Citations de Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

105 Citations

Je ne sais pas si j'ai raison de regarder la fierté comme un des premiers devoirs de la femme, mais il n'est pas en mon pouvoir de ne pas mépriser la passion qui s'acharne. Il me semble qu'il y a là un attentat contre le ciel, qui seul donne et reprend les vraies affections. On ne doit pas plus disputer la possession d'une âme que celle d'un esclave. On doit rendre à l'homme sa liberté, à l'âme son élan, à Dieu la flamme émanée de lui.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/03/2021

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Il n'y a peut-être pas de milieu entre la puissance des grandes âmes qui fait la sainteté, et le commode hébètement des petits esprits qui fait l'insensibilité. Si fait, il y a un milieu: c'est le désespoir...


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/02/2021

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Le mariage est beau pour les amants et utile pour les saints. En dehors des saints et des amants, il y a une foule d'esprits ordinaires et de coeurs paisibles qui ne connaissent pas l'amour et qui ne peuvent atteindre à la sainteté.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/02/2021

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Il me semble que l'absence subie à regret doit être un stimulant pour l'affection, mais que l'absence cherchée passionnément par l'un des deux est une grande leçon de philosophie et de modestie pour l'autre. Belle leçon sans doute, mais bien refroidissante!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/02/2021

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Accuser, blâmer, soupçonner, maudire, railler, condamner, voilà ce qu'il y a au bout de toute causerie politique ou littéraire, car la sympathie, la confiance et l'admiration ont malheureusement des formules plus concises que l'aversion, la critique et le commérage. Je n'ai pas la sainteté infuse avec la vie, mais j'ai la poésie pour condition d'existence, et tout ce qui tue trop cruellement le rêve du bon, du simple et du vrai, qui seul me soutient contre l'effroi du siècle, est une torture à laquelle je me dérobe autant qu'il m'est possible.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/02/2021

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Dans une heure, quand on a quelque chose à dire ou à entendre, on a épuisé le sujet, et après cela on ne fait plus qu'y patauger. Je n'ai pas, moi, l'esprit assez puissant pour traiter de plusieurs matières graves successivement, et c'est peut-être pour me consoler de cette infirmité que je me persuade, en écoutant les gens qui parlent beaucoup, que personne n'est fort en paroles plus d'une heure par jour.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/02/2021

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J'aime la rêverie, la méditation et le travail; mais, au-delà d'une certaine mesure, la tristesse arrive, parce que la réflexion tourne au noir, et si la réalité m'apparaît forcément dans ce qu'elle a de sinistre, il faut que mon âme succombe, ou que la gaieté vienne me chercher.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/02/2021

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Jamais les machines ne remplaceront l'homme d'une manière absolue; grâce au ciel, car ce serait la fin du monde. L'homme n'est pas fait pour penser toujours. Quand il pense trop il devient fou, de même qu'il devient stupide quand il ne pense pas assez. Pascal l'a dit: « Nous ne sommes ni anges ni bêtes. »


