant l'âge et la date en écartant les herbes,
Et sentant dans ses yeux quelques larmes courir,
Dit: elle avait seize ans! C'est bien tôt pour mourir!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 06/01/2013

 

Impressions du matin et du soir


La nature a deux chants, de bonheur, de tristesse,
Qu'elle rend tour à tour ainsi que notre coeur,
De l'une à l'autre note elle passe sans cesse:
Homme! L'une est ta joie, et l'autre ta douleur!

L'une sort du matin et chante avec l'aurore,
L'autre gémit le soir un triste et long adieu;
Au premier, au second, le ciel répond: adore!
Et de l'hymne éternel le mot unique est Dieu!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 06/01/2013

 

Impressions du matin et du soir


L'oeil, au flanc des coteaux poursuivant la lumière,
Sent le jour défaillir sous sa morne paupière,
Les brises du matin se posent pour dormir,
Le rivage se tait, la voile tombe à vide,
La mer roule à ses bords la nuit dans chaque ride,
Et tout ce qui chantait semble à présent gémir.

Et les songes menteurs, et les vaines pensées,
Que du front des mortels la lumière a chassées,
Et que la nuit couvait sous ses ailes glacėes,
Descendent avec elle et voilent l'horizon;
L'illusion se glisse en notre âme amollie,
Et l'air, plein de silence et de mélancolie,
Des pavots du sommeil enivre la raison.

Et l'oiseau de la nuit sort des antres funèbres,
Ouvre avec volupté ses yeux lourds aux ténèbres,
Gémit, et croit chanter, dans l'ombre où son oeil luit;
Et l'homme dont les pas et le coeur aiment l'ombre,
Dit en portant les yeux au firmament plus sombre:
Sortons, Dieu s'est caché; sortons, voici la nuit!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 06/01/2013

 

L'infini dans les cieux


Oh! Que suis-je, Seigneur! Devant les cieux et toi?
De ton immensité le poids pèse sur moi,
Il m'égale au néant, il m'efface, il m'accable,
Et je m'estime moins qu'un de ces grains de sable,
Car ce sable roulé par les flots inconstants,
S'il a moins d'étendue, hélas! A plus de temps;
Il remplira toujours son vide dans l'espace
Lorsque je n'aurai plus ni nom, ni temps, ni place;
Son sort est devant toi moins triste que le mien,
L'insensible néant ne sent pas qu'il n'est rien,
Il ne se ronge pas pour agrandir son être,
Il ne veut ni monter, ni juger, ni connaître,
D'un immense désir il n'est point agité;
Mort, il ne rêve pas une immortalité!
Il n'a pas cette horreur de mon âme oppressée,
Car il ne porte pas le poids de ta pensée!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 02/12/2012

 

Pensée des morts


Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous,
Murmurent sous la poussière:
Vous qui voyez la lumière,
Vous souvenez-vous de nous?


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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