Citations de Méditations poétiques, de Alphonse de Lamartine

50 Citations

La fenêtre de la maison paternelle


Autour du toit qui nous vit naître
Un pampre étalait ses rameaux,
Ses grains dorés, vers la fenêtre,
Attiraient les petits oiseaux.

Ma mère, étendant sa main blanche,
Rapprochait les grappes de miel,
Et ses enfants suçaient la branche,
Qu'ils rendaient aux oiseaux du ciel.

L'oiseau n'est plus, la mère est morte;
Le vieux cep languit jaunissant,
L'herbe d'hiver croît sur la porte,
Et moi, je pleure en y pensant.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 28/03/2013

 

La mort de Socrate


Cependant de la mort qui peut sonder l'abîme?
Les dieux ont mis leur doigt sur sa lèvre sublime:
Qui sait si dans ces mains prêtes à la saisir
L'âme, incertaine, tombe avec peine, ou plaisir?
Pour moi, qui vis encore, je ne sais, mais je pense
Qu'il est quelque mystère au fond de ce silence;
Que des dieux indulgents la sévère bonté
A jusque dans la mort caché la volupté,
Comme, en blessant nos coeurs de ses divines armes,
L'amour cache souvent un plaisir sous des larmes!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 02/10/2012

 

La mort de Socrate


Pourquoi donc vivons-nous, si ce n'est pour mourir?
Pourquoi pour la justice ai-je aimé de souffrir?
Pourquoi dans cette mort qu'on appelle la vie,
Contre ses vils penchants luttant, quoique asservie,
Mon âme avec mes sens a-t-elle combattu?
Sans la mort, mes amis, que serait la vertu?


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 02/10/2012

 

La mort de Socrate


Les poètes ont dit qu'avant sa dernière heure,
En sons harmonieux le doux cygne se pleure;
Amis, n'en croyez rien! L'oiseau mélodieux
D'un plus sublime instinct fut doué par les dieux!
Du riant Eurotas près de quitter la rive,
L'âme, de ce beau corps à moitié fugitive,
S'avançant pas à pas vers un monde enchanté,
Voit poindre le jour pur de l'immortalité,
Et, dans la douce extase où ce regard la noie,
Sur la terre en mourant elle exhale sa joie.
Vous qui près du tombeau venez pour m'écouter,
Je suis un cygne aussi; je meurs; je puis chanter!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 16/09/2012

 

La poésie sacrée


L'homme vit un jour sur la terre
Entre la mort et la douleur;
Rassasié de sa misère,
Il tombe enfin comme la fleur;
Il tombe! Au moins par la rosée
Des fleurs la racine arrosée
Peut-elle un moment refleurir!
Mais l'homme, hélas! Après la vie,
C'est un lac dont l'eau s'est enfuie:
On le cherche, il vient de tarir.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 16/09/2012

 

Dieu


Mais peut-être, avant l'heure où dans les cieux déserts
Le soleil cessera d'éclairer l'univers,
De ce soleil moral la lumière éclipsée
Cessera par degrés d'éclairer la pensée;
Et le jour qui verra ce grand flambeau détruit
Plongera l'univers dans l'éternelle nuit.
Alors tu briseras ton inutile ouvrage!
Ses débris foudroyés rediront d'âge en âge:
Seul je suis! Hors de moi rien ne peut subsister!
L'homme cessa de croire, il cessa d'exister!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 16/09/2012

 

Philosophie


Toi, qui longtemps battu des vents et de l'orage,
Jouissant aujourd'hui de ce ciel sans nuage,
Du sein de ton repos contemple du même oeil
Nos revers sans dédain, nos erreurs sans orgueil;
Dont la raison facile, et chaste sans rudesse,
Des sages de ton temps n'a pris que la sagesse,
Et qui reçus d'en haut ce don mystérieux
De parler aux mortels dans la langue des dieux;
De ces bords enchanteurs où ta voix me convie,
Où s'écoule à flots purs l'automne de ta vie,
Où les eaux et les fleurs, et l'ombre, et l'amitié,
De tes jours nonchalants usurpent la moitié,
Dans ces vers inégaux que ta muse entrelace,
Dis nous, comme autrefois nous l'aurait dit Horace,
Si l'homme doit combattre ou suivre son destin?
Si je me suis trompé de but ou de chemin?
S'il est vers la sagesse une autre route à suivre?
Et si l'art d'être heureux n'est pas tout l'art de vivre.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 15/09/2012