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/02/2021

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Je me souviens que je te disais une fois: « Que peut-il arriver de pire à un honnête homme? D'être forcé de mourir, voilà tout. » Aujourd'hui, je vois qu'il y a quelque chose de pis: c'est d'être forcé de vivre.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Oh! Je t'ai aimée, simple fleur que le vent brisait sur sa tige, pour ta beauté délicate et pure, et je t'ai cueillie, espérant garder pour moi seul ton suave parfum, qui s'exhalait à l'ombre et dans la solitude; mais la brise me l'a emporté en passant, et ton sein n'a pu le retenir! Est-ce une raison pour que je te haïsse et te foule aux pieds? Non! Je te reposerai doucement dans la rosée où je t'ai prise, et je te dirai adieu, parce que mon souffle ne peut plus te faire vivre, et qu'il en est un autre dans ton atmosphère qui doit te relever et te ranimer. Refleuris donc, ô mon beau lis! Je ne te toucherai plus.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Nulle créature humaine ne peut commander à l'amour, et nul n'est coupable pour le ressentir et pour le perdre. Ce qui avilit la femme, c'est le mensonge. Ce qui constitue l'adultère, ce n'est pas l'heure qu'elle accorde à son amant, c'est la nuit qu'elle va passer ensuite dans les bras de son mari.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Il me serait impossible de conquérir un bonheur quelconque par la violence ou la perfidie, sans être aussitôt dégoûté de ma conquête. Il me semblerait avoir volé un trésor, et je le jetterais par terre pour m'aller pendre comme Judas. Cela me paraît le résultat d'une logique si inflexible et si absolue, que je ne saurais me glorifier de n'être pas une brute semblable aux trois quarts des hommes que je vois.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Je n'ai jamais étudié qu'une chose au monde, c'est l'amour. A force de faire l'expérience de tout ce qui le contriste et l'empoisonne, j'ai compris combien c'était un sentiment noble et difficile à conserver; combien il faillait accomplir de dévouements et de sacrifices avant de pouvoir se glorifier de l'avoir connu.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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J'ai rempli ma tâche, j'ai bien assez vécu, j'ai bien assez souffert. A présent, je puis me laisser tomber et me rouler dans la poussière trempée de mes larmes. En te quittant, j'ai pleuré, et mes yeux ne se sont pas séchés depuis trois jours. Je vois bien que je suis un homme fini, car jamais je n'ai vu mon coeur se briser et s'anéantir ainsi. Je le sens qui fond dans ma poitrine. Dieu me retire la force, parce qu'elle m'est désormais inutile. Je n'ai plus à souffrir, je n'ai plus à aimer; mon rôle est achevé parmi les hommes.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Il y a cent mille manières de perdre l'amour d'une femme, et la seule qu'on n'ait pas prévue est précisément celle qui se réalise.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Il y a dans les lointains souvenirs une inexplicable magie. On aime ses premières impressions d'un amour paternel, on se chérit dans le passé, peut-être parce qu'on s'ennuie de soi-même dans le présent.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Je vivrais cent ans que je ne pourrais consentir à m'avouer coupable des lâchetés dont le monde accuse ses enfants. Je sens mon coeur qui se révolte à la seule idée des turpitudes qu'il trouve présumables et naturelles; et quand je vois le sourire sur les lèvres de celui qui refuse de me croire pur; quand, après m'avoir accusé d'une scélératesse, il s'en va en me secouant la main et en me disant: « N'importe! Qu'il en soit ce qu'il voudra, tout à vous; » il me prend des envies de l'insulter, pour mettre entre nous une franche haine au lieu de cette indigne et salissante amitié.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Pourquoi chercher à soulever les voiles sacrés du destin? Les coeurs les plus fermes ne résistent pas toujours à son choc inévitable. Quelles promesses, quels serments peuvent lier l'amour? Sa plus sûre garantie, c'est la foi et l'espoir; ah! Gardons-nous d'interroger trop souvent le livre mystérieux où la durée de notre bonheur est écrite de la main de Dieu; acceptons le présent avec reconnaissance, et sachons en jouir sans le laisser empoisonner par la crainte du lendemain.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Laisse-moi pleurer, m'a-t-il dit, et sois bénie pour m'avoir donné cette heure d'attendrissement et d'effusion; il y a bien longtemps que cela ne m'était arrivé. Ne sens-tu pas, Fernande, que ce qu'il y a de plus doux au monde, c'est la tristesse qu'on partage, et que les larmes qui se mêlent à d'autres larmes sont un baume pour la douleur? Puissé-je pleurer souvent avec toi, et puisses-tu ne jamais pleurer seule!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Je l'aime parce que je ne connais pas d'homme meilleur. Celui qui est à part de tous les autres ne m'inspire et ne ressent pour moi que de l'amitié. - L'amitié, c'est une sorte d'amour aussi, immense et sublime en de certains moments, mais insuffisante, parce qu'elle ne s'occupe que des malheurs sérieux et n'agit que dans les grandes et rares occasions. La vie de tous les jours, cette chose si odieuse et si pesante dans la solitude, cette succession continuelle de petites douleurs fastidieuses que l'amour seul peut changer en plaisirs, l'amitié dédaigne de s'en occuper.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Je sais que l'amour seul est quelque chose, je sais qu'il n'y a rien outre sur la terre. Je sais que ce serait une lâcheté que de le fuir par crainte des douleurs qui l'expient; mais vraiment, quand on voit si bien sa marche et ses résultats, peut-on goûter des joies bien pures? Pour moi, cela m'est impossible.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Tu es capable de comprendre, d'éprouver et d'exécuter, en beaucoup de choses, ce que les hommes regardent comme impossible; mais, en revanche, ce qui est facile à plusieurs, et possible à beaucoup d'entre eux, Dieu, pour compenser sa magnificence envers toi par quelque grave infirmité, t'en a rendu absolument incapable. Ne pouvoir tolérer les faiblesses d'autrui, voilà ta faiblesse, voilà le côté misérable et sacrifié de ton grand caractère; voilà en quoi Dieu te châtie de n'être pas soumis aux misères communes.
Et tu as raison, Jacques; je te l'ai toujours dit, tu as bien raison de ne rien pardonner à cette boue humaine; tu as raison de retirer tout ton coeur aussitôt que tu vois une tache sur l'objet de ton amour! L'être qui pardonne s'avilit!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Je n'ai pas changé d'avis, je ne me suis pas réconcilié avec la société, et le mariage est toujours, selon moi, une des plus barbares institutions qu'elle ait ébauchées. Je ne doute pas qu'il ne soit aboli, si l'espèce humaine fait quelque progrès vers la justice et la raison; un lien plus humain et non moins sacré remplacera celui-là, et saura assurer l'existence des enfants qui naîtront d'un homme et d'une femme, sans enchaîner à jamais la liberté de l'un et de l'autre. Mais les hommes sont trop grossiers et les femmes trop lâches pour demander une loi plus noble que la loi de fer qui les régit: à des êtres sans conscience et sans vertu, il faut de lourdes chaîne.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Jacques (1834)

