Citations de Henri-Frédéric Amiel

30 Citations

Dernier coup d'oeil sur cette nuit bleue et le paysage immense. Jupiter est près de se coucher sur les contreforts de la Dent du Midi; du dôme étoile neigent les flocons invisibles des songes qui invitent au sommeil chaste. Rien dans cette nature de voluptueux et d'énervant, tout est fort, sévère et pur. Bonne nuit à tous les êtres, aux infortunés et aux heureux. Repos et rajeunissement, renouvellement et espérance; un jour est mort, vive le lendemain! Minuit sonne. Encore un pas fait vers le tombeau.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 15/08/2011

 

Ne méprise pas ta situation; c'est là qu'il faut agir, souffrir et vaincre. De tous les points de la terre on est aussi près du ciel et de l'infini.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 04/08/2011

 

Nous ne sommes jamais plus mécontents des autres que lorsque nous sommes mécontents de nous. La conscience d'un tort nous rend impatients et notre cœur rusé querelle au dehors pour s'étourdir au dedans.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 04/08/2011

 

Qui veut voir parfaitement clair avant de se déterminer ne se détermine jamais. Qui n'accepte pas le regret n'accepte pas la vie.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 04/08/2011

 

L'intérêt personnel n'est que la prolongation en nous de l'animalité; l'humanité ne commence dans l'homme qu'avec le désintéressement.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 03/08/2011

 

Nous avons bien de la peine à n'être pas de l'avis de notre amour-propre et à ne pas trouver du goût à qui nous trouve du mérite.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 03/08/2011

 

Dormir, c'est tamiser ses émotions, déposer son limon, calmer son âme, guérir sa fièvre, rentrer dans le sein de la maternelle nature et s'y refaire bon et fort. Le sommeil est une sorte d'innocence et de purification. Béni soit celui qui l'a donné aux pauvres fils des hommes, comme le compagnon fidèle et sûr de la vie, le réparateur et le consolateur quotidien.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 03/08/2011

 

Chacun ne comprend que ce qu'il retrouve en soi.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 03/08/2011

 

Revois deux fois pour voir juste, ne vois qu'une pour voir beau.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 03/08/2011

 

L'homme vulgaire ne doute de rien et ne se doute de rien. Le philosophe est plus circonspect. Même il est impropre à l'action, parce que, tout en voyant moins mal que d'autres le but, il mesure trop bien sa faiblesse et ne s'abuse pas sur ses chances.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 31/07/2011

 

Ne contristons jamais sans utilité. Le grillon n'est pas le rossignol; pourquoi le lui dire? Entrons dans l'idée du grillon, c'est plus nouveau et plus ingénieux. C'est le conseil de la bonté.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 19/07/2011

 

C'est la vie qui est une contradiction; puisqu'elle est une mort incessante et une résurrection quotidienne, qu'elle affirme et nie, détruit et reconstruit, assemble et disperse, abaisse et relève à la fois. Vivre c'est mourir partiellement, c'est persévérer dans ce tourbillon aux deux aspects contraires, c'est être une énigme.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 19/07/2011

 

Peu d'individus méritent d'être écoutés; tous méritent d'être regardés avec une curiosité compatissante et une clairvoyance humble. Ne sommes-nous pas tous des naufragés, des malades, des condamnés à mort? Que chacun travaille à son perfectionnement et ne blâme que lui-même; tout ira mieux pour tous. Quelque impatience que nous procure le prochain et quelque indignation que nous inspire notre race, nous sommes enchaînés ensemble, et les compagnons de chiourme ont tout à perdre aux récriminations et aux reproches mutuels. Taisons-nous, aidons-nous, tolérons-nous, et même aimons-nous. A défaut de tendresse ayons de la pitié. Posons le fouet de la satire, le fer rouge de la colère; mieux valent l'huile et le vin du Samaritain secourable. On peut extraire de l'idéal le mépris; il est plus beau d'en tirer la bonté.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 19/07/2011

 

La plupart des hommes ne sont que des écheveaux embrouillés, des claviers incomplets, des chaos, ou stagnants ou tumultueux, et ce qui rend leur situation presque irrémédiable, c'est qu'ils s'y complaisent. On ne guérit pas un malade qui se croit en santé.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 19/07/2011

 