 

La retraite


Ce qu'on appelle nos beaux jours
N'est qu'un éclair brillant dans une nuit d'orage,
Et rien, excepté nos amours,
N'y mérite un regret du sage;
Mais, que dis-je? On aime à tout âge:
Ce feu durable et doux, dans l'âme renfermé,
Donne plus de chaleur en jetant moins de flamme;
C'est le souflle divin dont tout l'homme est formé,
Il ne s'éteint qu'avec son âme.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 20/08/2012

 

Souvenir


En vain le jour succède au jour,
Ils glissent sans laisser de trace;
Dans mon âme rien ne t'efface,
O dernier songe de l'amour!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 08/08/2012

 

Le vallon


Le jour où je la vis, nos regards s'entendirent.
L'âme comprend un geste, un regard, un soupir!
Sans nous être parlé, nos coeurs se confondirent,
Je sentis qu'il fallait ou parler ou mourir.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 08/08/2012

 

L'homme


Mais que sert de lutter contre sa destinée?
Que peut contre le sort la raison mutinée?
Elle n'a comme l'oeil qu'un étroit horizon.
Ne porte pas plus loin tes yeux ni ta raison:
Hors de là, tout nous fuit, tout s'éteint, tout s'efface;
Dans ce cercle borné Dieu t'a marqué ta place.
Comment? Pourquoi? Qui sait? De ses puissantes mains
Il a laissé tomber le monde et les humains,
Comme il a dans nos champs répandu la poussière,
Ou semé dans les airs la nuit et la lumière;
Il le sait, il suffit: l'univers est à lui,
Et nous n'avons à nous que le jour d'aujourd'hui.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 08/08/2012

 

Novissima verba


Femmes! Anges mortels! Création divine!
Seul rayon dont la vie un moment s'illumine!
Je le dis à cette heure, heure de vérité,
Comme je l'aurai dit, quand devant la beauté
Mon coeur épanoui qui se sentait éclore
Fondait comme une neige aux rayons de l'aurore!
Je ne regrette rien de ce monde que vous!
Ce que la vie humaine a d'amer et de doux,
Ce qui la fait brûler, ce qui trahit en elle
Je ne sais quel parfum de la vie immortelle,
C'est vous seules! Par vous toute joie est amour!
Ombre des biens parfaits du céleste séjour,
Vous êtes ici-bas la goutte sans mélange
Que Dieu laissa tomber de la coupe de l'ange!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Novissima verba


Que tu sais bien dorer ton magique lointain!
Qu'il est beau l'horizon de ton riant matin!
Quand le premier amour et la fraîche espérance
Nous entrouvrent l'espace où notre âme s'élance
N'emportant avec soi qu'innocence et beauté,
Et que d'un seul objet notre coeur enchanté
Dit comme Roméo: « Non, ce n'est pas l'aurore!
Aimons toujours! L'oiseau ne chante pas encore! »
Tout le bonheur de l'homme est dans ce seul instant;
Le sentier de nos jours n'est vert qu'en le montant!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Novissima verba


Et c'est donc là le terme! - Ah! S'il faut une fois
Que chaque homme à son tour élève enfin la voix,
C'est alors! C'est avant qu'une terre glacée
Engloutisse avec lui sa dernière pensée!
C'est à cette heure même où, prête à s'exhaler,
Toute âme a son secret qu'elle veut révéler,
Son mot à dire au monde, à la mort, à la vie,
Avant que pour jamais, éteinte, évanouie,
Elle n'ait disparu, comme un feu de la nuit,
Qui ne laisse après soi ni lumière ni bruit!
Que laissons-nous, ô vie, hélas! Quand tu t'envoles?
Rien, que ce léger bruit des dernières paroles.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Novissima verba