Ajoutée par Savinien le 15/02/2021

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Il disait souvent à Lélia, et non sans raison, qu'avant d'affranchir la femme, il fallait songer à affranchir l'homme; que des esclaves ne pouvaient délivrer et réhabiliter des esclaves; qu'il était impossible de faire comprendre la dignité d'autrui à qui ne comprenait pas la sienne propre.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Ne me parlez pas de cette Lélia; je ne la connais plus, j'ai oublié ses traits. Je sais à peine si je l'ai aimée jadis. Cent ans se sont écoulés depuis que je l'ai quittée. Si je la voyais maintenant, je rirais de pitié en songeant que j'ai possédé cent femmes plus belles, plus jeunes, plus naïves, plus ardentes, et qui m'ont rassasié de plaisir. Pourquoi irais-je désormais plier le genou devant cette idole aux flancs de marbre? Quand j'aurais le regard embrasé de Pygmalion et le bon vouloir des dieux pour l'animer, qu'en ferais-je? Que me donnerait-elle de plus que les autres? Il fut un temps où je croyais à des joies infinies, à des ravissements célestes. C'est dans ses bras que je rêvais la béatitude suprême, l'extase des anges aux pieds du Très-Saint. Mais aujourd'hui, je ne crois plus ni aux cieux, ni aux anges, ni à Dieu, ni à Lélia. Je connais les joies humaines; je ne peux plus m'en exagérer la valeur. C'est Lélia elle-même qui a pris soin de m'éclairer. J'en sais assez désormais; j'en sais plus qu'elle!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Toute résolution dont on diffère l'exécution est avortée, répondit Lélia. Quand il s'agit de vouloir, il faut de la réflexion; quand il faut agir, il faut de l'audace et de la promptitude.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Je veux descendre au niveau de la vie que vous m'avez faite et vivre de réalités, comme jusqu'ici j'ai vécu de fictions. Je suis homme maintenant, n'est-ce pas? J'ai la science du bien et du mal, je puis marcher seul, je n'ai plus rien à apprendre. Restez dans votre repos, j'ai perdu le mien.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Vous avez pris pour un besoin du coeur ce qui n'était qu'une fièvre du cerveau. Vous avez confondu le plaisir avec le bonheur. Nous faisons tous de même avant de connaître la vie, avant de savoir qu'il n'est pas donné à l'homme de réaliser l'un par l'autre.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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L'ennui me tue. Tout s'épuise pour moi, tout s'en va. J'ai vu à peu près la vie dans toutes ses phases, la société sous toutes ses faces, la nature dans toutes ses splendeurs. Que verrai-je maintenant? Quand j'ai réussi à combler l'abîme d'une journée, je me demande avec effroi avec quoi je comblerai celui du lendemain. Il me semble parfois qu'il existe encore des êtres dignes d'estime et des choses capables d'intéresser; mais, avant de les avoir examinés, j'y renonce par découragement et par fatigue. Je sens qu'il ne me reste pas assez de sensibilité pour apprécier les hommes, pas assez d'intelligence pour comprendre les choses. Je me replie sur moi-même avec un calme et sombre désespoir, et nul ne sait ce que je souffre. Les brutes dont la société se compose se demandent ce qui me manque, à moi dont la richesse a pu atteindre à toutes les jouissances, dont la beauté et le luxe ont pu réaliser toutes les ambitions. Parmi tous ces hommes, il n'en est pas un dont l'intelligence soit assez étendue pour comprendre que c'est un grand malheur de n'avoir pu s'attacher à rien, et de ne pouvoir plus rien désirer sur la terre.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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C'est une erreur de croire que la science étouffe l'admiration, et que l'oeil du poète s'éteint à mesure que l'œil du naturaliste embrasse un plus vaste horizon. L'examen, qui détruit tant de croyances, fait jaillir aussi des croyances nouvelles avec la lumière.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Quand on est parvenu à se placer sur les limites de la négation et de l'affirmation, quand on se croit arrivé à la sagesse, on est bien près d'être fou; car on n'a plus pour moyen d'avancement que la perfection, qui est impossible, ou la raison instinctive, qui, n'étant pas soumise à la réflexion, peut nous porter au délire.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Lorsque après avoir examiné avec enivrement la magnificence des couleurs et des formes qui concourent à la formation de l'univers, j'eus constaté ce que chaque classe d'êtres a d'incomplet, d'impuissant et de misérable; quand j'eus reconnu que la beauté était compensée chez les uns par la faiblesse, que chez les autres la stupidité détruisait les avantages de la force, que nul n'était organisé pour la sécurité ou pour la jouissance complète, que tous avaient une mission de malheur à accomplir sur la terre, et qu'une nécessité fatale présidait à cet effroyable concours de souffrance, l'effroi me saisit; j'éprouvai un instant le besoin de nier Dieu, afin de n'être pas forcée de le haïr.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Tu as voulu faire de l'amour autre chose que ce que Dieu lui a permis d'être ici-bas. Si je comprends bien ton infortune, tu as aimé de toute la puissance de ton être, et tu as été mal aimée. Quelle erreur était la tienne! Ne savais-tu pas que l'homme est brutal et la femme mobile? Ces deux êtres si semblables et si dissemblables sont faits de telle sorte, qu'il y a toujours entre eux de la haine, même dans l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre. Le premier sentiment qui succède à leurs étreintes, c'est le dégoût et la tristesse. C'est une loi d'en haut contre laquelle vous vous révolterez en vain. L'union de l'homme et de la femme devait être passagère dans les desseins de Providence. Tout s'oppose à leur éternelle association, et le changement est une nécessité de leur nature.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Mais moi, braver la honte, c'est ma vertu; c'est ma force, comme la vôtre est de l'éviter; c'est ma sagesse, vous dis-je, et elle me mène à mon but, elle surmonte des obstacles, elle survit à des angoisses toujours renaissantes, et, pour prix du combat, j'ai le plaisir. C'est mon rayon de soleil après l'orage, c'est l'île enchantée où la tempête me jette, et, si je suis avilie, du moins je ne suis pas ridicule. Être inutile, Lélia, c'est être ridicule; être ridicule, c'est pis que d'être infâme; ne servir à rien dans l'univers, c'est plus méprisable que de servir aux derniers usages.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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C'était un bonhomme féroce, qui ne vivait que du supplice des autres; il passait sa vie à leur prouver qu'ils étaient heureux, afin de ne pas leur accorder d'intérêt; et, quand il leur avait ôté la douceur de se croire intéressants, ils le haïssaient plus que s'il les eût décapités.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Quel est ce désir inconnu et brûlant qui n'a pas d'objet conçu et qui dévore comme une passion? Le coeur de l'homme est un abîme de souffrance dont la profondeur n'a jamais été sondée et ne le sera jamais.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Tout ce que vous m'avez dit du calme enchanteur révélé à vous après les orages de votre vie, je l'ai senti en me trouvant seule enfin, absolument seule entre la terre et le ciel. Pas une figure humaine dans cette immensité, pas un être vivant dans l'air ni sur les monts. Il semblait que cette solitude se faisait austère et belle pour m'accueillir. Il n'y avait pas un souffle de vent, pas un vol d'oiseau dans l'espace. Alors j'eus peur du mouvement qui venait de moi. Chaque brin d'herbe que j'agitais en marchant me semblait souffrir et se plaindre. Je dérangeais le calme, j'insultais le silence. Je m'arrêtai, je croisai mes bras sur ma poitrine, et je retins ma respiration.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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L'inertie, Sténio! C'est le mal de nos coeurs, c'est le grand fléau de cet âge du monde. Il n'y a plus que des vertus négatives. Nous sommes braves parce que nous ne sommes plus capables d'avoir peur. Hélas! Oui, tout est usé, même les faiblesses, même les vices de l'homme. Nous n'avons plus la force qui fait qu'on aime la vie d'un amour opiniâtre et poltron.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Eh bien! Vous pleurez!... Vous pouvez pleurer, vous? Heureux! Heureux cent fois ceux qui pleurent! Mes yeux sont plus secs que les déserts de sable où la rosée ne tombe jamais, et mon coeur est plus sec que mes yeux.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Il y a des douleurs qui se nourrissent d'elles-mêmes; il y en a qui s'effraient et qui se fuient comme des remords.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Le coeur de celui qui aime est si riche de poésie, qu'il lui faut du recueillement et de la solitude pour savourer tout ce qu'il croit voir dans l'objet de sa passion, tout ce qui n'est réellement qu'en lui-même.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Mon Dieu! N'y a-t-il d'amour que dans le coeur qui désire, que dans l'imagination qui souffre, que dans les songes qui nous bercent durant les nuits solitaires? Est-ce un souffle insaisissable? Est-ce un météore qui brille et qui meurt? Est-ce un mot? Qu'est-ce que c'est, mon Dieu!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Je sais qu'il y a au delà de l'amour des désirs, des besoins, des espérances qui ne s'éteignent point; sans cela que serait l'homme? Il lui a été accordé si peu de jours pour aimer sur la terre!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Avez-vous remarqué, Sténio, qu'il y a des heures où nous sommes forcés d'aimer, des heures où la poésie nous inonde, où notre coeur bat plus vite, où notre âme s'élance hors de nous et brise tous les liens de la volonté pour aller chercher une autre âme où se répandre? Combien de fois, à l'entrée de la nuit, au lever de la lune ou aux premières clartés du jour, combien de fois dans le silence de minuit et dans cet autre silence de midi si accablant, si inquiet, si dévorant, n'ai-je pas senti mon coeur se précipiter vers un but inconnu, vers un bonheur sans forme et sans nom, qui est au ciel, qui est dans l'air, qui est partout comme un aimant invisible, comme l'amour!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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A ton âge, on ne sait profiter de rien; on veut tout connaître, tout posséder, tout épuiser; et puis on s'étonne que les biens de l'homme soient si peu de chose, quand il faudrait s'étonner seulement du coeur de l'homme et de ses besoins.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Laissez l'enfant croître et vivre, n'étouffez pas la fleur dans son germe. Ne jetez pas votre haleine glacée sur ses belles journées de soleil et de printemps. N'espérez pas donner la vie, Lélia: la vie n'est plus en vous, il ne vous en reste que le regret; bientôt, comme à moi, il ne vous en restera plus que le souvenir.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Aux êtres comme nous, que faut-il à présent? Le repos de la tombe. Vous avez vécu! Laissez vivre les autres à leur tour; ne vous jetez pas, ombre triste et fugitive, dans les voies de ceux qui n'ont pas fini leur tâche et perdu leur espoir. Lélia, Lélia, le cercueil te réclame; n'as-tu pas assez souffert, pauvre philosophe? Couche-toi donc dans ton linceul, dors donc enfin dans ton silence, âme fatiguée que Dieu ne condamne plus au travail et à la douleur!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 09/02/2021