Quand la durée d'un centenaire et celle d'un éphémère sont des quantités sensiblement équivalentes, - et la géologie ou l'astronomie nous permettent de regarder ces durées de ce point de vue, - que signifient nos imperceptibles vacarmes, nos efforts, nos colères, nos ambitions, nos espérances? Pour le songe d'un songe il est risible de soulever de prétendues tempêtes. Les quarante millions d'infusoires qui peuplent un pouce cube de craie comptent-ils beaucoup pour nous? Les quarante millions d'hommes qui font la France, comptent-ils davantage pour un sélénite ou un jovien? Être une monade consciente, un rien qui se connaît comme le fantôme microscopique de l'univers: c'est là tout ce que nous pouvons être.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 19/07/2011

 

En vérité, que l'on soit ou que l'on ne soit pas, la différence est si parfaitement imperceptible pour l'ensemble des choses que toute plainte et tout désir sont ridicules. L'humanité tout entière n'est qu'un éclair dans la durée de la planète, et la planète peut retourner à l'état gazeux sans que le soleil s'en ressente seulement une seconde. L'individu est l'infinitésimale du néant.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 18/07/2011

 

C'est d'illusion plutôt que de vérité que l'on s'alimente. Chacun dévide la bobine de ses espérances trompeuses, et quand il l'a épuisée, il s'assied pour mourir, et laisse ses fils et ses neveux recommencer la même expérience. Chacun poursuit le bonheur et le bonheur esquive la poursuite de chacun.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 18/07/2011

 

Ah! que le printemps est redoutable pour les solitaires. Tous les besoins endormis se réveillent, toutes les douleurs disparues renaissent, le vieil homme terrassé et bâillonné se relève et se met à gémir. Les cicatrices redeviennent blessures saignantes et ces blessures se lamentent à qui mieux mieux. On ne songeait plus à rien, on avait réussi à s'étourdir par le travail ou la distraction, et tout d'un coup le coeur, ce prisonnier mis au secret, se plaint dans son cachot, et cette plainte fait chanceler tout le palais au fond duquel on l'avait muré.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 18/07/2011

 

N'attendons pas pour être justes, compatissants, démonstratifs envers ceux que nous aimons, qu'eux ou nous soyons frappés par la maladie ou menacés de mort. La vie est courte et l'on n'a jamais trop de temps pour réjouir le cœur de ceux qui font avec nous la sombre traversée. Hâtons-nous d'être bons.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 18/07/2011

 

Les esprits qui savent analyser n'accueillent jamais les objections qu'à moitié, parce qu'ils mesurent ce qu'elles ont de variable et de relatif.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 18/07/2011

 

La vie est si courte qu'il ne faut pas l'abréger encore par des querelles stériles et des poursuites vaines. Laissons les morts ensevelir leurs morts, et tâchons plutôt de vivre.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 17/07/2011

 

On fait fi de la vie jusqu'au moment où elle décline, et c'est sa défaillance qui nous apprend sa valeur. J'ai trop raillé le bon sens. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait! - la compensation du déclin, c'est la sagesse.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 17/07/2011

 

Pour être quelque chose il faut renoncer à être tout. Celui qui ne sait renoncer à rien, restera dans la simple impossibilité.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 17/07/2011

 

L'homme donc s'aime d'autant plus qu'il le mérite moins et son opinion de lui-même grandit avec son insignifiance. Les plus bêtes et les plus égoïstes sont donc les plus chevillés à leur individualité, précisément parce qu'elle a le moins d'intérêt pour le monde.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 17/07/2011

 

L'ennui est un dissolvant de l'hymen, dissolvant redoutablement actif. Jusqu'ici l'idée de passer mon existence entière avec une même femme, m'a toujours fait plus peur qu'envie.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 17/07/2011

 

Supprimer l'ennui de son existence, quelle magnifique économie! Pour cela, dans bien des cas, il faut savoir rester seul. Mais savoir se mettre à l'écart, sans offenser les amours-propres, est un art bien malaisé.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 16/07/2011

 

Cet empoisonnement mutuel de la vie de chacun par chacun est une des choses qui me répugnent le plus dans notre société. Et ceux qui devraient donner l'exemple de la réserve et de la charité, sont souvent encore plus dénigrants que tous les autres. [...] On suspecte, incrimine, noircit les actes et les intentions avec une mauvaise joie que pour ma part je trouve hideuse.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 16/07/2011

 

Choisir a toujours été pour moi un supplice, parce que je n'ai jamais pu croire que la partie exclue ne valût pas à peu près la partie choisie.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 16/07/2011

 

L'analyse continuelle de soi-même est corrosive. Elle fait peut-être en somme plus de mal que de bien, et ôte plus de force qu'elle ne donne de lumière.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 16/07/2011

 

Pour agir, il faut ou être borné ou se borner volontairement. L'action est une affirmation, l'affirmation une limitation.


Par: Henri-Frédéric Amiel

Ajoutée par Savinien le 16/07/2011