La nuit roule en silence autour de nos demeures
Sur les vagues du ciel la plus noire des heures:
Nul rayon sur mes yeux ne pleut du firmament,
Et la brise n'a plus même un gémissement,
une plainte, qui dise à mon âme aussi sombre:
Quelque chose avec toi meurt et se plaint dans l'ombre!
Je n'entends au-dehors que le lugubre bruit
Du balancier qui dit: le temps marche et te fuit;
Au-dedans, que le pouls, balancier de la vie,
Dont les coups inégaux dans ma tempe engourdie
M'annoncent sourdement que le doigt de la mort
De la machine humaine a pressé le ressort.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Eternité de la nature, brièveté de l'homme


Et toi qui t'abaisse et t'élève
Comme la poudre des chemins,
Comme les vagues sur la grève,
Race innombrable des humains,
Survis au temps qui me consume,
Engloutis-moi dans ton écume,
Je sens moi-même mon néant,
Dans ton sein, qu'est-ce qu'une vie?
Ce qu'est une goutte de pluie
Dans les bassins de l'océan!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Milly, ou la terre natale


Montagnes que voilait le brouillard de l'automne,
Vallons que tapissait le givre du matin,
Saules dont l'émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain,

Murs noircis par les ans, coteaux, sentier rapide,
Fontaine où les pasteurs accroupis tour à tour
Attendaient goutte à goutte une eau rare et limpide,
Et, leur urne à la main, s'entretenaient du jour,

Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer?


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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L'infini dans les cieux


Hélas! Pourquoi si haut mes yeux ont-ils monté?
J'étais heureux en bas dans mon obscurité,
Mon coin dans l'étendue et mon éclair de vie
Me paraissaient un sort presque digne d'envie;
Je regardais d'en haut cette herbe; en comparant,
Je méprisais l'insecte et je me trouvais grand;
Et maintenant, noyé dans l'abîme de l'être,
Je doute qu'un regard du dieu qui nous fit naître
Puisse me démêler d'avec lui, vil, rampant,
Si bas, si loin de lui, si voisin du néant!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Adieux à la poésie


Adieu donc, adieu, voici l'heure,
Lyre aux soupirs mélodieux!
En vain à la main qui t'effleure
Ta fibre encore répond et pleure:
Voici l'heure de nos adieux.

Reçois cette larme rebelle
Que mes yeux ne peuvent cacher.
Combien sur ta corde fidèle
Mon âme, hélas! En versa-t-elle,
Que tes soupirs n'ont pu sécher!

Sur cette terre infortunée,
Où tous les yeux versent des pleurs,
Toujours de cyprès couronnée,
La lyre ne nous fut donnée
Que pour endormir nos douleurs.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Et j'ai dit dans mon coeur: Que faire de la vie?
Irai-je encore, suivant ceux qui m'ont devancé,
Comme l'agneau qui passe où sa mère a passé,
Imiter des mortels l'immortelle folie?


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Philosophie


Aussi, pendant qu'admis dans les conseils des rois,
Représentant d'un maître honoré par son choix,
Tu tiens un des grands fils de la trame du monde;
Moi, parmi les pasteurs, assis au bord de l'onde,
Je suis d'un oeil rêveur les barques sur les eaux;
J'écoute les soupirs du vent dans les roseaux;
Nonchalamment couché près du lit des fontaines,
Je suis l'ombre qui tourne autour du tronc des chênes,
Ou je grave un vain nom sur l'écorce des bois,
Ou je parle à l'écho qui répond à ma voix,
Ou dans le vague azur contemplant les nuages,
Je laisse errer comme eux mes flottantes images;
La nuit tombe, et le temps, de son doigt redouté,
Me marque un jour de plus que je n'ai pas compté!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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La foi


Pour moi, quand le destin m'offrirait à mon choix
Le sceptre du génie, ou le trône des rois,
La gloire, la beauté, les trésors, la sagesse,
Et joindrait à ses dons l'éternelle jeunesse,
J'en jure par la mort; dans un monde pareil,
Non, je ne voudrais pas rajeunir d'un soleil.
Je ne veux pas d'un monde où tout change, où tout passe;
Où, jusqu'au souvenir, tout s'use et tout s'efface;
Où tout est fugitif, périssable, incertain;
Où le jour du bonheur n'a pas de lendemain!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