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Il faut que l'esprit de l'homme soit bien pauvre, reprit Lélia, et ses plaisirs bien vides; il faut que les jouissances simples et faciles s'épuisent bien vite pour lui, puisqu'au fond de sa joie et de ses pompes il retrouve toujours une impression si horrible de tristesse et de terreur.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 02/01/2021

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Trenmor, vous qui connaissez Lélia, dites-moi si elle a connu l'amour? Eh bien, si cela n'est pas, Lélia n'est pas un être complet. C'est un rêve tel que l'homme peut en créer, gracieux et sublime, mais où il manque toujours quelque chose d'inconnu; quelque chose qui n'a pas de nom, et qu'un nuage nous voile toujours; quelque chose qui est au delà des cieux, quelque chose où nous tendons sans cesse sans l'atteindre ni le deviner jamais; quelque chose de vrai, de parfait et d'immuable: Dieu peut-être, c'est peut être Dieu que cela s'appelle! Eh bien! La révélation de cela manque à l'esprit humain. Pour le remplacer, Dieu lui a donné l'amour, faible émanation du feu du ciel, âme de l'univers perceptible à l'homme. Cette étincelle divine, ce reflet du Très-Haut, sans lequel la plus belle création est sans valeur, sans lequel la beauté n'est qu'une image privée d'animation, l'amour!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 02/01/2021

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Le calme, dit Trenmor en levant vers le ciel un regard sublime; le calme, c'est le plus grand bienfait de la Divinité, c'est l'avenir où tend sans cesse l'âme immortelle, c'est la béatitude! Le calme, c'est Dieu!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 02/01/2021

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Les hommes qui répriment leurs passions dans l'intérêt de leurs semblables, ceux-là, vois-tu, sont si rares que je n'en ai pas encore rencontré un seul. - J'ai vu des héros d'ambition, d'amour, d'égoïsme, de vanité surtout! - De philanthropie?... Beaucoup s'en vantèrent à moi, mais ils mentaient par la gorge, les hypocrites! Mon triste regard plongeait au fond de leur âme et n'y trouvait que vanité. La vanité est, après l'amour, la plus belle passion de l'homme.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 02/01/2021

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J'ai vu des hommes plus malheureux que moi par leur condition, qui l'étaient beaucoup moins par leur caractère. Tous les hommes n'ont pas la faculté de souffrir au même degré. Aux yeux du grand artisan de nos misères, ces variétés d'organisation sont bien peu de chose sans doute. Pour nous dont la vue est si bornée, nous passons la moitié de notre vie à nous examiner les uns les autres, et à tenir note des nuances que subit l'infortune en se révélant à nous.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 02/01/2021

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Pourquoi veux-tu savoir qui je suis et d'où je viens?... Je suis née comme toi dans la vallée des larmes, et tous les malheureux qui rampent sur la terre sont mes frères. Est-elle donc si grande, cette terre qu'une pensée embrasse, et dont une hirondelle fait le tour dans l'espace de quelques journées? Que peut-il y avoir d'étrange et de mystérieux dans une existence humaine? Quelle si grande influence supposez-vous à un rayon de soleil plus ou moins vertical sur nos têtes? Allez! Ce monde tout entier est bien loin de lui; il est bien froid, bien pâle, et bien étroit. Demandez au vent combien il lui faut d'heures pour le bouleverser d'un pôle à l'autre.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Lélia (1833)

Ajoutée par Savinien le 02/01/2021

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La vie en commun est l'idéal du bonheur entre gens qui s'aiment. Je l'ai senti au couvent, je ne l'ai jamais oublié; mais il faut à tout être pensant ses heures de solitude et de recueillement. C'est à ce prix seulement qu'il goûte la douceur de l'association.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 05/07/2020

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J'ai toujours entendu dire que les pleurs allègent le chagrin, j'ai toujours éprouvé le contraire, je ne sais pas pleurer. Dès que les larmes me viennent aux yeux, les sanglots me prennent à la gorge, j'étouffe, ma respiration s'exhale en cris ou en gémissements; et comme j'ai horreur du bruit de la douleur, comme je me retiens de crier, il m'est souvent arrivé de tomber comme morte, et c'est probablement comme cela que je mourrai quelque jour si je me trouve seule, surprise par un malheur nouveau.
Cela ne m'inquiète guère, il faut toujours mourir de quelque chose, et chacun porte en soi le coup qui doit l'achever. Probablement la pire des morts, la plus triste et la moins désirable, est celle que choisissent les poltrons, mourir de vieillesse, c'est-à-dire après tout ce qu'on a aimé, après tout ce à quoi on a cru sur la terre.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 05/07/2020

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Une grêle d'épithètes, un déluge de notes, un incendie de couleur ne témoignent et n'expriment rien de plus qu'une forme élémentaire et naïve. J'ai beau faire, j'ai le malheur de ne rien trouver, dans les mots et dans les sons, de ce qu'il y a dans un rayon du soleil ou dans un murmure de la brise.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/06/2020

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Nous avons, pour notre malheur, le sentiment de l'infini, et toutes nos expressions ont une limite rapidement atteinte; ce sentiment même est une vague en nous et les satisfactions qu'il nous donne sont une espèce de tourment.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/06/2020

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Aucun art ne peut rendre le charme et la fraîcheur de l'impression produite par les beautés de la nature, de même que rien dans l'expression ne peut atteindre à la force et à la spontanéité de nos émotions intimes. Il y a dans l'âme quelque chose de plus que dans la forme. L'enthousiasme, la rêverie, la passion, la douleur n'ont pas d'expression suffisante dans le domaine de l'art, quel que soit l'art, quel que soit l'artiste.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/06/2020

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Un noble vénitien ne tient certainement pas à son palais autant qu'un paysan du Berry à sa chaumière, et le capitaliste qui possède plusieurs lieues carrées en retire infiniment moins de jouissances que l'artisan qui cultive une giroflée dans sa mansarde. Un avocat de mes amis disait un jour en riant à un riche client qui lui parlait à satiété de ses domaines: « Des terres? Vous croyez qu'il n'y a que vous pour avoir des terres! J'en ai aussi, moi, sur ma fenêtre, dans des pots à fleurs; et elles me donnent plus de plaisirs et moins de soucis que les vôtres. »
Depuis, cet ami a fait un gros héritage; il a eu des terres, des bois, des fermes, et des soucis par conséquent.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/06/2020

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Les uns prétendent qu'il n'y a pas d'amour sans jalousie, d'autres que le véritable amour ne connaît pas le soupçon et la méfiance. Où est sous ce rapport la règle de conscience qui devrait nous enseigner à nous observer, à nous guérir nous-mêmes, à nous ranimer quand notre enthousiasme s'éteint, à le réprimer quand il s'emporte au-delà du possible? Cette règle, l'homme ne l'a pas encore trouvée; voilà pourquoi je dis que nous vivons comme des aveugles, et que si les poètes ont mis un bandeau sur les yeux de l'Amour, les philosophes n'ont pas su le lui ôter.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/06/2020

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L'amour, sous toutes ses formes, domine notre vie entière: amour filial, amour fraternel, amour conjugal, amour paternel ou maternel, amitié, bienfaisance, charité, philanthropie, l'amour est partout, il est notre vie même. Eh bien, l'amour échappe à toutes les lois, à toutes les directions, à tous les conseils, à tous les exemples, à tous les préceptes. Il n'obéit qu'à lui-même et il devient tyrannie, jalousie, soupçon, exigence, obsession, inconstance, caprice, volupté ou brutalité, chasteté ou ascétisme, dévouement sublime ou égoïsme farouche, le plus grand des biens, le plus grand des maux, suivant la nature de l'âme qu'il remplit et possède.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/06/2020