Catégories:

La retraite


Ce qu'on appelle nos beaux jours
N'est qu'un éclair brillant dans une nuit d'orage,
Et rien, excepté nos amours,
N'y mérite un regret du sage;
Mais, que dis-je? On aime à tout age:
Ce feu durable et doux, dans l'âme renfermé,
Donne plus de chaleur en jetant moins de flamme;
C'est le souffle divin dont tout l'homme est formé,
Il ne s'éteint qu'avec son âme.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Le vallon


Suis le jour dans le ciel, suis l'ombre sur la terre,
Dans les plaines de l'air vole avec l'aquilon,
Avec les doux rayons de l'astre du mystère
Glisse à travers les bois dans l'ombre du vallon.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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L'homme


Me voici! Le néant te salue en naissant;
Me voici! Mais que suis-je? Un atome pensant!
Qui peut entre nous deux mesurer la distance?
Moi, qui respire en toi ma rapide existence,
A l'insu de moi-même à ton gré façonné,
Que me dois-tu, Seigneur, quand je ne suis pas né?
Rien avant, rien après: Gloire à la fin suprême:
Qui tira tout de soi se doit tout à soi-même!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

Catégories:

L'homme


Cherchant ce grand secret sans pouvoir le surprendre,
J'ai vu partout un Dieu sans jamais le comprendre!
J'ai vu le bien, le mal, sans choix et sans dessein,
Tomber comme au hasard, échappés de son sein;
Mes yeux dans l'univers n'ont vu qu'un grand peut-être,
J'ai blasphémé ce Dieu, ne pouvant le connaître;
Et ma voix, se brisant contre le ciel d'airain,
N'a pas même eu l'honneur d'arrêter le destin.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

Catégories:

L'homme


Borné dans sa nature, infini dans ses voeux,
L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

Catégories:

L'homme


Comme toi, ma raison en ténèbres abonde,
Et ce n'est pas à moi de t'expliquer le monde.
Que celui qui l'a fait t'explique l'univers!
Plus je sonde l'abîme, hélas! Plus je m'y perds.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 10/09/2010

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Le lac


Ô temps! Suspends ton vol, et vous, heures propices!
Suspendez votre cours:
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!

Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;
Oubliez les heureux.

Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit;
Je dis à cette nuit: Sois plus lente; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

Aimons donc, aimons donc! De l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons!
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;
Il coule, et nous passons!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 28/08/2010

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Pourquoi mon âme est-elle triste?


Et pourtant il faut vivre encore,
Dormir, s'éveiller tout à tour,
Et traîner d'aurore en aurore
Ce fardeau renaissant des jours?
Quand on a bu jusqu'à la lie
La coupe écumante de vie,
Ah! La briser serait un bien!
Espérer, attendre, c'est vivre!
Que sert de compter et de suivre
Des jours qui n'apportent plus rien?


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Les préludes


Penser sans découvrir, aspirer sans atteindre,
Briller sans éclairer, et pâlir sans s'éteindre:
Hélas! tel est mon sort et celui des humains!
Nos pères ont passé par les mêmes chemins.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'automne


Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau:
L'air est si parfumé! La lumière est si pure!
Aux regards d'un mourant le soleil est si beau!
...
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

Catégories:

Le golfe de Baya


Ainsi tout change, ainsi tout passe;
Ainsi nous mêmes nous passons,
Hélas! Sans laisser plus de trace
Que cette barque où nous glissons
Sur cette mer où tout s'efface.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Philosophie


Vivre est assez pour nous; un plus sage l'a dit:
Le soin de chaque jour à chaque jour suffit.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La foi


Mon âme aura passé, sans guide et sans flambeau
De la nuit d'ici-bas dans la nuit du tombeau,
Et j'emporte au hasard, au monde où je m'élance,
Ma vertu sans espoir, mes maux sans récompense.
Réponds-moi, Dieu cruel! S'il est vrai que tu sois,
J'ai donc le droit fatal de maudire tes lois!
Après le poids du jour, du moins le mercenaire
Le soir s'assied à l'ombre, et reçoit son salaire:
Et moi, quand je fléchis sous le fardeau du sort,
Quand mon jour est fini, mon salaire est la mort.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