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J'étais fort aimée, et ce n'est pas là ce qui m'a manqué dans ma vie. Je ne me plains donc pas de cette vie malgré toutes ses douleurs, car la plus grande doit être de ne point inspirer les affections qu'on éprouve.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 19/06/2020

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Le champi, tout simple de coeur qu'il était, n'était pas si simple d'esprit, qu'il n'eût fini par comprendre ce qu'on lui insinuait, et ce qu'il disait là, il ne le disait pas sans intention. Mais la Jeannette ne se le tint pas pour dit, et elle s'énamoura de lui un peu plus. Elle avait été très-courtisée sans se soucier d'aucun galant. Le premier qui lui convînt fut celui qui lui tournait le dos, tant les femmes ont l'esprit bien fait.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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On ne peut pas se fâcher longtemps quand on se fâche tout seul.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

 

Et puis il y a deux manières de lire, et il serait bon de dire cela aux gens qui se croient bien instruits. Ceux qui ont beaucoup de temps à eux, et beaucoup de livres, en avalent tant qu'ils peuvent et se mettent tant de sortes de choses dans la tête, que le bon Dieu n'y connaît plus goutte. Ceux qui n'ont pas le temps et les livres sont heureux quand ils tombent sur le bon morceau. Ils le recommencent cent fois sans se lasser, et chaque fois, quelque chose qu'ils n'avaient pas bien remarqué leur fait venir une nouvelle idée. Au fond, c'est toujours la même idée, mais elle est si retournée, si bien goûtée et digérée, que l'esprit qui la tient est mieux nourri et mieux portant, à lui tout seul, que trente mille cervelles remplies de vent et de fadaises.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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Un jour qu'il portait le petit Jeannie dans ses bras et qu'il se laissait tirer les cheveux par lui pour le faire rire, Madeleine lui reprit l'enfant avec un brin de mécontentement, disant comme malgré elle: - François, si tu commences déjà à tout souffrir des autres, tu ne sais pas où ils s'arrêteront. Et à son grand ébahissement, François lui répondit: - J'aime mieux souffrir le mal que de le rendre.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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Elle n'avait pas grande amitié pour la Zabelle, mais elle en avait un peu, parce que cette femme, moitié bonne, moitié intéressée, continuait à soigner de son mieux le pauvre champi; et Madeleine, voyant combien deviennent mauvais ceux qui ne songent qu'à eux-mêmes, était portée à n'estimer que ceux qui pensaient un peu aux autres.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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Je vous connais, vous autres artistes; vous ne vous passionnez que devant les obstacles, et vous faites mal ce que vous faites sans souffrir.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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Les chefs-d'œuvre ne sont jamais que des tentatives heureuses. Console-toi de ne pas faire de chefs-d'œuvre, pourvu que tu fasses des tentatives consciencieuses.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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Je révoque en doute la puissance de l'art. Je la méprise, je l'anéantis, je prétends que l'art n'est pas né, qu'il n'existe pas, ou bien que, s'il a vécu, son temps est fait. Il est usé, il n'a plus de formes, il n'a plus de souffle, il n'a plus de moyens pour chanter la beauté du vrai. La nature est une œuvre d'art, mais Dieu est le seul artiste qui existe, et l'homme n'est qu'un arrangeur de mauvais goût. La nature est belle, le sentiment s'exhale de tous ses pores; l'amour, la jeunesse, la beauté y sont impérissables. Mais l'homme n'a pour les sentir et les exprimer que des moyens absurdes et des facultés misérables.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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L'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l'hiver.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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On dirait qu'à l'approche du lourd sommeil de l'hiver chaque être et chaque chose s'arrangent furtivement pour jouir d'un reste de vie et d'animation avant l'engourdissement fatal de la gelée: et, comme s'ils voulaient tromper la marche du temps, comme s'ils craignaient d'être surpris et interrompus dans les derniers ébats de leur fête, les êtres et les choses de la nature procèdent sans bruit et sans activité apparente à leurs ivresses nocturnes. Les oiseaux font entendre des cris étouffés au lieu des joyeuses fanfares de l'été. L'insecte des sillons laisse échapper parfois une exclamation indiscrète; mais tout aussitôt il s'interrompt, et va rapidement porter son chant ou sa plainte à un autre point de rappel. Les plantes se hâtent d'exhaler un dernier parfum, d'autant plus suave qu'il est plus subtil et comme contenu. Les feuilles jaunissantes n'osent frémir au souffle de l'air, et les troupeaux paissent en silence sans cris d'amour ou de combat.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 08/05/2020

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Ce jour-là, madame de Flamarande me parut illuminée d'une beauté surprenante. La conscience d'avoir tout sacrifié à l'amour maternel et au bonheur d'une amie dévouée avait mis sur son visage une sorte de rayonnement dont je fus profondément frappé.
- La conscience, me disais-je en soupirant, voilà une forteresse, un sanctuaire dont le faîte touche au ciel!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 05/04/2020

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Il veut connaître le pourquoi et le comment des choses terrestres. Il est naturaliste passionné, et voilà pourquoi il se traite de sauvage, parce que, selon lui, la solitude est un charme qui domine tout et qui ne peut jamais s'expliquer. - C'est, dit-il, qu'elle répond à un instinct mystérieux de l'homme primitif, et qu'à moins d'être cet homme-là on ne peut pas s'en faire une idée.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 05/04/2020

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Je ne sais si je suis toujours malheureux, mais je sais que je ne suis plus ni faible ni désespéré. Ce n'est pas être malheureux d'ailleurs que de vivre avec une souffrance. Le bonheur ne consiste pas dans l'absence des maux, il est uniquement dans la grandeur ou dans la beauté de l'idée qui nous les fait supporter.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Flamarande (1875)

Ajoutée par Savinien le 05/04/2020

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Les mauvaises actions portent leur châtiment avec elles. On ne serait pas assez puni, si, ayant fait le mal, on pouvait le réparer.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Flamarande (1875)

Ajoutée par Savinien le 05/04/2020

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M. le comte me paraît tourner à la haine, lui dis-je avec assurance; qu'il prenne garde à ce sentiment-là. C'est encore de l'amour, et c'est pire, c'est de la passion.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Flamarande (1875)

Ajoutée par Savinien le 05/04/2020

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Ah! C'est cela, un gage de leur amour, le bouquet d'adieu! J'ai cru que c'était une manie de botaniste d'avoir ces fleurs sur le cœur en mourant. Il les a réclamées d'une main défaillante, et moi, j'ai ordonné qu'on les lui rendît... On l'enterrera avec cela. Eh bien, il est plus heureux que moi, et il me brave jusque dans la tombe! Il a été aimé un jour dans sa courte vie, et moi, je pourrais vivre un siècle... je ne le serai jamais!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Flamarande (1875)

Ajoutée par Savinien le 05/04/2020

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Quand on se décide à mettre l'amour dans sa vie, on devrait bien se demander si on est propre à inspirer l'amour.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Flamarande (1875)

Ajoutée par Savinien le 05/04/2020

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L'année prochaine, ce sillon sera comblé et couvert par un sillon nouveau. Ainsi s'imprime et disparaît la trace de la plupart des hommes dans le champ de l'humanité. Un peu de terre l'efface, et les sillons que nous avons creusés se succèdent les uns aux autres comme les tombes dans le cimetière.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 04/04/2020

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Je connaissais ce jeune homme et ce bel enfant, je savais leur histoire, car ils avaient une histoire, tout le monde a la sienne, et chacun pourrait intéresser au roman de sa propre vie, s'il l'avait compris...


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 04/04/2020

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Celui qui puise de nobles jouissances dans le sentiment de la poésie est un vrai poète, n'eût-il pas fait un vers dans toute sa vie.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 04/04/2020

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Le plus heureux des hommes serait celui qui, possédant la science de son labeur, et travaillant de ses mains, puisant le bien-être et la liberté dans l'exercice de sa force intelligente, aurait le temps de vivre par le coeur et par le cerveau, de comprendre son oeuvre et d'aimer celle de Dieu.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 04/04/2020

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Si on me demande ce que j'ai voulu faire, je répondrai que j'ai voulu faire une chose très touchante et très simple, et que je n'ai pas réussi à mon gré. J'ai bien vu, j'ai bien senti le beau dans le simple, mais voir et peindre sont deux! Tout ce que l'artiste peut espérer de mieux, c'est d'engager ceux qui ont des yeux à regarder aussi.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 04/04/2020

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Personne ne fait une révolution à soi tout seul, et il en est, surtout dans les arts, que l'humanité accomplit sans trop savoir comment, parce que c'est tout le monde qui s'en charge.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 04/04/2020

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Qu'est-ce que le regard et le sourire? Des choses infiniment mystérieuses qui échappent à la volonté, et qui s'adressent quelquefois à l'un parce qu'on pense à l'autre.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

 

La vie ne se passe pas à se jeter dans l'eau ou dans le feu pour ceux qu'on aime: elle se passe en petits maux et en petites tristesses de tous les instants, dont il faut leur épargner le spectacle ou la contagion.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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Si j'avais seulement quarante ans de moins et la figure que je n'ai jamais eue, je ne chercherais pas longtemps. Je serais sûr de l'aimer tant et si bien, qu'elle serait la plus heureuse des femmes; mais je suis venu trop tôt ou elle est venue trop tard. Il est rare que les âmes se rencontrent dans cette vie à l'heure propice et sous les dehors qu'il faudrait.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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A mes yeux, la destinée suivait son implacable fantaisie de rapprocher ces deux êtres, si peu faits, selon moi, l'un pour l'autre. Ils s'étaient vus, ils se parleraient le lendemain; car, dans certaines situations, parler ensemble sur l'amour, c'est déjà se parler d'amour.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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La vie, c'est le mouvement, l'agitation, la dépense incessante des forces physiques, morales et intellectuelles. Aimons, souffrons, risquons et acceptons tout gaiement, ou tuons-nous tout de suite, car elle n'est pas ailleurs que dans la mort, votre dame tranquillité! C'est la chaste épouse qui nous attend dans le tombeau, et je vous réponds que nous l'y trouverons bien vierge, car nous n'aurons pas seulement aperçu sa figure durant notre vie!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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J'essayai de calmer par le raisonnement cette âme irritée; je ne l'entamai pas d'une ligne, et je la quittai sans espérance de la guérir. Son état physique n'était certes pas désespéré; mais la passion, et la passion mauvaise et persistante, combattrait vraisemblablement l'effet de mes ordonnances et les derniers efforts de la nature. On ne sauve pas aisément ceux qui s'appliquent à détruire leur âme, car c'est le grand moteur que nos remèdes n'atteignent pas.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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Cette disposition de son esprit, cette joie de posséder, après de longues aspirations, le spectacle de la nature, rendaient sa compagnie vivante et charmante. Elle n'avait pas d'emphase descriptive, pas de cris d'admiration enfantine. Elle gardait bien le sérieux et la dignité d'une femme qui approche de sa maturité intellectuelle; mais elle savourait à pleins yeux et à plein sourire la vie des choses de Dieu. On la sentait heureuse, et on était heureux soi-même auprès d'elle sans avoir besoin de l'interroger.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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-C'est donc un séducteur, ce lieutenant?
-Eh! Oui, et dangereux même!
-Ce n'est pourtant pas un roué, je vous jure; il a trop de cœur et d'esprit...
-C'est pour cela. Je le sais bien, qu'il est charmant, et il a un grand attrait pour les femmes, c'est qu'il les aime toutes.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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Rien n'enlaidit la nature comme de comparer sa grandeur à notre petitesse.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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Je ne la décrirai pas. Il est des êtres que l'analyse craint de profaner... Je dirai seulement qu'elle pouvait avoir trente ans, mais seulement pour l'oeil exercé d'un physiologiste; car il ne tenait qu'à elle d'en avoir vingt-cinq, tant sa démarche avait d'élégance et ses traits de pureté. Elle avait pourtant beaucoup souffert, on le voyait; mais ce n'avait jamais été par sa faute, on le voyait aussi. Il y a tant de différence entre la trace des malheurs non mérités et celle des passions irritées ou assouvies!