Catégories:

La foi


Redoutant le néant, et lasse de souffrir,
Hélas! Tu crains de vivre et tremble de mourir.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

Catégories:

La foi


La douleur lentement m'entrouvre le tombeau:
Salut, mon dernier jour! Sois mon jour le plus beau!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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La foi


O néant! ô seul Dieu que je puisse comprendre!
Silencieux abîme où je vais redescendre,
Pourquoi laissas-tu l'homme échapper de ta main?
De quel sommeil profond je dormais dans ton sein!
Dans l'éternel oubli, j'y dormirais encore;
Mes yeux n'auraient pas vu ce faux jour que j'abhorre,
Et dans ta longue nuit, mon paisible sommeil
N'aurait jamais connu ni songes, ni réveil.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Le désespoir


Lorsque du Créateur la parole féconde,
Dans une heure fatale, eut enfanté le monde
Des germes du chaos,
De son oeuvre imparfaite il détourna sa face,
Et d'un pied dédaigneux le lançant dans l'espace,
Rentra dans son repos.

Va, dit-il, je te livre à ta propre misère;
Trop indigne à mes yeux d'amour ou de colère,
Tu n'es rien devant moi.
Roule au gré du hasard dans les déserts du vide;
Qu'à jamais loin de moi le destin soit ton guide,
Et le malheur ton roi.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Le vallon


J'ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie,
Je viens chercher vivant le calme du Léthé;
Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l'on oublie
L'oubli seul désormais est ma félicité.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'immortalité


Tu vois autour de toi dans la nature entière
Les siècles entasser poussière sur poussière,
Et le temps, d'un seul pas confondant ton orgueil,
De tout ce qu'il produit devenir le cercueil.

Et l'homme, et l'homme seul, ô sublime folie!
Au fond de son tombeau croit retrouver la vie,
Et dans le tourbillon au néant emporté,
Abattu par le temps, rêve l'éternité!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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A Elvire


Vois d'un oeil de pitié la vulgaire jeunesse;
Brillante de beauté, s'enivrant de plaisir!
Quand elle aura tari sa coupe enchanteresse,
Que restera-t-il d'elle? à peine un souvenir:
Le tombeau qui l'attend l'engloutit tout entière,
Un silence éternel succède à ses amours;
Mais les siècles auront passé sur ta poussière
Elvire, et tu vivras toujours!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'homme


Pardonne au désespoir un moment de blasphème,
J'osai... Je me repends: gloire au maître suprême:
Il fit l'eau pour couler, l'aquilon pour courir,
Les soleils pour brûler, et l'homme pour souffrir!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'homme


Cependant, accablé sous le poids de ma chaîne,
Du néant au tombeau l'adversité m'entraîne;
Je marche dans la nuit par un chemin mauvais,
Ignorant d'où je viens, incertain où je vais.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'homme


Ici-bas, la douleur à la douleur s'enchaîne.
Le jour succède au jour, et la peine à la peine.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'homme


Aux regards de celui qui fit l'immensité,
L'insecte vaut un monde: ils ont autant coûté!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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Souvenir


C'est toi que j'entends, que je vois,
Dans le désert, dans le nuage;
L'onde réfléchit ton image;
Le zéphyr m'apporte ta voix.

Tandis que la terre sommeille,
Si j'entends le vent soupirer,
Je crois t'entendre murmurer
Des mots sacrés à mon oreille.

Si j'admire ces feux épars
Qui des nuits parsèment le voile,
Je crois te voir dans chaque étoile
Qui plaît le plus à mes regards.

Et si le souffle du zéphyr
M'enivre du parfum des fleurs,
Dans ses plus suaves odeurs
C'est ton souffle que je respire.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'isolement


Que ne puis-je, porté sur le char de l'aurore,
Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi,
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie:
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons!


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'isolement


Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme, ni transports,
Je contemple la terre, ainsi qu'une ombre errante:
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis: nulle part le bonheur ne m'attend.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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L'isolement


Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières?
Vains objets dont pour moi le charme est envolé;
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil? Je n'attends rien des jours.


Par: Alphonse de Lamartine

Ajoutée par Savinien le 25/07/2010

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