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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Pardieu, si je le connais! Il est mon filleul. Un charmant enfant, n'est-ce pas? Une diable de tête! Mais, à son âge, je raisonnais un peu comme lui! Me voilà vieux, j'aime la pêche, je m'y donne tout entier. Vous, vous aimez la science... Au bout du compte, chacun en ce monde court à ce qui lui plaît, et il n'y a que les hypocrites qui s'y rendent en cachette.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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Il regardait presque comme une lâcheté indigne d'un homme la prudence qui s'abstient et se prive par crainte des conséquences d'un moment d'énergie. Il ne voulait pas maîtriser ni dominer la destinée; il était fier de l'étreindre et de sauter avec elle dans les abîmes, disant qu'il y avait plus de chances pour les audacieux que pour les poltrons, et que peu importait de vivre longtemps, si on avait beaucoup et bien vécu.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Extrait de: Tamaris (1862)

Ajoutée par Savinien le 30/03/2020

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Toute religion qui n'admet pas la loi du progrès dans l'humanité, ou, si l'on veut, la révélation successive; toute loi prétendue divine qui établit qu'à un certain moment de la vie de l'humanité Dieu a dit aux hommes son dernier mot, doit fatalement être engloutie sous ses propres ruines, aussi bien que toute loi humaine qui s'impose aux hommes comme le dernier mot de leur propre sagesse.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 06/10/2018

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La nature humaine n'est qu'un tissu d'inconséquences, et je ne crois point du tout (mais du tout) à ceux qui prétendent s'être trouvés d'accord avec le moi de la veille.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 06/10/2018

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Dans le cours ordinaire de l'existence, il faut, ou s'aimer tendrement soi-même, ou avoir quelque projet sérieux à faire réussir, pour s'attacher passionnément à repousser la calomnie qui atteint tous les hommes, même les meilleurs, et pour vouloir absolument prouver l'excellence de soi. C'est parfois une nécessité de la vie publique; mais dans la vie privée on ne prouve point sa loyauté par des discours; et, comme nul ne peut prouver qu'il ait atteint à la perfection, il faut laisser à ceux qui nous connaissent le soin de nous absoudre de nos travers et d'apprécier nos qualités.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 06/10/2018

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Qu'un ami, un frère vienne nous avouer les tourments et les perplexités de sa situation, nous n'avons pas de meilleur argument pour le fortifier et le convaincre que des arguments tirés de notre propre expérience, tant nous sentons alors que la vie d'un ami c'est la nôtre, comme la vie de chacun est celle de tous. « J'ai souffert les mêmes maux, j'ai traversé les mêmes écueils, et j'en suis sorti; donc tu peux guérir et vaincre. » Voilà ce que l'ami dit à l'ami, ce que l'homme enseigne à l'homme. Et lequel de nous, dans ces moments de désespoir et d'accablement où l'affection et le secours d'un autre être sont indispensables, n'a pas reçu une forte impression des épanchements de cette âme dans laquelle il allait épancher la sienne?


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 06/10/2018

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J'ai cherché jadis la lumière dans des faits de psychologie. C'était absurde. Quand j'ai compris que cette lumière était dans des principes, et que ces principes étaient en moi sans venir de moi, j'ai pu, sans trop d'effort ni de mérite, entrer dans le repos de l'esprit. Celui du coeur ne s'est point fait et ne se fera jamais. Pour ceux qui sont nés compatissants, il y aura toujours à aimer sur la terre, par conséquent, à plaindre, à servir, à souffrir. Il ne faut donc point chercher l'absence de douleur, de fatigue et d'effroi, à quelque âge que ce soit de la vie, car ce serait l'insensibilité, l'impuissance, la mort anticipée. Quand on a accepté un mal incurable, on le supporte mieux.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 06/10/2018

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J'ai toujours trouvé qu'il était de mauvais goût non seulement de parler beaucoup de soi, mais encore de s'en entretenir longtemps avec soi-même. Il y a peu de jours, peu de moments dans la vie des êtres ordinaires où ils soient intéressants ou utiles à contempler.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 06/10/2018

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L'étude du coeur humain est de telle nature, que plus on s'y absorbe, moins on y voit clair; et, pour certains esprits actifs, se connaître est une étude fastidieuse et toujours incomplète.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

Ajoutée par Savinien le 06/10/2018

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Lettre à Musset


Cher ami,

Je suis très émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsi
vous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde, comme la plus étroite
amitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l'abandon ou je
vis est bien long, bien dur et souvent bien
insupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourrez bien vite et venez me le
faire oublier. A vous je veux me sou-
mettre entièrement.

Votre poupée.


Par: Amantine Aurore Lucile Dupin (George Sand)

 

Ajoutée par Savinien le 27/09/2010

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